Le 1er septembre 2016, le Premier ministre luxembourgeois, Xavier Bettel, a reçu le président du Conseil européen, Donald Tusk "dans le cadre des nombreuses rencontres bilatérales du Premier ministre consacrées à la préparation du sommet informel à 27 sur l’avenir de l’Europe, qui aura lieu le 16 septembre 2016 à Bratislava", comme le dit le communiqué d’annonce du gouvernement.
Lors de sa déclaration devant la presse, Xavier Bettel a évoqué une Union européenne confrontée à "de sérieuses difficultés", notamment dans la manière dont elle fonctionne et prend des décisions. Pour lui, la réunion de Bratislava sera "le début d’un processus au cours duquel nous verrons dans quels domaines ce sera nécessaire de prendre des mesures pour améliorer notre manière de travailler en tant qu’Union européenne".
Il s’agira de trouver des solutions communes, et de ne pas avoir peur de recourir à des moyens prévus par les traités européens comme les coopérations renforcées, que des Etats membres qui ne veulent pas être bloqués par d’autres peuvent envisager ensemble.
Bratislava sera pour le Premier ministre "un moment important"qui devra déboucher sur un agenda et un cadre "pour connaître les prochaines étapes d’un processus", car, a-t-il ajouté, "ne pas savoir vers où nous allons est le pire ennemi de l’UE".
Xavier Bettel a par ailleurs insisté sur le fait que les négociations sur le Brexit ne pourront commencer qu’au moment où le gouvernement britannique aura déclenché l’article 50 du traité européen, et qu’aucune forme de "cherry-picking" ("picorage", ndlr) ne saura être acceptée.
Après sa visite chez le président français François Hollande, son entrevue avec le Premier ministre de la république de Slovénie, Miro Cerar, son entretien téléphonique avec le Premier ministre belge Charles Michel, qu'il a évoqué lors de sa déclaration, Xavier Bettel prévoit une visite sous peu auprès de la chancelière allemande Angela Merkel et un entretien avec le chancelier autrichien Christian Kern pour préparer Bratislava.
Donald Tusk a lui aussi tracé le cadre du sommet informel à 27, donc sans le Royaume Uni : discuter de ce que le Brexit signifie politiquement pour l’UE et ses 27 Etats membres. Le gage du succès de la réunion sera pour le président du Conseil européen la franchise entre partenaires et leur volonté à "ne pas esquiver les sujet les plus controversés et les plus difficiles".
La priorité sera selon lui de "reprendre le plein contrôle dans le domaine de la sécurité intérieure et à nos frontières extérieures". Pour lui, "ce n’est pas un hasard si ce sujet, ensemble avec l’immigration, a été le plus invoqué au cours de la campagne référendaire au Royaume Uni".
"Mais le sentiment d’insécurité et de déstabilisation dans de nombreux domaines, y compris dans le domaine économique, sont aussi présents sur le continent européen", a-t-il surenchéri.
Il a fait part de sa conviction, qu’il dit partager avec les chefs d’Etat et de gouvernement qu’il a consultés, que "le problème central est la migration illégale". Tout en invoquant l’action collective de l’UE qui a réduit l’immigration illégale, notamment de la Turquie vers la Grèce, où il y a eu selon lui depuis l’accord avec la Turquie il y a quatre mois autant d’arrivées qu’au cours d’une seule journée d’octobre 2015, Donald Tusk a martelé que le but de l’UE doit être clair : "Jamais plus nous ne devrons permettre que le chaos de 2015 se répète en Europe".
L’autre problème-clé qu’il a évoqué est la lutte contre le terrorisme et le renforcement de la coopération au sein de l’UE en matière de sécurité interne et extérieure.
"La peur de la globalisation et le sentiment d’incertitude quant à notre avenir économique" est un autre sujet qui est selon Donald Tusk ressorti des consultations qu’il a menées. Il en conclut que "le sentiment des citoyens est que la globalisation ne profite qu’aux élites" et estime que "les élites européennes semblent trop souvent de nos jours être détachés des réalités". L’UE devrait "rétablir la confiance dans le fait que l’UE devrait les servir, garantir leur protection et partager leurs émotions".
Bratislava devrait déboucher sur un "diagnostic commun sur l’état de l’Union après le vote au Royaume Uni" et sur des objectifs communs qui devraient permettre de "restaurer un sentiment d’unité politique" en vue de la réunion de Rome en mars 2017 qui marquera le 60e anniversaire de la fondation de la communauté européenne.
Donald Tusk a finalement tenu à préciser que la stratégie de négociation avec le Royaume Uni ne sera pas un sujet de la réunion de Bratislava. "Sans notification pas de négociations" reste la position des institutions européennes, car il s’agit d’abord de "protéger les intérêts des membres de l’Union qui veulent rester ensemble et pas ceux de celui qui a décidé de la quitter".