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Politique étrangère et de défense
Conseil européen extraordinaire sur la crise russo-géorgienne : l’Europe mise sur la responsabilité des parties et exige la mise en œuvre intégrale du plan en 6 points
01-09-2008


Le Conseil européen qui s’est réuni en session extraordinaire le 1er septembre 2008 suite au conflit qui a éclaté en Géorgie, a pu aboutir à une position commune de l’Union européenne.

Le Conseil européen, auquel le Premier ministre Jean-Claude Juncker a participé ensemble avec le ministre des Affaires étrangères Jean Asselborn et le ministre délégué aux Affaires étrangères Nicolas Schmit, a fermement condamné la réaction militaire disproportionnée de la Russie suite à la tentative des troupes géorgiennes de prendre le contrôle de la province dissidente d’Ossétie du Sud.

Condamnation de la reconnaissance de l’indépendance de l’Abkhazie et de l’Ossétie du Sud par la Russie

D’autre part, le Conseil européen a de nouveau condamné la décision unilatérale de la Russie de reconnaître l'indépendance de l'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud. Il a réitéré le caractère inacceptable de cette décision et appelé les autres Etats à ne pas reconnaître les indépendances proclamées. Il a souligné une nouvelle fois qu'une solution pacifique et durable des conflits en Géorgie devait être fondée sur le plein respect des principes d'indépendance, de souveraineté et d'intégrité territoriale reconnus par le droit international et les résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies, principes que la crise actuelle a ébranlés.

Mise en œuvre intégrale du plan en six points

Les chefs d'Etat et de gouvernement ont accordé leur soutien à l'accord en six points obtenu par la médiation du Président Sarkozy au nom de l'Union européenne qui avait débouché sur un cessez-le-feu, un meilleur acheminement de l'aide humanitaire aux victimes et un retrait substantiel des forces militaires russes.

Comme ses collègues, Jean-Claude Juncker a insisté sur la mise en œuvre intégrale de ce plan en six points. Les chefs d’Etat et de gouvernement ont dans ce contexte souligné l'urgence de mettre au point le mécanisme international de supervision, auquel l'Union européenne est prête à participer, prévu au point 5 de l'accord ainsi que d'engager les discussions internationales sur les modalités de sécurité et de stabilité en Abkhazie et Ossétie du Sud prévues au point 6. L'Union européenne est prête à s'y engager, y compris par une présence sur le terrain, et a en particulier décidé l'envoi d'une mission exploratoire chargée de préciser les modalités d'un engagement renforcé.

Aide humanitaire et pour la reconstruction de la Géorgie

Au-delà de l'aide d'urgence qu'elle apporte, l'UE est disposée à s'engager pour l'aide à la reconstruction en Géorgie, y compris en Abkhazie et en Ossétie du Sud, et à examiner le renforcement de sa relation avec la Géorgie. Jean-Claude Juncker a notamment insisté sur le retour des réfugiés dans leurs lieux d’origine, et pas seulement des réfugiés du conflit d’août 2008, mais de tous les conflits qui ont depuis les années 90 chassé Géorgiens, Ossètes et Abkhazes de leurs lieux d’origine. 

La coopération régionale, les relations que l'UE entretient avec ses voisins, l'intensification des efforts pour assurer la sécurité énergétique et la diversification des sources et des routes d'approvisionnement ont aussi été abordés par les 27.

L’Union européenne va nommer un représentant spécial de l'UE pour la crise en Géorgie.

Pas de sanctions, mais les relations entre la Russie et l’Union européenne à la croisée des chemins

Pour les chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union européenne, la crise actuelle place la relation entre l'UE et la Russie à la croisée des chemins. L’Union européenne a décidé de ne pas prendre des sanctions, mais tant que le retrait des troupes russes sur leurs positions antérieures au 7 août n'aura pas été réalisé, les négociations en vue de l'accord de partenariat entre l’Union européenne et la Russie sont reportées.

Selon Juncker, le Conseil européen n’a pas voulu retenir la proposition d’un certain nombre de pays pour que des sanctions soient d’ores et déjà prévues en cas d’échec des pourparlers avec la Russie. « Il faut attendre ce que donneront les entretiens que le Président Sarkozy aura le 8 septembre prochain avec les Russes. Nous aurons d’ici là le temps d’aviser, notamment lors du Conseil des ministres des Affaires étrangères du 15 septembre prochain. » Et d’ajouter : "Il est irréaliste de croire que les Russes vont se retirer d’Abkhazie et d’Ossétie du Sud et qu’ils vont revenir sur leur reconnaissance."Nicolas Schmit a commenté à sa manière la question des sanctions : "A l’OMC, les Russes se bloquent eux-mêmes, et les relations bilatérales troublées entre l’Europe et la Russie font sentir leur effet à travers la défiance des investisseurs."     

L’Union européenne est donc d’avis qu'il est de l'intérêt même de la Russie de ne  pas s'isoler de l'Europe. Elle est toujours disposée au partenariat et à la coopération, mais dans le respect des valeurs qui l'animent, et attend de la Russie un comportement responsable, fidèle à l'ensemble de ses engagements internationaux.

Dans ce contexte, Jean-Claude Juncker, qui s’entend comme un médiateur entre les sensibilités des pays de l’Ouest et de l’Est de l’Europe, qui ont selon lui chacune leur légitimité, il s’agira d’arriver à tenir compte de la confrontation de trois inquiétudes, celle des pays de l’Est de l’Europe, qui n’ont pas confiance en la Russie, en se basant sur leur expérience historique, celle de la Russie devant un encerclement par l’OTAN, alors que selon lui, l’OTAN n’est pas une organisation dirigée contre la Russie, et celle de l’Ouest devant la perspective d’une nouvelle guerre froide.    

Lors du prochain sommet UE-Russie pévu le 14 novembre 2008 à Nice, les 27 évalueront de nouveau les différentes dimensions de leur relation avec la Russie.