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Politique régionale
Le changement démographique au centre d’une rencontre Interreg à l’Abbaye de Neumünster
22-09-2008


Jean-Marie Halsdorf"Challenges for changing populations", c’est le titre d’un colloque ambitieux organisé les 22 et 23 septembre à l’Abbaye de Neumünster par les responsables du programme Interreg Europe du Nord-Ouest (NWE) en coopération avec le Ministère de l’Intérieur et de l’Aménagement du territoire. Quelques 400 participants venus de sept des huit pays (le Benelux, la France, l’Allemagne, le Royaume-Uni, l’Irlande et la Suisse) qui participent à ce programme  se sont rassemblés pour débattre des défis démographiques auxquels l’Union européenne devra faire face dans les années et décennies à venir. Les débats ont eu lieu dans l’impressionnante Agora de l’Abbaye sous son immense toit vitré. Pointe d’humour qui a délié l’atmosphère, le colloque a commencé par une petite séance de "construction", pendant laquelle les participants ont monté eux-mêmes leur siège en transformant trois pièces de carton en un tabouret coloré capable de porter 200 kilos.

Interreg IV B est un programme communautaire qui soutient et finance les coopérations régionales transnationales.

Pour Jean-Marie Halsdorf, le Luxembourg est un exemple pertinent des défis démographiques auxquels fait face l’Union européenne

Le ministre luxembourgeois de l’Intérieur et de l’Aménagement, Jean-Marie Halsdorf, a d’emblée posé le sujet du colloque dans son introduction. Pour Halsdorf, la politique de coopération est une des priorités les plus importantes de l’Union européenne et présente maintes opportunités aux Etats membres. Certains thèmes ont toujours des implications transnationales, comme par exemple le transport ou le tourisme. Selon le ministre de l’Intérieur, les questions de démographique sont particulièrement pertinentes pour le Luxembourg, qui présente le taux d’immigration le plus élevé dans toute l’Europe, qui a une économie fortement développée et qui emploie quelques 140 000 frontaliers des régions avoisinantes. En même temps, il existe de grands écarts entre les niveaux de vie des habitants de la Grande Région. Cette inégalité rend pour Halsdorf une coopération entre le Luxembourg et ses voisins indispensable. "Il faut trouver un bon équilibre entre la coopération et la compétitivité au niveau de la Grande Région", a constaté Jean-Marie Halsdorf.

Nicolas Schmit et Lambert van Nistelrooij ont débattu du changement démographique

Nicolas Schmit, Lambert van NistelrooijNicolas Schmit, le ministre luxembourgeois délégué aux Affaires étrangères et à l’Immigration, et le député européen néerlandais Lambert van Nistelroij ont ensuite débattu des changements démographiques dans l’Union européenne. Pour van Nistelrooij, qui est également président de l’Association des régions frontalières européennes (AFRE), il est essentiel d’attirer l’attention des citoyens sur les questions liées au changement démographique, notamment sur l’impact du vieillissement de la population sur le développement régional. Avant d’introduire les meilleurs services possibles au niveau local, il faut également les impliquer. Pour réaliser cela, le député européen a prôné l’utilisation et la promotion des nouvelles technologies

Nicolas Schmit a retracé la manière dont le Grand Duché à mené sa politique d’immigration. Pour lui, le grand défi démographique du Luxembourg aujourd’hui n’est plus la régularisation de l’immigration, mais l’intégration des populations étrangères. Aux yeux de Nicolas Schmit, c’est le problème du vieillissement de la population qui s’apprête le mieux à une coopération au niveau européen, puisque c’est un phénomène que connaissent tous les Etats membres, alors que le ralentissement démographique n’a pas encore atteint tous les pays.

A la question quel rôle le programme Interreg peut jouer dans ce contexte, Nicolas Schmit a estimé que ce programme offre de véritables opportunités de coopération entre régions. "Les programmes-cadres de l’UE sont très importants pour stimuler la coopération entre régions, mais la vraie coopération se fait toujours sur une base très concrète. C’est ce que rend possible Interreg", a souligné le ministre, pour qui le programme rend également visible l’UE au niveau local.

Pour Lambert van Nistelrooj par contre, "ce n’est pas aussi facile". Les Etats deviennent de plus en plus réticents pour dépenser de l’argent pour des projets régionaux communautaires. "Ce n’est pas clair si après 2013 (donc après la période financière actuelle 2007-2013, n.d.l.r.)), de l’argent public pourra encore être drainé pour des projets régionaux vers l’Union européenne et Interreg", a-t-il déclaré. Le député européen a avancé que les régions devraient être davantage définies selon des critères fonctionnels plutôt que par des critères géographiques.

Après l’intervention de Nicolas Schmit et de Lambert van Nistelrooij, la compagnie théâtrale néerlandaise Pandemonia a diverti les invités par une mise en scène ludique des problèmes auxquels se trouvent confrontés les personnes âgées, les personnes qualifiées, les jeunes tributaires de la culture globalisée et les immigrés des Etats tiers  dans les régions de l’Union européenne qui sont confrontées au vieillissement démographique ou au déclin local.

Klaas van Egmond : L’impact global d’une population croissante

Klaas van EgmondLe professeur Klaas van Egmond de l’Université d’Utrecht aux Pays-Bas, s’est penché de manière plus générale sur l’impact global de la croissance démographique mondiale et a présenté ses idées assez inhabituelles et même provocantes. Il s’est d’abord penché sur la situation démographique dans le monde et en Europe. En 2030, la population européenne atteindra son pic. Ensuite, il faudra s’attendre à un déclin démographique de 5 %. Telle est la thèse de Van Egmond, pour lequel cette tendance ne représente pourtant pas une catastrophe. Au contraire, le professeur néerlandais a mis en exergue les avantages d’un ralentissement démographique. "Si la tendance actuelle persiste, la population européenne devra doubler à cause du solde migratoire  d’ici 2050, et doubler encore une fois d’ici à la fin du siècle", a-t-il souligné, en ajoutant : "Ce serait non éthique et inutile". Pour faire face aux problèmes du vieillissement et à la pénurie de main-d’œuvre, l’Europe devrait, à ses yeux, non pas recourir à l’immigration, mais encourager plutôt l’émancipation des femmes et prolonger la vie professionnelle des personnes âgées.

Le ralentissement économique qui résultera de la baisse démographique ne déstabilisera pas l’économie européenne. "Une économie ralentie n’est pas forcément une mauvaise économie", a-t-il avancé. Après une période de transition, une nouvelle stabilité s’installera. Autre argument que van Egmond a avancé contre l’immigration comme elle se passe actuellement : le coût social généré par la différence des cultures. "L’émergence et la rencontre de différentes cultures dans un pays a un coût social considérable", a avancé le professeur. Il a finalement avancé une autre thèse que des études auraient prouvé que le bilan économique de l’immigration de la main d’œuvre en provenance de pays tiers vers l’Europe serait négatif. Cette thèse fut fortement contestée, notamment par des délégués qui étaient les descendants de personnes qui ont immigré en Europe à partir de pays du Sud. 

Demain, Europaforum.lu rapportera les débats du colloque.