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Economie, finances et monnaie
Jean Asselborn et Frank-Walter Steinmeier ont parlé d’une Europe aux frontières ouvertes et des défis qu’elle doit affronter lors du 15e séminaire économique germano-luxembourgeois de la Chambre de commerce
17-10-2016


Le 17 octobre 2016, les ministres des Affaires étrangères et européennes du Luxembourg, Jean Asselborn, et de l’Allemagne, Frank-Walter Steinmeier, ont participé au 15e séminaire économique germano-luxembourgeois de la Chambre de commerce à Luxembourg qui a eu pour thème "Grenzfreies Europa - Wirtschaftsmotor Deutschlands und Luxemburgs".

Dans leurs allocutions, ils ont abordé les grandes questions qui préoccupent l’UE : la crise des réfugiés, la mise en cause de la libre circulation des personnes, la montée des populismes, le Brexit et le CETA.

Pour Jean Asselborn au 15e séminaire économique germano-luxembourgeois de la Chambre de commerce à Luxembourg le 17 octobre 2016Jean Asselborn, les temps à venir dans l’UE seront "difficiles, passionnants et historiques". Pour le Luxembourg, la libre circulation des personnes et l’espace Schengen, si souvent mis en cause, comptent parmi les plus importants acquis de l’UE et constituent "un bien commun international" qui a permis au Luxembourg de prospérer, notamment grâce aux 160 000 frontaliers, et à la Grande Région de se former. "La fermeture des frontières, ce serait pour le Luxembourg le collapsus économique", s’est exclamé le ministre. Mais la suspension durable de l’espace Schengen nuirait selon lui aussi gravement à la zone euro et au marché intérieur.

Tout en défendant la feuille de route de la Commission européenne de mars 2016 pour rendre le système de Schengen à nouveau pleinement fonctionnel et qui a déjà vu la mise en œuvre de l’Agence européenne des garde-frontières et garde-côtes, Jean Asselborn a réaffirmé son rejet d’une UE entourée de barbelés et de ceux qui refusent l’entrée aux réfugiés de guerre et les assimilent à des terroristes. Pour Jean Asselborn, la montée des populismes de droite est dans un contexte de crise migratoire et d’attaques terroristes "un grand sujet de préoccupation". Elle induit un clivage croissant entre les partisans de l’intégration et ceux qui défendent des solutions nationales, qui peut devenir "fatal".    

Jean Asselborn a plaidé pour un renforcement du marché unique, dont le potentiel n’est pas entièrement exploité, et salué le plan Juncker et l’EFSI qui visent à pallier le niveau d’investissement encore trop bas dans l’UE.

Quant au Brexit, il a réaffirmé son refus de concéder au Royaume-Uni un accès au marché intérieur à la carte tout en étant optimiste sur le fait que la sortie d’un  grand pays de l’UE n’affectera pas l’UE dans son ensemble.      

Jean Asselborn a ensuite fait l’éloge du CETA tel qu’il est sorti des longues négociations avec le Canada. "Le CETA est entré dans la dernière ligne droite, mais un échec n’est pas exclu", a-t-il déclaré.   

Frank-Walter Steinmeier au 15e séminaire économique germano-luxembourgeois de la Chambre de commerce à Luxembourg le 17 octobre 2016Frank-Walter Steinmeier a lui aussi demandé que le Royaume-Uni clarifie les choses en envoyant sa notification qui déclenche la procédure de sortie prévue à l’art. 50 TFUE et qu’il expose à ses partenaires comment il s’imagine ses futures relations avec l’UE. Il faudra que les Etats membres, au-delà de leurs bonnes relations bilatérales avec le Royaume-Uni, restent unis sur la question du Brexit autour des axes qu’ils ont définis : une sortie rapide ; pas de "cherry-picking" ; tant qu’il n’en est pas sorti, le Royaume-Uni reste membre de l’UE avec tous les droits et tous les devoirs que cela implique ; la négociation de règles nouvelles, mais équitables. Le résultat de la négociation ne pourra pas être que le Royaume-Uni soit libéré de ses obligations, mais qu’il conserve tous ses droits pour l’accès au marché unique. Si les Etats membres devaient dévier de cette ligne, la cohésion de l’UE serait remise en question. Et de lancer un appel aux entrepreneurs allemands et luxembourgeois présents pour défendre ce principe dans l’intérêt des économies de leurs pays respectifs. Il a dénoncé une campagne en faveur du Brexit qui a joué avec les peurs des citoyens. Pour s’opposer à de telles tendances, l’UE devra rapidement s’avérer capable d’agir.  

Les sondages d’opinion montrent, selon le chef de la diplomatie allemande, que la croissance et l’emploi restent en tête des préoccupations des citoyens européens. Le renforcement du marché unique et du processus d’intégration sont les meilleurs moyens pour y parvenir. Néanmoins, estime le ministre, tous les Etats membres ne devraient pas être obligés de participer à toutes les initiatives. Rappelant son initiative pour "Une Europe forte dans un monde incertain", prise après le vote britannique avec son homologue français, Jean-Marc Ayrault, et rappelant qu’il faudrait reconnaître que les Etats membres peuvent avoir des ambitions différentes en matière d’intégration européenne, il a plaidé pour une "Union plus flexible".