Le 12 mars 2009, Hans-Gert Pöttering, le président du Parlement européen, est intervenu à une conférence de l’association "The Bridge Forum Dialogue" au sujet des valeurs, des politiques et de l’économie de l’Union européenne. En présence de Vassilios Skouris, président de la Cour de Justice des Communautés européennes (CJCE), Jacques Santer, ancien président de la Commission européenne, Lucien Weiler, président de la Chambre des Députés, et des eurodéputés Erna Hennicot-Schoepges et Claude Turmes, il a abordé les sujets tels que la défense des valeurs européennes, le rôle du Parlement européen, la ratification du Traité de Lisbonne, le dialogue des cultures, le conflit au Proche Orient, l’adhésion de la Turquie à l’Union européenne et les relations avec la Russie. Dans ce cadre, il a déclaré qu’il ne peut y avoir d’élargissement sans ratification du Traité de Lisbonne, que les principes de l’économie de marché doivent être respectés et que la stabilité de l’euro doit être défendue.
Hans-Gert Pöttering, membre du Parlement européen depuis 1979, pense que le plus grand succès de l’Union européenne est qu’elle n’est pas seulement une entité géographique mais aussi une communauté de valeurs, telles que la dignité humaine, les droits de l’homme, la démocratie, la liberté, la paix, la solidarité et la subsidiarité. "Nous devons défendre ces valeurs dans le monde et nous devons défendre les droits de l’homme dans le monde, c’est notre devoir !", a-t-il souligné. C’est notamment dans ce même ordre d’idées que le Parlement européen aurait adopté le 12 mars 2009 une résolution au sujet du Tibet.
Une des plus belles expériences de Hans-Gert Pöttering était, selon lui, la signature de la déclaration de Berlin à l’occasion du 50e anniversaire de la signature des Traités de Rome ensemble avec la chancelière allemande, Angela Merkel, et le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso. Cette déclaration commence par les mots "Notre chance pour nous, citoyennes et citoyens de l'Union européenne, c'est d'être unis", mais Hans-Gert Pöttering pense que l’Union européenne ne se rend pas toujours compte de ses grands avantages.
"Comme nous comptons plus de citoyens que les Etats-Unis, il s’avère souvent compliqué de vivre ensemble, mais nous devons nous respecter mutuellement, tant les petits que les grands. C’est une chose vitale !", a ajouté Hans-Gert Pöttering. Il a alors abordé l’adhésion des pays de l’Europe centrale et de l’Est à l’Espace Schengen le 21 décembre 2007 en soulignant qu’il faut avoir la conscience historique de l’importance de l’ouverture des frontières. "Avant, il y avait la guerre entre la Pologne et l’Allemagne, aujourd’hui, les Polonais sont les bienvenus en Allemagne et les Allemands sont les bienvenus en Pologne", a-t-il déclaré en ajoutant : "Ceci est le message européen : notre unité est fondée sur nos valeurs !" Il a expliqué que les pays de l’Europe centrale et orientale ont pu adhérer à l’Union européenne parce qu’il y a eu un changement dans leurs pays et parce que les régimes totalitaires y ont échoué. Il pense que cela est un succès de l’être humain qui "est responsable pour lui-même mais aussi pour la communauté".
Abordant l’importance croissante du rôle que joue le Parlement européen dans le processus décisionnel de l’UE, Hans-Gert Pöttering a souligné qu’il est un législateur de codécision qui décide déjà dans 75 % des cas, et dans presque 100 % des cas si le Traité de Lisbonne entrera en vigueur. "Mais", a-t-il continué, "le pouvoir du Parlement européen va au-delà de la codécision, et il a déjà souvent arraché un compromis à la Commission et au Conseil, notamment dans le contexte de la directive ‘services’, de la directive REACH et du paquet climat/énergie". Dans le cadre du Traité de Lisbonne, le président du Parlement européen souhaite que tous les obstacles au processus de sa ratification vont être surmontés et que la Cour fédérale de Justice en Allemagne donne sont feu vert, de même que le président de la Pologne, le Sénat tchèque et les citoyens de l’Irlande.
"Une des priorités de l’Union européenne est d’être patiente", a déclaré Hans-Gert Pöttering en se montrant persuadé que "sa volonté de coopération et de partenariat va lui permettre de réussir". Il a expliqué qu’un des défis majeurs de l’UE est d’entretenir un dialogue des cultures basé sur la tolérance mutuelle, et de ne pas permettre un conflit des civilisations, notamment avec le monde islamique. "Mais tout cela n’est pas non plus à sens unique", a-t-il précisé, "les musulmans ont des droits chez nous, mais nous devons aussi avoir des droits chez eux. Nous devons défendre nos droits !"
Hans-Gert Pöttering a également exprimé son avis sur le conflit au Proche Orient : "Nous avons besoin d’une solution pacifique, qui doit être à mon avis la solution de deux Etats, qui permet de conserver la dignité des Israéliens et des Palestiniens, de créer une meilleure entente et de donner une perspective économique et politique à la Palestine."
Le président du Parlement européen a souligné qu’il ne peut y avoir d’élargissement sans ratification du Traité de Lisbonne. "Nous avons besoin d’une Union européenne forte, basée sur le Traité de Lisbonne, parce que le processus d’unification européenne ne peut pas se faire uniquement dans le marché économique", a-t-il déclaré.
Abordant l’adhésion de la Turquie à l’Union européenne, il a expliqué que la majorité du Parlement européen y est favorable mais que son opinion personnelle est que cette adhésion représente "un trop grand défi pour des raisons politiques, économiques et culturelles". Il pense que les relations entre l’Union européenne et la Turquie devraient plutôt se dérouler dans le cadre d’un partenariat privilégié. "L’adhésion de la Turquie ne se fera donc pas automatiquement après les négociations, mais elle fera l’objet d’un vote lors duquel les députés européens doivent être libres de choisir entre oui et non". Parallèlement, il espère que le processus de réformes continuera en Turquie, même si elle n’adhère pas à l’Union européenne.
"Je suis profondément convaincu que la relation entre la Russie et l’Union européenne est vitale pour le 21e siècle", a déclaré Hans-Gert Pöttering en abordant la récente crise énergétique. Il pense que les problèmes entre l’Ukraine et la Russie ne doivent pas être les problèmes de l’Union européenne et qu’il faut, pour cette raison, diversifier les sources d’énergie en exploitant tout l’éventail des possibilités – énergie renouvelable, pétrole, gaz, énergie nucléaire, charbon – et avoir recours à un mélange responsable d’énergies. D’après Hans-Gert Pöttering, l’Union européenne doit aussi diversifier les fournisseurs d’énergie pour ne pas perdre sa liberté et être pris en otage par quelques fournisseurs.
Abordant les défis économiques de l’Union européenne, Hans-Gert Pöttering a souligné que les principes de l’économie de marché doivent être respectés et qu’il ne faut pas lever des barrières entre les différents Etats membres, sinon on risque de détruire la compétitivité du marché intérieur. Dans ce même ordre d’idées, il pense qu’il faut défendre la stabilité de l’euro, sans lequel nous aurions aujourd’hui "encore beaucoup plus de difficultés". Dans ce contexte, il a souligné l’important rôle que joue le Premier ministre luxembourgeois Jean-Claude Juncker en tant que président de l’Eurogroupe. Il a également annoncé que le Premier ministre britannique Gordon Brown souhaite présenter sa position devant le Parlement européen en vue du G20 à Londres. "J’ai l’impression que les responsables politiques commencent à se rendre compte qu’il est important de travailler ensemble", a-t-il expliqué.
"Nous sommes une communauté de droit et nous devons défendre ces droits parce qu’ils sont à la base du processus d’unification européen", a souligné Hans-Gert Pöttering, "mais nous ne devons pas aller trop loin en harmonisant tout. Nous devons respecter les identités locales, régionales et nationales et trouver une balance entre les différents niveaux sans les anéantir par la législation européenne". Il a souligné qu’il est important d’expliquer aux gens ce qui se passe dans l’Union européenne, parce qu’elle "est unique au monde" et elle a réalisé beaucoup plus de choses qu’il ne l’avait imaginé en 1979. Il est d’avis qu’il faut avoir le courage de continuer parce que le plus haut niveau n’est toujours pas atteint. En guise de conclusion, il a cité Hillary Clinton qui a parlé du "miracle européen" et il a ajouté "elle a raison, continuons donc !"