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Agriculture, Viticulture et Développement rural
Fernand Boden a présenté la situation actuelle de l’agriculture et la mise en œuvre du bilan de santé de la PAC au Luxembourg
05-03-2009


Fernand BodenFernand Boden, ministre de l’Agriculture, de la Viticulture et du Développement rural, a présenté le 5 mars 2009 la situation actuelle de l’agriculture ainsi que la mise en œuvre au niveau luxembourgeois du bilan de santé de la PAC. En vue de soutenir le secteur agricole luxembourgeois dans ces temps de crise financière et économique, le Conseil de gouvernement avait donné son feu vert fin février 2009 au projet de loi portant modification de la loi du 18 avril 2008 concernant le renouvellement du soutien au développement rural. Les modifications proposées ont pour objet de mettre en place des instruments supplémentaires dans le cadre de la restructuration du secteur laitier et d'adapter les aides à l'installation des jeunes agriculteurs.

Le développement du marché du lait

Fernand Boden a souligné que l’agriculture, et notamment le marché du lait, traversent actuellement une période difficile à cause de la crise financière et économique. Les prix payés aux producteurs de lait fin 2008 étaient nettement inférieurs aux prix historiquement élevés enregistrés au cours de l'année 2007, qui s’élevaient de 45 à 50 cents par kilo de lait. En 2009, la situation s’est encore aggravée, même si les prix se trouvent actuellement au niveau de janvier 2007. Les prix de la viande de bœuf sont cependant stables, a-t-il expliqué.

Avec 35 %, le secteur du lait représente la plus grande partie de la production agricole luxembourgeoise. 860 structures agraires sont actuellement soumises à des quotas laitiers, et avec Luxlait, le Luxembourg dispose d’une importante entreprise de transformation de produits laitiers. Le ministre luxembourgeois de l’Agriculture estime que cette entreprise en cours de modernisation représente un bel exemple de développement durable qui permet de fabriquer des produits régionaux de qualité. Il pense qu’une bonne commercialisation de ces produits de qualité pourrait aboutir à une hausse de prix du lait au Luxembourg. Dans ce contexte, il a abordé la campagne "Sou schmaacht Lëtzebuerg – Luxembourg à la carte" qui débutera le 10 mars 2009 et dont l’objectif sera de sensibiliser les consommateurs vis-à-vis des avantages et des bienfaits des produits issus de l’agriculture luxembourgeoise et d’encourager davantage la gastronomie et les opérateurs de la restauration collective (cantines scolaires, hôpitaux, maisons de relais, de retraite, du secteur public…) à s’approvisionner avec des produits d’origine luxembourgeoise.

"Dès le début, le système des quotas laitiers, mis en place dans l’Union européenne dans le cadre de la Politique agricole commune (PAC) en 1984, n’a pas été bien accueilli par les producteurs de lait", a expliqué Fernand Boden. En effet, ce système décrié parce qu’il freine l’esprit d’entreprise et la croissance des structures agraires, et qu’il produit en plus des frais de rachat des quotas, constitue une importante intervention sur le marché du lait. Dans la volonté de réduire la régulation du secteur agricole, les Etats membres et la Commission européenne ont donc décidé de supprimer progressivement le système des quotas laitiers d’ici 2015. Fernand Boden pense qu’il faut préparer les producteurs de lait à cette situation et leur expliquer que la suppression des quotas peut engendrer une fluctuation générale des prix agraires, et surtout du lait. Il pense que le prix du lait devrait se stabiliser autour de 30 cents par kilo.

Fernand Boden a souligné que la période de conjoncture difficile que traverse actuellement le marché du lait n'est pas imputable à l'augmentation de 2,5 % des quotas pour la période de 2008-2009, mais est à mettre au compte de la crise financière qui touche le monde entier et des conséquences qui en découlent pour l'économie mondiale. En effet, les données statistiques disponibles sur les livraisons de lait aux laiteries au niveau communautaire démontrent clairement que l'augmentation des quotas laitiers, décidée par le Conseil CE en mars 2008, n'est pas à l'origine du déséquilibre qui prévaut actuellement sur le marché du lait. Jusqu'à présent, cette augmentation serait restée sans incidence sur le niveau de la production de lait dans l'Union européenne puisque les livraisons de lait aux laiteries effectuées pendant la période d'avril à novembre 2008 étaient même en recul de 0,3 % par rapport à celles enregistrées pour la même période de l'année 2007, période pendant laquelle le marché a connu une flambée des prix jamais enregistrée auparavant. "Au Luxembourg, la production du lait a augmenté et elle a même dépassé la quantité de référence nationale disponible, alors que les producteurs du Royaume-Uni, de l'Allemagne et de la France n'épuisent presque jamais leur quota national disponible", a expliqué Fernand Boden.

Les raisons de la chute des prix du lait

Fernand Boden a expliqué que les prix du lait de fin 2007 avaient un niveau extraordinaire et que cela ne pouvait être que temporaire. Suite à l'éclatement de la crise financière à travers le globe, le marché mondial en produits laitiers s’est littéralement effondré. A cela s'est ajouté que l'appréciation de l'euro par rapport au dollar américain n'a guère amélioré les potentialités des exportateurs communautaires. Les quantités non absorbées par le marché mondial ont pesé sur le marché communautaire et provoqué ainsi la chute des prix du lait payés aux producteurs.

En vue de soutenir le marché du lait et des produits laitiers, la Commission européenne a  donc réintroduit des restitutions à l'exportation pour les principaux produits laitiers de base que sont le beurre, le lait écrémé en poudre, le lait entier en poudre et les fromages. Par ailleurs, elle a avancé de deux mois l'entreposage de beurre dans le cadre du régime d'aide au stockage privé pour la campagne 2009-2010 et a signalé son intention d'autoriser au cours de l'année 2009 des entrées en stockage public de beurre et de poudre de lait écrémé supérieures aux quantités maximales prévues. Fernand Boden estime que la réinstauration des restitutions à l'exportation constitue une réponse appropriée pour faire face au déséquilibre actuel du marché laitier. Le recours à cet instrument temporaire permettra de stabiliser le marché laitier à moyen terme et constitue dès lors un remède efficace pour sortir de la situation excédentaire qui prévaut en ce moment.

Fernand Boden a rejeté les reproches soulevés à propos du caractère nocif des restitutions à l'exportation pour les producteurs de lait dans les pays en voie de développement comme non fondés du fait que les quantités de produits laitiers exportées vers ces destinations seraient marginales. "Dans le domaine de l’aide au développement, nous faisons beaucoup d’efforts", a-t-il déclaré en ajoutant que le Luxembourg, par le biais du ministère de la Coopération et de l’Action humanitaire, accorde un grand nombre d’aides aux pays en voie de développement, et surtout leur agriculture.

S’adressant aux producteurs de lait, Fernand Boden a souligné qu’ils doivent faire un effort pour diminuer les coûts de production par kilo de lait en investissant de façon raisonnable et rentable. Pour cela, ils peuvent recourir gratuitement aux aides mises à disposition par l’Etat sous forme de conseils économiques et de calculs de rentabilité financière de leurs investissements. "Actuellement, les agriculteurs utilisent beaucoup ces services", s’est réjoui le ministre de l’Agriculture, "ce qui montre qu’ils sont optimistes".

La mise en œuvre du bilan de santé de la PAC au Luxembourg

Dans le cadre de la mise en œuvre du bilan de santé de la PAC, Fernand Boden a souligné que des améliorations de l’agriculture luxembourgeoise ont été réalisées par rapport à la proposition de la Commission européenne :

  • Augmentation supplémentaire de seulement 5 % du transfert des paiements directs vers le budget consacré au développement rural d’ici 2012, alors que la Commission avait proposé une augmentation de 8 %. L’argent de cette "modulation" est utilisé dans les domaines du lait et de l’innovation (changement climatique, énergies renouvelables, gestion de l’eau et biodiversité).
  • Réduction de moitié de la correction matière grasse appliquée aux livraisons de lait au moment du décompte final annuel. Il est estimé que cette réduction se soldera au niveau national par une augmentation des quotas de 2,5 – 3 % à partir de 2009-2010.
  • L'augmentation des quotas décidée pour la période 2009 à 2013 est liée à une analyse des marchés que la Commission européenne doit présenter en 2010 et en 2012.
  • Les entrées en stockage public de beurre et de poudre de lait écrémé sont accordées.
  • Les interventions dans le secteur des céréales sont maintenues par mesure de sécurité.
  • Les aides à l'investissement pour les jeunes agriculteurs au titre du développement rural seront portée de 55 000 € à 70 000 €.

Au cours des semaines à venir, le bilan de santé de la PAC sera mis en œuvre au Luxembourg, notamment par l’augmentation de 25 000 € à 30 000 € de la prime de première installation accordée aux jeunes agriculteurs. Parallèlement, les jeunes agriculteurs pourront profiter d’une augmentation de la bonification d’intérêts de 25 000 € à 30 000 € en cas de reprise de la ferme. Pour encourager la formation des jeunes agriculteurs, un bonus leur sera également accordé : 7 500 € (par rapport à 5 000 € auparavant) aux techniciens et 10 000 € aux ingénieurs agronomes (par rapport à 5 000 € auparavant). En outre, le lien entre les quotas laitiers et les dimensions des investissements dans les infrastructures sera supprimé et le plafond de la prime à l’entretien du paysage sera élevé.

La réforme de secteur vitivinicole

Dans le contexte de la réforme de secteur vitivinicole de 2007, Fernand Boden a expliqué que les pratiques œnologiques traditionnelles ont pu être conservées. Les mesures de restructuration seront financées par la loi agraire et s’élèvent à environ 100 000 €. Les vignes seront intégrées dans le paiement unique de 587 000 € à partir de 2012, ce qui revient à environ 500 € l’hectare. Finalement, dans le cadre du régime de paiement unique, le Luxembourg va utiliser les fonds actuellement non dépensés pour augmenter toutes les primes de 2,5 % l’hectare, ce qui revient à un total de 300 000 €. Et il a conclu : "Tout cela pour encourager une bonne pratique agricole et viticole."