Le 12 octobre 2009, les ministres de la Santé des 27 se sont réunis à Luxembourg pour un Conseil extraordinaire consacré à la grippe A (H1N1). C’est la troisième fois qu’ils se rencontrent pour parler de cette pandémie, depuis la réunion d’avril 2009 et le Conseil informel de juillet 2009, et ils ont adopté, à l’unanimité, un projet de conclusions qui se base en grande partie sur la communication présentée par la Commission européenne le 15 septembre 2009.
Ainsi que l’a souligné Mars di Bartolomeo, le ministre de la Santé luxembourgeois, à l’issue de cette réunion, les discussions ont porté essentiellement sur l’utilité de la coopération communautaire en relation avec trois aspects essentiels de la préparation pandémique.
D’une part, les ministres ont abordé la question de la solidarité, car les moyens disponibles et mis en œuvre diffèrent selon les pays, et le ministre a souligné l’importance de penser aussi aux pays qui n’auront pas ou pas assez de vaccins au sein de l’UE, mais aussi en dehors de l’UE, dans les pays en voie de développement notamment.
Les ministres ont ensuite convenu de la nécessité d’une approche multisectorielle de la préparation pandémique, car ce qui est en premier lieu un problème de santé publique peut avoir des conséquences sur une grande partie de l’économie et dans des secteurs comme l’éducation par exemple. Il s’agit donc pour les 27 de ne pas négliger la préparation dans ce domaine, car le taux de pénétration de la grippe pourrait atteindre jusqu’à 30 % de la population.
Enfin, Mars di Bartolomeo a insisté sur le troisième point sur lequel se sont entendus les ministres de la Santé de l’UE, à savoir qu’il est essentiel de veiller à diffuser, dans les campagnes d’information et dans la communication avec le public, un message clair, basé sur des faits avérés, et surtout formulé de façon cohérente et concertée, car on peut imaginer les conséquences que pourraient avoir des messages contradictoires dans les différents pays de l’UE.
Pour ce qui est du volet strictement luxembourgeois de la question, Mars Di Bartolomeo a constaté que la grippe A (H1N1) se répandait plus rapidement qu’avant. Au cours des trois dernières semaines, il y a eu 160 nouveaux cas recensés au Luxembourg, 32 personnes sur 100 000, ce qui ne porte pas le Luxembourg en tête des cas par 100 000 habitants dans l’UE, mais indique surtout une rapidité croissante de la diffusion du virus. A l'exception d'un cas mortel chez une personne atteinte de maladies chroniques, tous les autres cas ont évolué de manière bénigne. Dans 80 % des cas les personnes touchées avaient moins de 30 ans. 45 % des cas ont entre 10 et 19 ans. Aucune personne âgée de plus de 58 ans n’a été touchée par la grippe, ce qui montre que ces personnes bénéficient d’une immunité résiduelle obtenue au contact d’un virus similaire. Aucune hospitalisation n’a été nécessaire dans les cas de grippe recensés.
Néanmoins, la vigilance doit continuer à régner. Mars Di Bartolomeo a clairement dit qu’il ne faut pas sous-estimer le risque que courent dans le cas de la grippe A (H1N1) les patients à risque. D’où une nouvelle phase de préparation pour parer à la grippe. Les vaccins commandés par le Luxembourg vont arriver dans les prochaines semaines. Ils seront administrés aux personnes à risque qui le voudront à partir du 27 octobre dans 7 centres, dont 2 seront à Luxembourg, tandis que les autres seront installés à Esch-sur-Alzette, Differdange, Diekirch, Berbourg et Wiltz . Sur cette liste de priorité figurent selon les règles coordonnées avec l’OMS, l’UE et le Comité supérieur d’hygiène les personnels du secteur de la santé, les personnes en contact avec des nourrissons de moins de 6 mois, entourage et personnel compris, les nourrissons à partir de 6 mois, les malades à risque, les femmes enceintes et l’entourage de patients affectés par une déficience immunitaire. Plus il y a aura de vaccins, plus la liste des personnes susceptibles de pouvoir être vaccinées sera élargie. "Il y a aura assez de vaccins pour toutes les personnes qui voudront être vaccinées", a rassuré le ministre de la Santé. Plus de détails seront annoncés le lundi 19 octobre.
Pourquoi donc tant de préparation pour une grippe qui a l’air bénigne ? Cette question souvent posée aux autorités a pour Mars Di Bartolomeo une réponse simple. Normalement, on dispose du vaccin contre la grippe saisonnière avant que celle-ci n’arrive. Dans le cas de la grippe A (H1N1), la grippe est arrivée avant le vaccin. Les personnes à risque sont donc plus menacées que d’habitude. D’où la nécessité de se préparer, d’autant plus que les experts prévoient un taux d’attaque plus important qu’en cas de grippe saisonnière normale. "Je préfère qu’à la fin nous en ayons fait trop plutôt que pas assez", a conclu, serein, le ministre.
Un premier arrivage de 60 000 vaccins est prévu dans les prochains jours. D’ici à la fin de l’hiver, 700 000 doses devraient arriver au Luxembourg. Comme il y a dans l'UE au moins 5 pays qui n’ont pas pu acheter ou pas commandé assez de vaccins, le Luxembourg s’attend à ce que les vaccins prévus pour sa propre population suffisent et puissent, à titre gratuit, entrer dans l’effort de solidarité au sein de l’UE. Pour le ministre de la Santé luxembourgeois, cette solidarité s’impose de soi : "Endiguer la grippe dans un Etat membre, c’est tout comme endiguer la grippe chez soi".