Viviane Reding, membre de la Commission européenne en charge de la société de l’information et des médias, a tenu une conférence de presse le 9 janvier 2009 à la Maison de l’Europe. Au programme, bilan et perspectives de la Commission européenne pour ce début d’année 2009.
"Je fais cet exercice chaque année", a rappelé la commissaire, car "la Commission, en tant qu’institution politique, se doit de rendre des comptes devant la presse et l’opinion publique". Viviane Reding a salué le travail des médias luxembourgeois, qui, par leur couverture "objective et constante" des questions européennes, aident les citoyens à "pouvoir voter en connaissance de cause".
Evoquant le rôle et les responsabilités de la Commission, au sein de laquelle elle "représente non les intérêts du Luxembourg, mais ceux des citoyens européens", la commissaire a souligné le "pouvoir réel" du Parlement européen, "pilier essentiel pour une politique solide" et "intermédiaire entre les citoyens et les institutions".
Pour ce qui est du programme de travail de la Commission dans les prochains mois, Viviane Reding a précisé qu’aucune décision ne pourrait être prise dans le cadre de la procédure de co-décision entre la fin avril et septembre 2009 en raison des élections au Parlement européen. "Je n’aurai donc pas le temps de faire des bêtises dans les prochains mois", a-t-elle prévenu.
Pour conclure son introduction, Viviane Reding a insisté sur l’importance de la politique européenne pour le Luxembourg : "Si l’Europe va mal, le Luxembourg va mal aussi".
Viviane Reding a fait appel au slogan de la Commission Barroso "Pour une Europe des résultats" pour rappeler que pour les citoyens, ce qui importe, c’est que "les institutions fonctionnent". Aussi, le travail technique et institutionnel réalisé "sans bruit" par la Commission pour faire de l’intégration des nouveaux Etats membres "un processus naturel" est, selon elle, un "grand succès".
La Commissaire a ensuite insisté sur le rôle de la Commission en matière de stabilisation de l’économie et de l’emploi, et, d’après elle, la crise a donc frappé "une économie ayant une base solide". Après avoir cependant regretté que "la Stratégie de Lisbonne n’ait pas fonctionné", bien qu’elle soit "réaliste", Viviane Reding a souligné que "le temps d’établissement des PME a diminué de 50% et les frais d’établissement de 30%". Par ailleurs la Politique de cohésion de l’Union européenne, "certes moins importante pour le Luxembourg", n’est plus désormais une "politique de subventions" mais une "politique d’investissement" dans la recherche, l’innovation et la formation.
"Lorsque j’ai commencé, il y a quatre ans", a raconté Viviane Reding en faisant allusion au monde de la recherche et de l’innovation qui est l’objet du second de ses mandats de commissaire européenne, "chacun était un peu dans sa tour d’ivoire". A ce jour, grâce à la Commission, neuf plates-formes technologiques permettent aux industriels, aux start-up et aux chercheurs de travailler ensemble, dans le cadre de partenariats public / privé, à la création de "produits commerciaux concrets" qui trouvent leur place sur les marchés internationaux.
Viviane Reding a ensuite présenté trois exemples d’innovations dans le domaine de la politique industrielle. Ainsi la "voiture intelligente" permettra-t-elle de sauver des vies, de fluidifier la circulation et de réduire la consommation de carburant. Citant le domaine des technologies de la santé, Viviane Reding a rappelé l’enjeu du vieillissement de la population "qui engendre de plus en plus de maladies chroniques". Les nouvelles technologies peuvent répondre à ce défi et la commissaire a souligné "l’avance industrielle de l’Europe" dans ce domaine. Au printemps 2009, Viviane Reding présentera en outre sa "contribution au paquet climat/énergie" : les nouvelles technologies au service de l’économie d’énergies.
Du côté des "plus petites politiques", qui sont aussi les "plus compréhensibles pour les citoyens", la commissaire a tout d’abord abordé le service "Internet pour tous", en soulignant l’enjeu que représentent les services en ligne. Avec un taux de pénétration de 112 % en Europe, l’industrie du téléphone mobile doit être déployée "en lien avec l’industrie satellitaire". Elle joue en effet, selon Viviane Reding, un rôle majeur dans les politiques de développement en tant que "empowerment of the human being", un concept difficilement traduisible en français ou en luxembourgeois.
D’autre part, si la nouvelle réglementation sur les frais d’itinérance a déjà permis une baisse de 60 % du coût des appels téléphoniques en "roaming", il en sera d’après Viviane Reding de même dans les prochains mois pour les échanges de SMS et de données. Par ailleurs, avec 3 millions d’utilisateurs, le domaine Internet ".eu" est le deuxième au monde.
Depuis le 15 décembre 2008, le 112, numéro d’appel d’urgence européen, est opérationnel dans tous les Etats membres, bien que seuls "22 % des citoyens en soient informés". Enfin, la commissaire a rappelé son engagement pour une sécurisation de l’utilisation d’Internet par les enfants, mais aussi des téléphones 3G ou encore des sites de social networking. A ce sujet, elle a mis en exergue la responsabilité des opérateurs et des industriels.
La commissaire en charge de la société de l’information et des médias s’est félicitée de la "bonne santé" du cinéma européen : 900 films sont produits chaque année avec le soutien de fonds européens, nationaux et régionaux, et les récompenses internationales sont nombreuses.
C’est donc avec un enthousiasme tout particulier que Viviane Reding a présenté "le dernier bébé qu’elle a mis au monde", et qui a été adopté le 9 janvier 2009 par la Commission européenne ; le programme MEDIA MUNDUS a vocation à élargir le programme MEDIA en favorisant la coopération entre la cinématographie européenne et les créateurs de pays tiers.
Enfin, Viviane Reding, a évoqué, non sans fierté, le site Europeana, qui est pour elle l’aboutissement de son souci de "rendre accessible à tous les citoyens leur patrimoine culturel". La bibliothèque numérique européenne, qui a attiré lors de son lancement près de 17 millions de visiteurs par heure, ce qui a conduit dans un premier temps à un crash informatique du site qui - "victime de son succès" - n’a pu être relancé qu’un mois plus tard, contient à ce jour 3 millions d’objets mis en ligne par différentes institutions culturelles européennes et devrait s’enrichir pour atteindre 10 millions d’objets en 2010. "J’espère que le Renert sera bientôt sur Europeana et que les autres pays y mettront le leur", a souhaité la commissaire.
Et de conclure : "Europapolitik ass flott !"