"L’Union européenne ne peut être une forteresse d’indifférence face aux personnes persécutées qui viennent frapper à sa porte", a déclaré le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères et européennes, Jean Asselborn, dans les colonnes du Spiegel daté du 9 janvier 2017. Il était interrogé au sujet de la ligne dure défendue par son homologue autrichien, Sebastian Kurz, en matière de politique migratoire. Ce dernier avait en effet proposé dans le courant de la semaine de mettre en place des camps de réfugiés en Afrique du Nord ou au Proche Orient. Pour Jean Asselborn, "l’idée de louer une île en dehors de l’UE pour parquer des réfugiés venant de Syrie, d’Irak ou de Libye relève de l’idéologie de l’extrême droite nationaliste".
Quant aux critiques du ministre autrichien à l’égard de la répartition par quotas décidé sous présidence luxembourgeoise, Jean Asselborn y voit une façon de "s’incliner devant la destruction de l’Europe" dans la mesure où "une meilleure protection des frontières ne peut fonctionner que si les Etats membres se répartissent équitablement les réfugiés".
Les vives critiques formulées par Sebastian Kurz à l’égard de la politique d’accueil choisie par la chancelière allemande ont également été reçues vertement par Jean Asselborn qui estime que "l’Union européenne ne peut être une forteresse d’indifférence face aux personnes persécutées qui viennent frapper à sa porte" et que la "culture d’accueil de Merkel était juste". Le chef de la diplomatie luxembourgeoise, qui est aussi ministre de l’immigration, ne perd en effet pas de vue que si l’Allemagne avait fermé ses portes en 2015, c‘est dans tous les Balkans que l’on aurait pu voir des scènes comme celles observées en Hongrie alors. Jean Asselborn se dit par ailleurs "déconcerté" par le fait que Sebastian Kurz se dise "fier de ne pas être allé accueillir de réfugiés à la gare de Vienne".
Lorsque le journaliste lui demande si l’UE risque la division 60 ans après la signature des traités de Rome, Jean Asselborn répond que l’on peut encore éviter ce danger. Le ministre voit deux logiques à l’œuvre en matière de politique des réfugiés : "celle de droite et celle de gauche, celle du repli aveugle et celle de l’humanité régulée". Selon lui, "si cette dernière l’emporte, l’UE survivra".