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Elections européennes - Opinion
Eurobaromètre spécial sur les élections européennes : des premiers résultats paradoxaux sur des élections encore peu connues en Europe
23-01-2009


synthèse des résultatsLes premiers résultats de l’Eurobaromètre Spécial Elections européennes 2009 ont été publiés. Ce sont les fruits d’une enquête réalisée à l’automne 2008, et plus précisément de la fin octobre au début du mois de novembre 2008, et à laquelle ont participé 26 618 citoyens des 27 Etats membres de l’UE. Trois grands thèmes étaient abordés : les élections européennes,  les questions d’identité et de citoyenneté et l’image du Parlement européen.

En ce qui concerne la partie élections européennes de juin 2009 qui approchent à grands pas, les résultats montrent que les citoyens européens sont, dans l’ensemble, plus au courant de ces élections, mais on note au Luxembourg un recul spectaculaire de l’intérêt que leur portent les citoyens.

En ce qui concerne les questions d’identité et de citoyenneté, les résultats pour le Luxembourg sont assez paradoxaux. En effet, l’adhésion à l’UE est perçue très majoritairement comme bénéfique mais, pour la très grande majorité des citoyens luxembourgeois interrogés, l’UE a aussi "grandi trop vite".

Enfin, pour ce qui est de l’image du Parlement européen, l’importance du rôle du Parlement européen s’est accrue aux yeux des répondants luxembourgeois, tandis qu’ils expriment, par rapport à la moyenne européenne, une confiance record dans leur gouvernement national.

Les élections européennes de juin 2009

Les thèmes de campagne : la croissance économique, le chômage, l’inflation et le pouvoir d’achat de nouveau en tête

A l’échelle des 27 Etats membres, les citoyens ont été invités à dire, sur la base d’une liste de thèmes donnés, sur quels thèmes la campagne électorale pour les prochaines élections européennes devrait, selon eux, se concentrer. La croissance économique (51%, + 6), le chômage (49 %, + 2), et l’inflation et le pouvoir d’achat (47 %, + 6) ont été les thèmes les plus cités, ce qui ne devrait étonner personne dans le contexte actuel de crise financière et économique. Ces thèmes avaient déjà les premières places lors de la dernière enquête menée au printemps 2008.

La connaissance de la date des élections européennes: les Luxembourgeois en tête

Par rapport à l’enquête du printemps 2008, la connaissance de la date des élections a nettement augmentée. En date des électionseffet, le nombre de citoyens sachant que les élections européennes auront lieu en 2009 est passé de 16 % sur l’ensemble de l’UE, à 26 %. Au Luxembourg  ce chiffre est passé de 43 % à 56 %. Et c’est d’ailleurs au Luxembourg que la date précise des élections est la mieux connue, puisque 36 % des citoyens sondés ont pu donner la bonne année et le bon mois, alors, qu’à l’échelle de l’UE, ce chiffre n’atteint que 8 % (même si on note tout de même un hausse de 4 points par rapport à la dernière enquête). Il convient cependant de relever que les citoyens interrogés qui ne savent pas la date des prochaines élections européennes sont encore 67 % (- 8) dans l’ensemble de l’UE et 41 % au Luxembourg (- 12).

L’intérêt pour les élections européennes : en recul considérable au Luxembourg

L’intérêt pour les élections européennes a baissé de deux points à l’échelle de l’UE et ce sont donc désormais 44 % des citoyens européens interrogés qui se disent "intéressés" par ces élections, contre 54 % qui se disent "pas intéressés" (+ 3). Au Luxembourg, ils étaient 60 % à se dire "intéressés" par ces élections au printemps 2008, contre 37 % de citoyens "pas intéressés". Mais la dernière enquête révèle que les Luxembourgeois ne sont plus que 43 % à se dire "intéressés" (- 17) contre 56 % (+ 19) de personnes "pas intéressées". Le Luxembourg, qui était donc, pour ce qui est de l’intérêt pour ces élections, nettement au-dessus de la moyenne européenne au printemps 2008, est désormais passé en-dessous.

La probabilité d’aller voter : en très fort recul au Luxembourg

La probabilité de vote, qui est mesurée selon une échelle de 1 (tout à fait certain de ne pas voter) à 10 (tout à fait certain d’aller voter), a, dans l’ensemble de l’UE, sensiblement baissé. Ainsi, en prenant, par exemple, les deux extrémités de l’échelle on note que le nombre de personnes tout à fait certaines de ne pas voter a augmenté de 1 point et atteint 15 %, tandis que ceux qui sont certains d’aller voter sont 28 % (contre 30 % au printemps 2008). Au Luxembourg la baisse du nombre de citoyens "tout à fait certains d’aller voter" est encore plus nette : ils étaient 68 % au printemps et seulement 51 % pour cette enquête-ci. Même si ce nombre reste très élevé par rapport à la moyenne de l’UE (le Luxembourg est en quatrième position), sa baisse est très considérable (- 17 %) et de plus, il est très bas si l’on considère que  le vote au Grand-Duché est obligatoire.

Les Européens et l’Union

Identité et citoyenneté : les Luxembourgeois les plus nombreux à souhaiter un président de l’UE élu directement

Lorsqu’on leur demande quels éléments renforceraient le plus leur "sentiment d’être un citoyen européen", les répondants choisissent, pour 39 % d’entre eux, un système de protection sociale européen harmonisé entre les Etats membres, un service civil de lutte contre les catastrophes naturelles européennes et internationales pour 24 % et un président de l’UE directement élu par les citoyens des Etats membres pour 20 % d’entre eux. On note que l’idée d’un président de l’UE directement élu par les citoyens arrive en tête chez les citoyens luxembourgeois (29 %).

Les éléments considérés, à l’échelle de l’UE, comme les plus importants pour constituer l’identité européenne sont la monnaie unique (40 %), les valeurs démocratiques (37 %), l’histoire (24 %), les succès de l’économie européenne (satellite européen de navigation, avionneurs européens, trains internationaux, à grande vitesse, etc.) (23 %) et la culture (22 %).

L'UE et le "sens" de la construction européenne actuellement : l’hostilité massive des Luxembourgeois à l’élargissement se confirme de nouveau

Pour 56 % des citoyens européens interrogés, "l'UE a grandi trop vite" (contre 32 % qui ont exprimé leur désaccord à l’égard de cette affirmation). Au Luxembourg, où l’élargissement est depuis des années massivement rejeté par les personnes interrogées, ce nombre atteint carrément 83 % ! Par contre, 72 % des citoyens européens sont d’accord avec l’idée que "ce qui rapproche les citoyens des différents pays est plus important que ce qui les sépare" (contre 17 % qui ne sont pas d’accord). 42 % sont d’accord avec l’affirmation qu’aujourd’hui, "l’UE manque d’idées, de projets", contre 38 % qui pensent le contraire. Enfin, 73 % des Européens interrogés sont d’accord avec l’idée que "l’UE est indispensable pour répondre aux défis mondiaux", contre 16 % qui refusent cette idée.

Les répondants ont été ensuite invités à choisir entre deux propositions au sujet de la construction européenne – "elle doit se poursuivre" (54 %) ou bien "elle a été trop loin, il faut revenir en arrière" (19 %). 16 % des citoyens ont spontanément répondu que "la construction européenne ne doit pas aller plus loin, ni revenir en arrière" tandis que 11 % ont répondu "ne sait pas". En comparaison avec la moyenne européenne, c’est au Luxembourg que le plus grand nombre de personnes interrogées (31 %) ont spontanément répondu que "la construction européenne ne doit pas aller plus loin, ni revenir en arrière".

Rejet du Traité de Lisbonne : avec 64 %, le Luxembourg compte parmi "les pays où la connaissance sur le traité de Lisbonne est la plus grande"

Lorsqu’il a été demandé aux répondants à quelle occasion ces derniers mois les médias européens ont beaucoup parlé de l’Union européenne, et plus précisément de l’Irlande, 28 % d’entre eux ont répondu n'avoir "rien lu, vu ou entendu sur ce sujet", 28 % ont répondu ne pas savoir et 13 % ont "lu, vu, entendu quelque chose, mais ne se souvenaient pas de quoi". 16 % ont cité "le rejet du traité de Lisbonne par les Irlandais", 8 % le "référendum en Irlande" sans plus de précision, 4 % la "nécessité de refaire voter les Irlandais" et 3 %  le "blocage de la construction européenne". D’après l’analyse que fait le Parlement de ces résultats, le Luxembourg compte parmi "les pays où la connaissance sur le traité de Lisbonne est la plus grande (64 %)".

L'Union Européenne aujourd'hui et demain, les politiques et les priorités

Les principales politiques qui devraient, selon les répondants dans l’ensemble de l’UE, être prioritaires sont une politique de sécurité et de défense permettant à l'UE de faire face aux crises internationales (36 %), une protection renforcée du consommateur et de la santé publique (33 %), une lutte efficace contre le changement climatique (31 %) et une politique énergétique commune visant à assurer l'indépendance énergétique de l'UE (30 %).

Parmi les valeurs suivantes, les répondants devaient en choisir trois qui, selon eux, "devraient être défendues en priorité par le Parlement européen".  La protection des droits de l'homme dans le monde a été mentionnée par 53 % des répondants (ils étaient 58 % à le choisir lors de l’enquête de l’automne 2007 – EB 68), la solidarité entre Etats membres de l’UE par 36 % (comme en 2007), l'égalité homme - femme par 33 % (- 8), la solidarité entre l’UE et les pays pauvres dans le monde par 28 % (+ 4), le dialogue entre les cultures et les religions par 26 % (- 2), la protection des minorités par 22 % (- 5), l'abolition de la peine de mort partout dans le monde par 16 % (- 1). Au Luxembourg, l’égalité homme – femme a été citée par 50 % des répondants.

Les répondants ont ensuite été interrogés sur ce qu’est selon eux l’objectif principal de la construction européenne et sur ce qu’il devrait être. 23 % d’entre eux pense que l’objectif principal est de "développer l’économie et la croissance de l’UE" alors qu’ils sont 17 % à considérer que cela "devrait être" l’objectif principal. Inversement, "améliorer le niveau de vie de tous les citoyens de l’UE" est l’objectif principal de l’UE pour 18 % des répondants et devrait l’être pour 23 % d’entre eux. Préserver la paix et la stabilité est pour 16 % des répondants et devrait être pour 17 % d’entre eux l’objectif principal de la construction européenne.

La perception et l'évaluation de l’adhésion à l’UE : les Luxembourgeois sont 71 % à trouver que c’est une "bonne chose" pour leur pays

Les citoyens des 27 pays membres qui ont participé à cette enquête ont considéré, pour 53 % d’entre eux (+ 1 par rapport à la dernière enquête du printemps 2008), que faire partie de l'Union européenne était, pour leur pays, "une bonne chose". 15 % (- 1) ont répondu que c’était "une mauvaise chose" et ils étaient 27 % (- 2) à répondre que ce n’était "ni bon ni mauvais". Le Luxembourg, avec 71 % de personnes répondant que faire partie de l’UE était pour leur pays "une bonne chose", compte, avec les Pays-Bas et l’Irlande, parmi les pays qui "perçoivent l’adhésion à l’UE d’une manière la plus positive".

La proportion de citoyens considérant que leur pays a "bénéficié" de son appartenance à l’UE (56 %) a légèrement augmenté depuis la dernière enquête (+ 2), même si le nombre de ceux qui pensent que leur pays "n’en a pas bénéficié" est resté de l’ordre de 31 %. Ce sont en fait ceux qui ne savent pas (13 %) qui sont moins nombreux qu’au printemps 2008 (- 2).

Le soutien à l'harmonisation des certaines politiques : les Luxembourgeois hostiles à l’harmonisation fiscale

L’enquête menée auprès des citoyens de l’UE a abordé la question de l’harmonisation de politiques menées jusque là par les Etats membres. Ainsi, 64 % des personnes interrogées se sont déclarées favorables à une harmonisation des systèmes de protection sociale, contre 29 % qui s’y disent opposés. 65 % (contre 28 %) des répondants se sont dits favorables à l’harmonisation du système éducatif, et ils étaient 54 % (contre 35 %) en faveur d’une harmonisation du système d’impôts et de taxation. On note que c’est au Luxembourg que l’harmonisation dans ce dernier domaine a rencontré le moins de soutien, avec seulement 32 % de personnes qui s’y disaient favorables.

Le Parlement européen

Souvenir médiatique et connaissance générale du PE : les Luxembourgeois dans le groupe de tête

On peut noter une légère hausse (+ 2 %) du nombre de personnes (44 %) ayant "récemment lu dans les journaux, vu sur Internet ou entendu à la radio ou à la télévision quelque chose au sujet du Parlement européen". Le Luxembourg, avec 66 % de réponses favorables à cette question, compte, avec la Slovaquie (72 %) et la Slovénie (67 %), parmi les trois pays où le souvenir médiatique lié au Parlement européen est le plus grand.

En ce qui concerne la qualité de l’information sur les activités du Parlement européen, les différences sont peu sensibles par rapport aux résultats de l’enquête menée à l’automne 2007. En effet, 23 % (+ 1) des répondants se disent "bien informés" et 73 % (comme en 2007) se disent "mal informés". Là encore, le Luxembourg compte, avec 42 % de répondants "bien informés", parmi les trois pays, avec l’Irlande (40 %) et la Slovénie (34 %), où les citoyens se sentent les mieux informés sur les activités du Parlement européen.

L'image du PE

L’image que les répondants ont dit avoir du Parlement européen s’est légèrement dégradée depuis l’enquête menée à l’automne 2007. Ainsi, 44 % (- 1) des répondants considère que le terme de "dynamique" décrit bien leur perception du Parlement européen contre 36 % (+ 1). Ils sont 66 % (- 3) à trouver le terme de "démocratique" approprié contre 19 % (+ 3), 40 % (- 2) à trouver que le Parlement est "à l’écoute des citoyens" contre 43 % (+ 2). En revanche le Parlement apparaît comme "inefficace" pour 34 % (+ 2) et "technocratique" pour 40 % (+ 2) d’entre eux. Les répondants sont cependant moins nombreux (51 %, - 4) à répondre que le terme "méconnu" décrit bien pour eux leur perception du Parlement européen.

On ressent cette même dégradation dans l’image plus générale qu’ont les répondants du Parlement européen par rapport à l’enquête de l’automne 2007, puisque la proportion de personnes ayant une image "positive" du Parlement a chuté de 5 points pour atteindre 34 %. 43 % (+ 2) des répondants ont une image "neutre" de cette institution et ils sont 17 % (+ 2) à avoir une image "négative". 6 % (+ 1) ont répondu "ne pas savoir".

Le rôle du PE : 89 % des Luxembourgeois considèrent qu’il joue un "rôle important"

le rôle du PEL’importance du rôle attribué par les répondants aux différentes institutions – Parlement européen, Commission européenne, Conseil européen et Banque centrale européenne – a montré peu de variations par rapport à l’enquête menée au printemps 2008. Le Parlement a un rôle "important" pour 74 % des répondants (- 1), la Commission européenne pour 68 % (comme précédemment), le Conseil Européen pour 61 % (+ 1) et la Banque centrale européenne pour 73 % (+ 2). On peut imaginer que la hausse de l’importance de la BCE aux yeux des répondants peut s’expliquer par la forte présence médiatique de cette institution dans le contexte de crise économique et financière. Au Luxembourg, 89 % (+ 7) des répondants considèrent que le Parlement européen joue un "rôle important dans la vie de l’UE", ce qui, en plus d’être un des chiffres les plus élevés parmi les 27 marque aussi une hausse significative dans la perception que les citoyens luxembourgeois ont de l’importance du PE.

Le souhait que le Parlement européen joue un rôle plus important qu’à l’heure actuelle a cependant baissé de 4 points à l’échelle de l’UE et il atteint 44 % contre 14 % (+ 2) de répondants qui souhaiteraient qu’il joue un rôle "moins important" et 24 % (+ 2) qui, spontanément, ont émis le souhait que le PE continue de jouer le même rôle qu’actuellement. La proportion de répondants sans avis est restée stable (18 %).

La confiance dans le PE : avec 64 %, les Luxembourgeois montrent le taux de confiance en hausse le plus élevé

La confiance dans les institutions européennes est restée relativement stable elle aussi, et a même augmenté légèrement au Luxembourg – 47 % pour la Commission européenne (57 %, + 3 des Luxembourgeois), 51 % pour le Parlement européen (64 %, + 5 des Luxembourgeois, ce qui est le taux de confiance en hausse le plus élevé) et 48 % (60 %, + 1 des Luxembourgeois) pour la Banque centrale européenne –, mais la tendance à la méfiance a également légèrement progressé, notamment à l’égard de la Commission européenne (29 %, + 6 au Luxembourg).

La confiance dans les institutions nationales – gouvernements et parlements – est, dans l’ensemble restée relativement stable – 34 % de répondant expriment leur confiance dans le parlement national et la même proportion (+ 2) fait part de sa confiance dans le gouvernement national. Le Luxembourg fait preuve d’une confiance particulièrement importante en son gouvernement national (60 %).

La connaissance sur la prise de décision dans le PE

Pour les répondants, les décisions au Parlement européen se font avant tout "en fonction des intérêts des Etats membres dont sont issus les députés européens" (34 %, - 7),  et "en fonction des affinités politiques des députés européens" (29 %, + 4). 18 % (+ 3) des répondants ont répondu spontanément "autant l’un que l’autre" et 19 % ne savent pas. Il est intéressant de noter qu’à l’échelle européenne les répondants sont nettement moins nombreux à considérer que les eurodéputés défendent par leurs décisions les intérêts des Etats membres dont ils sont issus.

Europaforum.lu reviendra sur ce sondage lors de la publication de l’intégralité du rapport et de sa présentation à Luxembourg.