Les réactions des producteurs laitiers n’ont pas tardé à suivre le Conseil Agriculture du 7 septembre 2009 à l’occasion duquel la situation du marché du lait a été longuement débattue. Si la déception semble primer, les choix des syndicats diffèrent au Luxembourg. Les trois syndicats agricoles majoritaires, la Centrale paysanne, le Fräie Letzebuerger Bauereverband (FLB) et la Bauerenallianz ont fait le choix de lancer un appel au ministre de l’Agriculture Romain Schneider tout en refusant de se lancer dans une grève ou toute action qui "prendrait en otage les consommateurs". Le European Milk Board (EMB), auquel appartient le Luxembourg Dairy Board (LDB), a tenu pour sa part une assemblée générale à Paris le 10 septembre et a annoncé "la révolte des producteurs laitiers".
Le 9 septembre 2009, les trois principaux syndicats agricoles luxembourgeois, la Centrale paysanne, le Fraie Letzebuerger Bauereverband (FLB) et la Bauerenallianz ont réagi par voie de communiqué aux résultats du Conseil Agriculture en faisant part de leur déception.
Si les représentants de ces syndicats annoncent qu’ils n’ont pas l’intention de faire une grève du lait ni d’organiser quelque action que ce soit qui aurait pour conséquence de prendre les citoyens en otage, c’est parce qu’ils estiment que cela n’arrangerait en rien la situation, qui reste "dramatique", et que cela risquerait même d’aggraver la situation déjà précaire des producteurs de lait. Leur objectif est au contraire de gagner les consommateurs à leur cause.
C’est dans un premier temps à la Commission européenne que les auteurs du communiqué s’en prennent, car elle s’en est, selon eux, tenue strictement tenue à ses positions et elle ne s’est pas montrée prête à prendre les mesures de soutien supplémentaires nécessaires. La Présidence suédoise est ensuite visée en raison du soutien qu’elle a accordé à la commissaire européenne Mariann Fischer Boel. Pour les syndicalistes luxembourgeois il ne faut pas s’en étonner au vu de l’orientation de la politique agricole commune menée par le gouvernement suédois qui vise une pleine libéralisation des marchés.
Ce qu’attendaient les syndicats agricoles luxembourgeois, ce n’était certes pas une réduction des quotas de toute façon impossible à obtenir, mais des mesures complémentaires visant à soutenir les ventes et donc à soulager le marché du lait. Des mesures qu’ils estimaient "légales, réalisables et surtout nécessaires de toute urgence". Une augmentation des prix d’intervention aurait été selon eux "un signal pour les marchés", de même que le soutien à des utilisations supplémentaires des produits laitiers, par exemple dans les secteurs de la boulangerie ou bien de l’alimentation animale.
Pour les syndicats, la Commission européenne a une fois de plus rejeté les revendications des ministres ce qui montre selon eux qu’elle "joue avec le temps et qu’elle rejette la responsabilité sur les Etats".
C’est donc au ministre de l’Agriculture, Romain Schneider, que s’en remettent les syndicats en l’invitant à veiller, et ce dès la prochaine réunion informelle du Conseil Agriculture, qui aura lieu du 13 au 15 septembre 2009 à Växjö, à ce que soit donné suite sans tarder aux revendications que 16 ministres de l’Agriculture ont soumis à la Commission européenne sous la forme d’un document commun lors du Conseil du 7 septembre 2009.
En plus des mesures d’urgences visant à soulager le marché, il y est proposé, comme le rappellent les syndicats dans leur communiqué, de prendre des mesures visant à renforcer la position des producteurs sur le marché mais aussi de mettre en œuvre un marquage clair des produits de substitution.
Le ministre est aussi invité à prendre des mesures nationales de soutien.
Le président du LDB, syndicat luxembourgeois de producteurs de lait qui est membre de l’European Milk Board (EMB), Fredy de Martines avait déjà réagi au lendemain du Conseil sur les ondes de RTL radio, en faisant part, lui aussi de sa déception. Selon lui, rien n’aurait été décidé "pour" les producteurs de lait, mais bien "contre" eux. Il regrette ainsi que la Commission "ne reste, de façon obstinée et arrogante, sur ses positions" et il juge les conclusions du Conseil "extrêmement provocantes".
Le 10 septembre, les membres du EMB venus de toute l’Europe se réunissaient à Paris pour une assemblée générale. Au cours de la conférence de presse qui l’a suivie, les représentants de ce syndicat ont annoncé "la révolte des producteurs laitiers". Ils ont déclaré qu’il fallait "s’attendre à ce que de nombreux producteurs laitiers aillent jusqu’au bout et interrompent leurs livraisons de lait".
Les représentants de l’EMB ont appelé les politiques européens "à changer de cap dans leur politique agricole". Ils ont réitéré les revendications que l’EMB a remises le 1er septembre 2009 aux instances politiques européennes qui demandent au Conseil européen et à la Commission européenne d’engager des mesures à moyen terme permettant une régulation de l’offre qui soit souple et s’adapte à la demande. Aux vues d’un excédent qui ne cesse de s’accroître, l’EMB demande par ailleurs d’aider à pallier immédiatement cette situation des prix catastrophique en réduisant rapidement les volumes de lait.