Le 23 juin 2016, les électeurs britanniques, qui ont été 33,577 millions ou 72 % à se rendre aux urnes, ont voté selon les résultats officiels publiés par la commission électorale à 51,9 % - 17,410 millions d’électeurs - contre un maintien du Royaume Uni dans l’UE. 48,1 % des électeurs, - 16,141 millions - ont voté pour le maintien dans l’UE. Alors que Londres, l’Ecosse et l’Irlande du Nord ont voté majoritairement pour le maintien, l’Angleterre et le Pays de Galles se sont clairement prononcés en faveur d’une sortie de l’UE.
Selon les sondages de YouGov Poll, les jeunes entre 18 et 24 ans ont voté à 75 % pour le maintien de leur pays dans l’UE, tout comme 56 % des personnes âgées entre 25 et 49 ans, alors que les électeurs âgés de 50 à 64 ans n’ont été que 44 % à voter contre le Brexit, et même 39 % seulement parmi les électeurs âgés de plus de 65 ans.
Le Premier ministre britannique, David Cameron, a annoncé qu’il démissionnera avant le congrès de son parti, les Conservateurs, qui aura lieu en octobre 2016. Parlant de son rôle pendant les trois prochains mois, il a dit : "Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir comme Premier ministre pour maintenir le navire à flot au cours des semaines et mois prochains mais il ne serait pas juste que je sois le capitaine conduisant le pays vers sa prochaine destination." Cette destination, c’est le déclenchement de la sortie de l’UE selon l’article 50 du traité européen, auquel le gouvernement britannique ne procéderait que dans trois mois, et les négociations qui s’ensuivront.
David Cameron a tenu à "rassurer les marchés et les investisseurs sur le fait que l'économie britannique est fondamentalement solide", et "les Britanniques qui vivent dans des pays européens et les citoyens européens vivant au Royaume-Uni sur le fait qu'il n'y aura pas de changement immédiat concernant leur situation". Selon David Cameron, il n'y aura pas non plus "de changement immédiat dans la manière dont notre population voyage, dont nos biens circulent et dont nos services sont vendus".
La première réaction économique au résultat du référendum a été la chute de la livre sterling, qui est tombée à la fermeture des bureaux de vote d'abord sous 1,45 dollar, puis 1,40 dollar, et a poursuivi sa folle descente à des niveaux inédits depuis 1985, jusqu'à 1,3229 dollar, soit une chute de plus de 10 % sur la matinée. La livre baissait aussi face à l'euro qui s'élevait jusqu'à 81,96 pence, contre 76,02 quelques heures plus tôt.
La Bourse de Londres perdait plus de 7 % quelques minutes après l'ouverture des marchés. Les valeurs de certaines grandes banques comme Royal Bank of Scotland (RBS), Barclays et Lloyds Banking Group s'effondraient de près de 30 %.
Le gouverneur de la Banque d'Angleterre (BoE) Mark Carney a déclaré dans la foulée que son institution était prête à injecter 250 milliards de livres (326 milliards d'euros) de fonds additionnels afin d'assurer des liquidités suffisantes pour le fonctionnement des marchés suite à la victoire du "Brexit". La Banque centrale britannique est "également capable de fournir des liquidités considérables en devises étrangères, en cas de besoin", a-t-il ajouté.
Le président du Parlement européen, Martin Schulz, a exprimé l'espoir qu'il n'y aurait pas de "réaction en chaîne" après le référendum britannique, tandis que le ministre allemand des Finances jugeait que la procédure claire sortie de l'UE était "un gage de sécurité". "La réaction en chaîne que les eurosceptiques célèbrent maintenant un peu partout n'aura absolument pas lieu", a affirmé Martin Schulz à la télévision publique allemande. "Je ne suis pas choqué", a-t-il également déclaré, ajoutant: "nous nous étions préparés". "Nous respectons ce résultat mais la Grande-Bretagne a décidé de partir", a-t-il regretté. "Cela va avoir des conséquences et je ne crois pas que d'autres pays vont être encouragés à suivre ce chemin dangereux", a souligné Martin Schulz, pointant "la grande responsabilité" du Premier ministre britannique David Cameron dans ce vote.
Par ailleurs, les présidents des principaux groupes politiques du Parlement européen, qui se sont réunis à Bruxelles juste après l'annonce des résultats officiels du référendum britannique, ont convenu de convoquer une session extraordinaire du Parlement européen le mardi 28 juin "afin de définir les prochaines étapes nécessaires" dans la procédure de divorce entre l'UE et le Royaume-Uni, a annoncé Martin Schulz par la suite.
Les présidents des deux principaux groupes politiques au Parlement européen, le Parti populaire européen (PPE) et les Sociaux-démocrates (S&D), ont de leur côté critiqué la décision du Premier ministre britannique David Cameron de reporter sa démission et de laisser le déclenchement de la procédure de sortie de l’UE selon l’article 50 à son successeur. "Les négociations entre les Européens et le gouvernement britannique doivent débuter immédiatement (...) Nous avons besoin de clarté, nous devons éviter toute incertitude", a déclaré le chef du groupe PPE, Manfred Weber. Et d’ajouter : "Nous ne pouvons pas attendre que les Tories (les conservateurs brianniques, ndlr) élisent un nouveau Premier ministre." Gianni Pittella, le chef du groupe S&D, a lui aussi estimé qu’"il est irresponsable de reporter la notification de la décision du peuple britannique après le congrès des Conservateurs ".
Au nom de la Présidence néerlandaise du Conseil de l’UE, le Premier ministre Mark Rutte a déclaré que l’issue du référendum était "décevante", mais aussi "une incitation pour réformer l'Union européenne." En attendant, il fallait "dans le calme chercher une solution stable".
Le président du Conseil européen Donald Tusk aurait souhaité une autre issue du référendum britannique, explique-t-il dans un communiqué. "Il est impossible de prévoir les conséquences politiques de ce moment, spécialement pour le Royaume Uni. C’est un moment historique, mais sûrement pas le moment d’avoir des réactions hystériques." Déclarant que "nous sommes aussi préparés pour ce scénario négatif" et sachant que "l’UE n’est pas seulement un projet pour le beau temps", Donald Tusk, qui a affirmé avoir discuté avec tous les dirigeants des autres 27 Etats membres, a déclaré en leur nom que "nous sommes déterminés à maintenir notre unité à 27" et que "l’UE est le cadre de notre futur commun". Une réunion informelle des 27 Etats membres aura lieu en marge du Conseil européen des 28 et 29 juin.
Pour le président de l’Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, le Royaume Uni a opté pour la voie de l‘instabilité. "Nous dans l’UE devons faire un autre choix", a-t-il déclaré à La Haye. "L’instabilité est la dernière chose dont nous avons besoin en Europe et dans la zone euro", estime-t-il. Pour lui, la décision des Britanniques ne changera rien pour la zone euro qui est "résolument décidée à continuer sur la voie de la reprise économique".
Dans une déclaration conjointe, les présidents du Parlement européen, du Conseil de l’UE, du Conseil européen et de la Commission européenne déclarent "attendre du Royaume Uni qu’il donne suite le plus tôt possible à la décision du peuple britannique, quelque douloureux que ce procès puisse être. Tout retard prolongerait inutilement l’incertitude." Ils rappellent les règles en vigueur qui permettront "de régler l’affaire d’une manière ordonnée", notamment l’article 50. "Nous sommes prêts à lancer promptement les négociations avec le Royaume Uni sur les termes et conditions de son retrait de l’UE. Le Royaume Uni reste un membre de l’UE jusqu’à la fin de ce processus de négociations, avec tous les droits et obligations qui en dérivent. Selon les traités ratifiés par le Royaume Uni, la législation européenne continue de s’appliquer pleinement au Royaume Uni jusqu’à ce qu’il ne soit plus membre." Les signataires de la déclaration rappellent aussi que les accords de février 2016 sur l’arrangement concernant l’appartenance du Royaume-Uni à l’UE sont caducs.
Les chefs de la diplomatie des six pays fondateurs de l'Union européenne - Belgique, France, Allemagne, Italie, Luxembourg et Pays-Bas - se réuniront le samedi 25 juin à Berlin pour évoquer les conséquences du référendum britannique. Le ministre des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier recevra les ministres des Affaires étrangères français, Jean-Marc Ayrault, néerlandais Bert Koenders, italien, Paolo Gentiloni, belge, Didier Reynders et luxembourgeois, Jean Asselborn.