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Droits fondamentaux, lutte contre la discrimination - Opinion
Un nouvel Eurobaromètre sur la discrimination révèle la crainte montante des Européens devant les discriminations pour des raisons d’âge
Le Luxembourg compte parmi les pays les moins touchés par la crainte et des faits liés à la discrimination
09-11-2009


eurobarometerLa Commission européenne a publié le 9 novembre 2009 un Eurobaromètre sur la discrimination. L’Union européenne dispose de la législation anti-discrimination la plus étendue dans le monde. Deux directives interdisent la discrimination sur le lieu de travail basée sur l’origine raciale ou ethnique, la religion, le handicap, l’âge ou l’orientation sexuelle et prônent l’égalité de traitement. Par rapport aux eurobaromètres précédents, des questions sur l’effet de la crise sur la discrimination ont été ajoutées.

Le sondage montre que les discriminations pour des raisons ethniques sont, avec 61 %, les plus répandues. Suivent les discriminations basées sur l’âge (58 %) et sur le handicap (51 %). Par rapport à 2008, les personnes interrogées sont devenues plus sensibles à la discrimination pour des raisons d’âge, avec + 16 %, et à cause du handicap (+ 8 %). La discrimination pour des raisons d’orientation sexuelle est considérée par 47 % des citoyens de l’UE comme répandue (- 4%) Un tiers des Européens pensent que la discrimination à cause de la religion ou du genre sont répandues, tout en étant plus rares.

Un résident de l’UE sur 6 dit avoir été victime d’une discrimination lors des derniers 12 mois. Les discriminations les plus vécues lors de ces derniers 12 mois par les personnes interrogées ont été l’âge (6 %), le genre et l’origine ethnique (3 %). Plus une personne dit appartenir à une minorité, plus elle se sent discriminée.

Pour ce qui est de l’attitude des répondants à l’idée de voir occuper une fonction suprême des représentants de différents groupes, les personnes interrogées se sentent, sur une échelle qui va de 1 à 10, à l’aise avec une femme (8,5 %) ou une personne handicapée (7,4 %), mais moins à l’aise avec une personne ayant une orientation sexuelle ou une religion minoritaire (6,5 %), ou encore une origine ethnique différente de la majorité (6,2 %). 

Origine ethnique

46 % des résidents du Luxembourg pensent que la discrimination pour des raisons ethniques est répandue, ce qui est bien en-deçà de la moyenne européenne de 61 %. Chez leurs voisins, cette opinion va bien au-delà, avec l’Allemagne (54 %), la Belgique 71%, et la France avec 79 %

L’âge

Les Luxembourgeois sont seulement 37 % à penser que la discrimination pour des raisons d’âge est fréquente, alors que la proportion des Européens à le penser a fortement augmenté, passant de 48 à 58 %.  En France, ce sont 68 % des personnes qui pensent que cette discrimination est répandue, et ils sont 53 % en Belgique et 48 % en Allemagne à le penser.

Le handicap

Les Luxembourgeois et leurs voisins allemands sont aussi seulement 43 % à penser que la discrimination à cause du handicap est répandue, comparés à 53 % d’Européens, 74 % de Français et 63 % de Belges.

L’orientation sexuelle

Les Luxembourgeois sont 39 % à penser qu’il y a des discriminations pour cause d’orientation sexuelle, contre 47 % des Européens, 61 % des Français, 45 % des Belges, et 36 % des Allemands, les plus détendus sur cette question.

Le genre

53 % des Européens pensent que les discriminations pour des raisons de genre sont rares, 40 % qu’elles sont répandues. Les résidents du Luxembourg pensent à 69 % qu’elles sont rares, et à 25 % qu’elles sont répandues. Ils rejoignent ainsi l’Allemagne, mais se différencient fortement de la France, où l’on pense à 54 % que les discriminations à cause du genre sont fortement répandues. 

La religion et les convictions

30 % des Luxembourgeois seulement pensent que la discrimination pour des raisons religieuses est répandue, contre 39 % des Européens, 58 % des Français, 54 % des Belges et presque comme les Allemands (32 %).

La lutte contre la discrimination

Les Européens sont divisés sur la question de savoir si les efforts pour lutter contre la discrimination sont suffisants, 49 % pensant qu’ils le sont, 44 % pensant qu’ils sont insuffisants. Comme en 2008, le Luxembourg fait partie, avec 62 %, du groupe de tête des pays qui pensent que les efforts sont suffisants, suivi par la Belgique (60 %) et l’Allemagne (58 %).La France par contre fait partie des pays où les personnes ne pensent qu’à 43 % que ces efforts sont suffisants.

La connaissance des lois anti-discrimination

Le degré de connaissance de ces lois n’a, avec un tiers des personnes interrogées qui disent les connaître, guère changé depuis 2008. Cela vaut également pour le Luxembourg, avec 32 %. Chez ses voisins, le degré de connaissance de ces lois est de 38 % en France, 32 % en Belgique et de seulement 26 % en Allemagne.

Chez qui porter plainte?

55 % des Européens préfèrent porter plainte auprès de la police pour des faits de discrimination. 51 % envisagent de passer par un avocat. Au Luxembourg, les personnes interrogées sont même 71 % à préférer porter plainte auprès de la police. L’organisme national de lutte contre la discrimination n’est mentionné que par 35 % des Européens, et 36 % des Luxembourgeois.

L’impact de la crise sur la discrimination

Le sondage Eurobaromètre a permis de révéler qu’il y a un lien fort entre la crise économique et la perception plus forte de la discrimination pour des raisons d’âge. 64 % des Européens pensent que la crise économique va conduire à plus de discriminations sur le marché du travail pour des raisons d’âge. Ils sont aussi plus de 50 % à penser que l’origine ethnique (57 %) et le handicap (56 %) vont être plus discriminés. Un défi pour l’UE ! Les Européens sont par ailleurs divisés sur la question de savoir si la crise va avoir un impact sur les discriminations pour cause de genre ou religion. L’orientation sexuelle ne joue pour une grande majorité aucun rôle en relation avec la crise.

L’effet anti-discrimination du lien social

L’enquête a pour le reste mis en exergue le fait que le mécanisme social de la discrimination se trouve contrecarré par les liens sociaux que les personnes appartenant à des groupes discriminés nouent avec leur entourage – leurs amis étant sensibles aux discriminations auxquelles elles peuvent être exposées – et par l’éducation. Ce qui est encourageant pour les décideurs de l’UE. Cela explique peut-être beaucoup les résultats pour le Luxembourg. En effet, 76 % des résidents du Luxembourg, contre 64 % des Européens, comptent parmi leurs amis des personnes de religion ou de croyance différentes. 76 % ont des relations parmi des personnes d’origine ethnique différente, contre 57 % des Européens. 66% connaissent bien des handicapés contre 58 % en UE. 57 % comptent des homosexuels parmi leurs amis ou connaissances, contre seulement 38 % en UE. Il n’y a que les Romas, peu présents au Luxembourg, dont seulement 8 % des Luxembourgeois disent qu’ils comptent quelqu’un de cette minorité parmi leurs relations, contre 17 % en UE..    

Contexte

Les 16 et 17 novembre 2009, la présidence suédoise de l’Union et la Commission européenne organiseront le troisième Sommet européen de l’égalité à Stockholm. Ce rendez-vous annuel entend rappeler aux dirigeants à l’échelon européen et national le caractère éminemment prioritaire des enjeux liés à la discrimination et à la diversité, et favoriser les échanges d’expérience et de connaissances; l’objectif est de définir des moyens de contrer plus efficacement toutes les formes de discrimination.

Cette nouvelle enquête est la troisième d’une série de sondages Eurobaromètre spécialement consacrés à la discrimination en Europe, dont le but est de déterminer l’évolution des perceptions et des opinions au cours des dernières années. Elle a été réalisée du 29 mai au 15 juin 2009, auprès d'un échantillon de 26 756 personnes interrogées dans trente pays européens (les vingt-sept États membres et les trois pays candidats). Cette fois, de nouvelles questions relatives aux effets de la récession sur la perception de l’ampleur des discriminations avaient été ajoutées. En outre, l’enquête s’étendait pour la première fois aux trois pays candidats, à savoir la Croatie, l’ancienne République yougoslave de Macédoine et la Turquie. Les enquêtes précédentes avaient été menées en 2006 et 2008.