Lors d’une visite de travail en Serbie, le ministre des Affaires étrangères luxembourgeois, Jean Asselborn, a plaidé le 2 septembre 2009 pour une adhésion de la Serbie à l’Union européenne. Le ministre a admis que sa position, qui n’est pas nouvelle, n’est pas forcément populaire et qu’elle se situe à contre-courant de la lassitude des Européens à l’égard du processus d’élargissement de l’UE. Mais pour Asselborn, il n’y a pas d’alternative à une adhésion de la Serbie. Elle est selon lui le pays le plus grand et économiquement le plus fort de la région. Sa stabilisation est essentielle pour la stabilité des Balkans occidentaux, et dans ce contexte donner une perspective européenne à la Serbie, donc envisager son adhésion à l’UE, constitue le facteur de stabilisation le plus efficace de ce pays.
Plusieurs obstacles s’opposent à cette adhésion. D’abord, aucune nouvelle adhésion à l’UE ne peut être envisagée sans ratification du Traité de Lisbonne. Ensuite, l’Accord de stabilisation et d’association (ASA), signé en avril 2008 à Luxembourg entre le Conseil de l’UE et la Serbie, et qui constituait aux yeux des acteurs concernés le premier pas vers une adhésion de la Serbie à l’Union européenne, n’a pas encore été ratifié à cause de l’opposition des Pays-Bas. Les Néerlandais considèrent que les autorités serbes ne coopèrent pas pleinement avec le Tribunal pénal international saur l'ex-Yougoslavie (TPIY), une pleine coopération avec le TPIY étant une condition essentielle pour les relations entre l’UE et la Serbie. Les Pays-Bas ne ratifieront donc pas l’ASA tant que le général Ratko Mladic, recherché pour crimes contre l’humanité, ne sera pas livré par les autorités serbes au TPIY en signe de pleine coopération.
Jean Asselborn, qui est convaincu que le gouvernement serbe actuel fait tout ce qui est possible pour s’emparer des trois criminels de guerre qui sont encore recherchés, alors que 43 personnes sur 46 ont déjà été livrées par la Serbie au TPI, ne partage pas la position des Pays-Bas. Il a estimé à Belgrade que la position des Pays-Bas délaie non seulement l’adhésion de la Serbie, mais freine en général le processus d’élargissement dans les Balkans occidentaux. "Nous ne devrions pas jouer avec le feu. Si une perspective à l’adhésion n’est pas donnée bientôt, la région pourrait à long terme de nouveau dériver vers la déstabilisation et de nouveaux conflits."