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Emploi et politique sociale
L’Europe sociale en question à Remich (III) - L’avenir de l’Europe selon Viviane Reding
05-10-2007


Viviane Reding, la commissaire européenne en charge de la société de l’information et des médias, était le 5 octobre l’hôte de la Conférence sociale européenne à Remich. Dans une intervention sur l’avenir de l’Europe, elle a exposé sa conception de ce qu’elle appelle "la politique sociétale", une méthode politique horizontale qui met toute décision à l’épreuve de son utilité pour la société dans son ensemble et l’évalue à l’aune d’une échelle de valeurs qui sont celles de l’Europe.

La "politique sociétale" dans la pratique

Pour la commissaire européenne, l’Union européenne est une méthode de résolution de conflits dont la nature change en fonction des générations. La première génération européenne avait à résoudre les conflits de guerre et d’après-guerre. La deuxième génération a mis fin à la division de l’Europe en deux espaces, celui de la liberté et celui de la non-liberté. La troisième génération aura à traiter d’autres dossiers qui s’annoncent, ce qu’elle saura faire, "si elle comprend ce qui est utile à la société et n’oublie pas les valeurs", dit la commissaire, deux réflexes qui doivent se retrouver à la base de chaque décision.

Plus concrètement, Viviane Reding a expliqué qu’on ne prend pas une décision en économie, mais on prend une décision par rapport à la société. Pas plus qu’on n’achète de la technologie. Car selon la commissaire, on achète avant tout ce que l’on peut faire avec la technologie. "Une telle approche change tout", dit-elle. "Avec cette méthode, la recherche n’est plus simple recherche, mais construction de société."

Exemple : faire face au défi d’une population vieillissante

La commissaire a développé l’exemple des défis que pose une société européenne vieillissante. Il y a la demande de prolonger la vie active pour équilibrer les budgets de systèmes sociaux. Mais au terme, il y aura malgré tout une très large frange de la société qui sera inactive, qui aura des problèmes de santé ou de garde intrinsèques à cette génération de personnes âgées de plus en plus nombreuses, allant jusqu’à représenter un tiers de la société à la charge des jeunes actifs. Il faudra, pour maîtriser la problématique, mettre ensemble plusieurs politiques.

Pour préparer la société à ce changement démographique, Viviane Reding a posé les bases d’un programme de recherche cofinancé à 50 % par l’industrie et pour le reste par les Etats membres, mais coordonné par la Commission, qui travaille sur les outils technologiques qui permettront par exemple aux personnes âgées de rester plus longtemps chez elles, ce qui désengorgera les hôpitaux et les maisons de retraite, ou bien de ne pas souffrir de la solitude, "ce possible fléau de demain". Des instruments de surveillance à distance de leur état de santé ou du broadband adapté aux personnes âgées figurent parmi ces outils. 1 milliard d’euros ont déjà été ainsi rassemblés dans un partenariat public-privé

Les synergies politiques comme système, les valeurs comme guide

Le groupe des "5 filles", comme Viviane Reding appelle la joint-venture politique que les 5 commissaires féminins ont constituée, a ainsi pu réunir ses compétences autour d’un objectif commun comme la broadband. La commissaire en charge de la technologie a fourni sa part, la commissaire à la politique régionale trouve son intérêt dans la propagation de la broadband qui est un facteur qui freine le dépeuplement de certaines régions d’Europe, et notamment des espaces ruraux et éloignés. La commissaire en charge de l’agriculture y trouve son avantage, puisqu’elle mise sur le développement rural. La commissaire en charge du contrôle des aides d’Etat apporte son soutien pour accorder des exceptions dans ce domaine pour que le développement passe avant des règles qui pourraient l’entraver. La commissaire à la protection des consommateurs se voit satisfaite, car tous les types de population sont pris en compte.

"Gouverner, c’est prévoir. Et c’est ne plus penser en boîtes. Il faut concevoir tout type de coopération. Les bonnes questions sont : Où on va ? Quel est le problème qu’il faut résoudre ? Quelle société voulons-nous ? A quels outils allons-nous recourir ? Et avec qui ?" Pour Reding, la liste doit être ouverte : Commission, ONG, syndicats, centres de recherche, Etats, régions, à condition que les valeurs européennes- solidarité, respect, équilibre – soient prises en considération pour éviter les conflits intergénérationnels qui couvent.

Abordant la question des valeurs, Viviane Reding a qualifié la Charte des droits fondamentaux de "noyau central" de l’Union européenne à venir. En même temps qu’elle a déclaré que "ceux qui ne s’identifient pas aux valeurs de la Charte n’ont rien à faire dans l’Union", elle a relativisé l’opt-out des Britanniques. "Parfois on avance mieux à quelques-uns seulement, comme le montrent l’euro et Schengen. Ce qui importe, c’est de ne pas se perdre dans des discussions secondaires, des opt-out techniques qui ne sont pas graves. Ce qui importe, c’est se concentrer sur l’essentiel, que sont les valeurs qui sont inscrites sans la Charte."