Une fête populaire à la place d’Armes, sous une tente en plein mois de novembre, sous les bourrasques et les feuilles mortes des tilleuls, et en plus sur un sujet européen que peu de gens connaissent : le Fonds social européen (FSE). Telle était le pari de l’équipe du FSE au Luxembourg, du ministre de tutelle, François Biltgen et des associations qui sont ou ont été des promoteurs de projets du FSE, "le visage social de l’Europe", comme le disent certains. Pari gagné. Les stands, les expos, les débats parlaient à l’intelligence, mais aussi au coeur.
Vous avez mal au dos. Il existe une école du dos au Service de santé au travail multisectoriel que le FSE cofinance.
Vous avez plus de 45 ans, et des déboires sur le marché du travail, le Centre de formation sociale Jean-Baptiste Rock mène une campagne active contre les préjugés qui touchent cette classe d’âge. Le même centre a aussi lancé un projet, Projet IndiviDUALs, qui conseille les demandeurs d’emploi hautement qualifiés pour leur réinsertion professionnelle. De nouveau, c’est le FSE.
Les forces sociales luxembourgeoises dans leur ensemble cherchent à développer un nouveau statut d’entreprise au service de l’économie solidaire. Objectif Plein emploi bénéficie sur ce sujet du cofinancement du FSE pour entamer une recherche pour l’élaboration d’une formule juridique adéquate.
Même le Centre de recherche public Henri Tudor bénéficie du FSE avec son portail sur l’e-apprentissage, sa plate-forme open source et gratuite en support à l'apprentissage organisationnel AnaXagora et le site TAO, un acronyme français pour Testing Assisté par Ordinateur (Computer Based Testing).
Les projets FSE sont à l’origine de nombreuses innovations dans la politique sociale du pays.
Le Bureau pour l’emploi de la Ville de Dudelange était d’abord un projet FSE.
Les maisons-relais sont issues d’une idée du projet Fogaflex de la Caritas.
L’immense effort de formation continue de la CEP au Life Long Learning Center est cofinancé par le FSE.
Si la politique en faveur des personnes handicapées a abouti à ce qu’elles touchent dorénavant un salaire minimum, c’est de nouveau grâce à des projets innovateurs de la Fondation Kräizbierg dont l’évaluation a suggéré qu’il fallait s’éloigner de l’assistanat et créer le statut de travailleur handicapé.
Si les médecins et les avocats peuvent désormais trouver des assistantes de bureau formées à leurs besoins, c’est grâce à une formation de l’Initiativ Rëm Schaffen dont notre site avait déjà parlé en avril 2007.
Pourtant, le FSE n’est pas connu par le grand public qui ignore en même temps que c’est entre autres par ce biais que l’Europe profite directement à ceux qui en ont peut-être le plus besoin. C’est ce que l’équipe en charge du Ministère du Travail et un ministre tout en verve ont essayé de réparer tout au long de la journée. Avec une exposition, des débats avec François Biltgen, des stands qui dispensaient de la vraie information et des concerts, sans parler de la soupe populaire pour tout le monde devant le Cercle.
L’exposition était faite de textes et photos de personnes qui témoignaient de la façon dont elles avaient trouvé un vrai soutien à travers un projet FSE. Le propos allait bien au-delà du simple acte de communication. Des débats avec François Biltgen sur la dimension sociale de l’Europe, il y en eut deux. L’un avec des lycéens du Lycée des garçons de Esch-sur-Alzette, l’autre passait à l’émission Background animée par Marco Goetz.
Les lycéens, avec un grand sérieux, et bien préparés, voulurent en savoir plus sur la dimension sociale de l’Europe, sur l’éventualité d’introduire un salaire minimum en Europe, sur les droits sociaux dans le cadre de l’Union européenne, sur la subsidiarité qui laisse les Etats membres libres de déterminer leur propre politique sociale, sur la compétitivité du Luxembourg dont les salaires sont élevés, sur le sort des qualifiés et des non-qualifiés sur le marché du travail, sur l’attrait qu’exercent les salaires élevés au Luxembourg sur les personnes les plus qualifiées en Europe, sur le sort des plus de 45 ans après un licenciement, sur la réforme de l’ADEM, etc.
François Biltgen ne se prononça pas en faveur d’un salaire minimum européen, mais d’un salaire minimum en Europe, dont le montant serait adapté à la situation dans les différents Etats.
Il expliqua comment les droits sociaux avaient évolué dans le cadre de l’Union européenne, citant la révolution que constitua le principe de l’égalité des salaires entre hommes et femmes, et relatant l’acceptation de la Charte sociale apr le Royaume Uni, dernier pays réticent en 1998, son intégration au traité d’Amsterdam, et sa reprise dorénavant dans le cadre de la Charte des droits fondamentaux.
Il jugea que la subsidiarité en matière de politique sociale était une très bonne chose pour un pays comme le Luxembourg, une harmonisation ne pouvant que se traduire par une baisse du niveau de protection sociale des salariés.
Il fit le constat que le Luxembourg est un pays à salaires élevés, et que ce n’est pas avec des économies sur les frais salariaux que les entreprises pourront affirmer leur compétitivité, mais avec la valeur ajoutée sur leurs produits et services. D’où la nécessité absolue d’investir de plus en plus dans la recherche et l’innovation et dans les connaissances et la formation des salariés. D’où aussi la nécessité de rendre le système scolaire plus performant afin que les jeunes qui vivent au Luxembourg puissent se qualifier et occuper un nombre plus élevé des 56 % d’emplois nouveaux créés chaque année qui exigent une formation Bac+.
Il a également exprimé sa préoccupation sur la montée du chômage chez les + de 45 ans et rappelé que les grands axes du FSE pour le Luxembourg entre 2007 et 2013 visaient les femmes, les plus de 45 ans et les exclus les plus éloignés du marché du travail.
Le débat à la radio permit au ministre d’exposer les lignes de force du programme luxembourgeois du FSE :
"L’argent va à des projets concrets. S’il y a cofinancement, c’est pour que les pays se sentent concernés", déclara le ministre. "Le FSE permet de tester de nouvelles idées. Nous les évaluons, et si elles marchent, le projet est pérennisé d’une autre manière. Mais nous devons libérer de l’argent FSE pour de nouveaux projets et de nouvelles idées."
Le 12 novembre 2007, l’appel à candidatures pour de nouveaux projets FSE sera lancé.
25 millions de l’Union, 25 millions de cofinancement national. Peut-être que la journée de samedi, fête et débats aidant, aura fait connaître un peu le "visage social de l’Europe" et suscité des vocations et des énergies pour formuler de nouveaux projets qui innovent dans le social..
www. europaforum.lu a documenté de nombreux projets. Cliquez ici pour avoir accès à un fichier qui regroupe en annexe la majeure de nos reportages sur des projets FSE. Au cours des semaines à venir, nous publierons des reportages sur des projets cités dans cet article.