Après avoir soumis une ébauche de son programme européen aux citoyens sur Internet en janvier 2009 suite à son congrès de Moutfort, le CSV vient de finaliser son programme européen et de le présenter au public.
Pour Viviane Reding, commissaire européenne et tête de liste du CSV aux élections européennes, ce programme est "construit sur des décennies de tradition européenne à laquelle les hommes et femmes politiques du CSV ont largement contribué pour que l’UE soit devenue ce qu’elle est aujourd’hui".
"Bien sûr, le CSV voudrait que la dimension sociale soit plus accentuée en Europe qu’elle ne l’est pour l’instant", a regretté la commissaire. "Mais l’UE ne peut pas faire plus que ce sur quoi les 27 Etats membres arrivent à se mettre d’accord", a-t-elle rappelé. Malgré tout, l’UE demeure pour elle l’union d’Etats qui a pu enregistrer les plus grands succès. Son élargissement qui a inclus 12 nouveaux Etats en 5 ans, la protection qu’offrent l’euro et la BCE alors que la crise frappe durement, en témoignent clairement pour Viviane Reding.
Le CSV s’engage fortement dans cette UE pour le développement de l’économie sociale de marché, un concept qui n’est pas nouveau selon Reding, mais qui a toujours, depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, l’avantage d’induire un équilibre entre la politique économique et la politique sociale. L’UE est plus qu’une zone de libre échange pour les chrétiens-sociaux luxembourgeois.
Les grands axes du programme européen du CSV sont "un Luxembourg fort au sein d’une Europe forte", une "Europe solidaire", une "Europe de l’innovation" et une "Europe des citoyens".
Le premier axe, "un Luxembourg fort au sein d’une Europe forte", revendique plus d’intégration politique en Europe, l’unité des Etats membres face aux autres grands dans le cadre d’une politique extérieure et de sécurité commune, l’entrée en vigueur du Traité de Lisbonne, des décisions européennes où grands et petits Etats participent de manière égale et le retour aux principes fondateurs et aux réunions qui ont un fondement légal ancré dans les traités européens.
Le deuxième axe, "pour une Europe solidaire", se réfère "à un modèle combinant succès économique et responsabilité sociale" et une solidarité des Européens qui "doit se faire sentir tant à l’intérieurde l’Union que vers l’extérieur". A l’intérieur, elle signifie la pérennisation des systèmes de protection sociale, le renforcement de la dimension sociale, comme le CSV l’a déjà exposé dans ses "Dix thèses pour l’Europe sociale", le renforcement des droits des citoyens à travers la Charte des droits fondamentaux, la sécurité des citoyens à travers une coopération renforcée des polices et de la justice en Europe. Vers l’extérieur, cette solidarité veut dire renforcement de la politique de coopération au développement, et ce malgré la crise.
Le troisième axe, "pour une Europe de l’innovation", met l’accent sur le soutien de l’UE et des Etats membres aux "industries porteuses d’avenir", aux PME, à l’accès facilité des PME et du secteur agricole et viticole innovant, notamment aux crédits et aux programmes-cadre de recherche ainsi qu’aux fonds sociaux et structurels. Le Luxembourg doit, selon le CSV, continuer de développer, dans le cadre du marché intérieur, ses différents secteurs : financier, des médias, des télécommunications et des satellites ainsi que du commerce électronique. L’accès de tous à l’Internet à grande vitesse et les technologies sont de nouveaux secteurs compétitifs.
Le quatrième axe, "pour une Europe des citoyens", plaide pour une Europe capable d’avoir des règles plus claires et de mieux expliquer ses résultats, qui protège encore mieux ses consommateurs, notamment dans les domaines de l’énergie, des transports et des télécommunications, qui donne à tout jeune la possibilité de passer six mois dans un autre Etat membre dans le cadre de sa formation, qui réalise pleinement l’égalité de traitement des hommes et des femmes, une Europe aussi qui soit celle de la diversité culturelle "dans laquelle les petits ensembles linguistiques et culturels trouvent pleinement leur place".
Suite à une question d’un journaliste sur la manière dont les démocrates-chrétiens européens aborderont la dimension sociale de l’Europe après le Congrès du PPE de Varsovie, Viviane Reding, un peu hésitante, a déclaré que "le PPE est l’expression de la diversité de l’Europe", mais que le CSV est chrétien-social et devra chercher des alliés au sein du Parlement européen pour sa politique, y compris, comme c’est l’usage dans l’enceinte de Strasbourg, dans les rangs d’autres partis.
La députée européenne sortante et candidate à sa réélection Astrid Lulling a expliqué, pourquoi selon elle le groupe PPE sera plus homogène. En effet, les conservateurs britanniques n’en feront plus partie lors de la prochaine législature. Les eurosceptiques le quitteront également. "Il y aura donc moins de problèmes pour la dimension sociale, notamment sur des questions comme la directive temps de travail, et même si nous serons moins, nous serons plus cohérents." Astrid Lulling parle d’expérience. Elle est membre du Parlement européen depuis 20 ans et y a également siégé pendant neuf ans, entre 1965 et 1974, lorsque le PE n’était pas encore élu au suffrage universel.