Dans le numéro 5 de sa revue Regards, publié en février 2017, l’Institut national de la statistique et des études économiques, le STATEC, se penche sur l’impact potentiel du Brexit. L’auteur, Bastien Larue, s’appuie notamment sur l’étude publiée par le STATEC en novembre 2016 dans sa note de conjoncture, et fait référence à toute une série d’études menées depuis le référendum britannique de juin 2016.
"D'après la plupart des études menées à ce sujet, les conséquences économiques du "Brexit" seraient négatives, en premier lieu pour le Royaume-Uni, mais aussi pour les autres économies européennes", relève Bastien Larue qui explique que les résultats obtenus dépendent notamment de la forme que prendront les relations UE-Royaume-Uni, ainsi que de l’horizon temporel retenu.
"À court terme, c’est-à-dire à un horizon de 2 à 4 ans, l'impact estimé sur le PIB britannique s'élève en moyenne à -4,7 % dans le cadre des scénarios pessimistes et à -2,2 % dans les scénarios optimistes, par rapport à une situation où le Royaume-Uni ne quitterait pas l’Union européenne", résume Bastien Larue. "À long terme – l'horizon 2030 étant majoritairement pris comme référence – les impacts du Brexit deviennent encore plus dépendants du régime commercial adopté par le Royaume-Uni. Les résultats obtenus indiquent un impact sur le PIB britannique s'élevant en moyenne à -5,4 % dans le cadre des scénarios pessimistes et à -1,2 % dans les scénarios optimistes", synthétise l’auteur de cette publication. Il ne manque pas de préciser que lorsqu’il est question d’un "impact négatif", "il ne s'agit pas d'un effondrement ou d'une récession de l'économie britannique, mais d'une croissance du PIB moins forte que dans l'hypothèse où le Royaume-Uni serait resté dans l'Union européenne". Bastien Larue observe enfin que le discours prononcé par la Première Ministre Theresa May le 17 janvier 2017 incite à favoriser, en termes de prévisions économiques, un scénario de "hard Brexit".
L’analyste du STATEC se penche aussi sur l’impact du Brexit sur le secteur financier du Royaume-Uni. Il cite une étude de PWC qui estime que cet impact serait négatif et relativement élevé, en particulier à court terme, ainsi qu’une étude réalisée par l’entreprise de conseil Oliver Wyman qui estime que la perte d’activité représenterait 6 à 8 % de la valeur ajoutée du secteur financier britannique et quelque 30 000 emplois en cas de "hard brexit". Dans l'hypothèse où les banques déplaceraient certaines de leurs activités qui ne sont pas liées à l'UE à l'extérieur du Royaume-Uni afin de réaliser des économies d'échelle, la perte de valeur ajoutée du secteur financier pourrait même atteindre au total 12 à 15 %, avec une perte équivalente de quelque 70 000 emplois, relève Bastien Larue.
Pour ce qui est de l’impact du Brexit à l’international, Bastien Larue relève que ce sont les pays de l’UE qui sont les plus susceptibles d'être impactés directement par le Brexit, et ce notamment du fait de l’importance des échanges commerciaux. Un impact d’ailleurs que reflètent d’ailleurs les prévisions économiques révisées à la baisse par la Commission européenne, le FMI ou l’OCDE après le référendum.
Après avoir fait le point sur l’importance des liens économiques qui existent entre le Royaume-Uni et le Luxembourg, Bastien Larue observe que le Luxembourg est susceptible d'être affecté indirectement, mais aussi directement par le Brexit. Selon une simulation effectuée par le STATEC, à l'horizon 2020 et par rapport à un scénario de base sans Brexit, on pourrait envisager une baisse de 2,5 % de la valeur ajoutée du secteur financier luxembourgeois et une baisse du PIB en volume proche de 1 %. La perte d'emplois associée s'élèverait à environ 1 600 personnes, dont 600 dans les services financiers.
En revanche, nuance l’analyste, dans le cas où le Royaume-Uni perdrait le passeport européen qui permet à tout établissement bancaire ou financier, comme à une société de gestion, d’exercer ses activités dans toute l’Union européenne, le Brexit pourrait constituer des opportunités pour le Luxembourg, puisque les acteurs de la City devraient alors déplacer une partie de leurs activités pour la relocaliser vers des places financières faisant partie de l'UE. "Le Luxembourg, spécialisé dans les fonds d'investissement et la gestion de fortune, aurait ainsi de bonnes cartes à jouer", observe Bastien Larue qui ne perd pas de vue pour autant que la place financière luxembourgeoise est en concurrence avec d’autres centres financiers européens.