Le 24 octobre 2016, le négociateur en chef responsable du groupe de travail de la Commission chargé de la préparation et de la conduite des négociations avec le Royaume-Uni au sujet du Brexit, Michel Barnier, a rendu visite au Premier ministre luxembourgeois, Xavier Bettel, dans le cadre de ses consultations avec les 27 Etats membres.
L'entrevue intervenait quatre jours après que la Première ministre britannique, Theresa May, a annoncé lors du Conseil européen qu'elle invoquerait d'ici la fin du mois de mars 2017 l'article 50 du Traité de l'Union européenne enclenchant le processus de sortie du Royaume-Uni de l'UE, comme les citoyens britannique en ont exprimé le désir lors du référendum du 23 juin 2016.
"Le Luxembourg est intéressé à cette négociation pour beaucoup de raisons et notamment, mais pas seulement, sa place financière", a déclaré l'ancien commissaire européen au Marché intérieur et aux Services financiers, à son arrivée au bureau de Xavier Bettel, selon des propos rapportés par l'AFP. Il a souligné la "position névralgique" du Luxembourg, en tant que pays fondateur de l'UE.
Entré en fonction le 1er octobre, le Français a réaffirmé Michel Barnier a déclaré qu'il ne s'exprimerait "pas avant la fin" de ses consultations avec les 27. Il devait rencontrer le lendemain à Strasbourg "des députés européens clés qui ont une responsabilité" avant de se rendre ensuite en Croatie.
A l'issue de sa rencontre avec Michel Barnier, le Premier ministre, Xavier Bettel, a expliqué sur RTL Radio la position du Luxembourg dans le dossier. Ainsi, est-il d'avis que les négociations qu'il prédit "dures", ne pourront commencer que lorsque le Royaume-Uni aura réellement invoqué l'article 50.
Le Premier ministre juge inenvisageable que le Royaume-Uni puisse, une fois le Brexit devenu effectif, avoir les avantages de l'UE, sans s'en tenir aux règles communes. Cette ligne rouge tracée par le Luxembourg concerne notamment le passeport européen. "Il n'est pas possible que le Royaume-Uni puisse avoir le passeport européen, pour pouvoir vendre ses produits financiers à travers l'Europe, sous leur propre surveillance, sous leurs propres règles. Nous avons des règles en Europe qui valent pour tous, aussi pour le Luxembourg. Elles doivent aussi valoir pour le Royaume-Uni, qu'il soit dedans ou en dehors de l'UE n'y change rien."
Xavier Bettel dit ne pas se réjouir de la situation. "On ne peut pas les sanctionner, mais on ne peut pas non plus les récompenser sinon ce serait la fin de l'Europe", a t-il déclaré. Enfin, interrogé sur la personnalité de Michel Barnier, qui inquièterait le Royaume-Uni pour son inflexibilité présumée, Xavier Bettel a fait savoir que "c'est un homme avec qui on peut parler et qui a de la compréhension pour les arguments rationnels".