Le 21 janvier 2010, l’eurodéputé socialiste Robert Goebbels a convoqué une conférence de presse qui visait avant tout à attirer l’attention de l’opinion publique sur la situation dans la Bande de Gaza. Visiblement ému, l’eurodéputé luxembourgeois revenait tout juste d’une visite à Gaza de quelques jours organisée dans le cadre de la campagne européenne "End the siege of Gaza" et il tenait à apporter son témoignage. "J’ai vu la misère", a déclaré Robert Goebbels qui a poursuivi en se demandant "quel avenir avaient ces 700 000 enfants qui grandissent dans une prison à moitié détruite". Il a jouté : "Peu m’importe qui sont les bailleurs de fonds de ce voyage. Dans ce cas, c’étaient des Palestiniens. Mais je voulais voir de mes propres yeux."
Pour arriver à Gaza, Robert Goebbels a dû, comme toute les membres de cette mission composée d’une quinzaine d’eurodéputés et d'une quarantaine de députés nationaux de tous bords, à l’exception du PPE, passer par Le Caire, car l’accès à Gaza leur avait été refusé par Israël. Pendant son séjour sur ce territoire disputé qu’il a comparé, par sa taille, aux cantons de Luxembourg et de Remich réunis, et ce alors que la population qui y vit atteint 1,5 millions de personnes, le parlementaire européen a fait le constat d’une situation de désolation suite à la guerre commencée le 27 décembre 2008 par une opération israélienne à Gaza.
En se retirant le 21 janvier 2009, trois jours après que le cessez-le-feu et juste après l’entrée en fonction du président américain Barack Obama, l’armée israélienne a selon, les mots de l’eurodéputé "laissé un champ de ruines".
Le récit de Robert Goebbels est marqué par les nombreuses personnes mutilées qu’il a pu voir et si l’eurodéputé, bouleversé, se dit conscient que ces images choquantes sont aussi utilisées par le régime du Hamas pour faire de la propagande, il n’en reste pas moins très choqué par cet enfant de 6 ans, aveugle et amputé, qui, lorsqu’il lui a demandé ce qu’il voulait faire quand il serait grand, lui a répondu : "I want to destroy Israel".
Au-delà des blessés, nombreux, et des 1 400 morts côté palestinien, dont près de la moitié étaient des femmes et des enfants, les destructions ont été très importantes. Pour Robert Goebbels, qui s’est appuyé tout au long de sa conférence de presse sur les conclusions du rapport Goldstone, l’opération israélienne avait certes valeur d’action punitive, mais il s’est agi aussi de détruire les bases économiques de Gaza, de sorte que des objectifs ont été pris pour cibles qui n’avaient pas de valeur stratégique sur le plan militaire. Pour Robert Goebbels, Israël a voulu, par une action qu’il juge "disproportionnée", "punir la population pour avoir élu le Hamas". Ecoles, casernes de police, université, hôpitaux, siège du Parlement, ministères furent touchés, tandis que ce qui constituait le tissu économique et agricole de Gaza a été en grande partie détruit.
La situation de ce petit territoire quasiment désertique et très peuplé est encore, ainsi que l’a raconté le député socialiste, aggravée par le fait qu’Israël a complètement isolé Gaza. En plus des accès très difficiles le long de la frontière avec Israël, l’Egypte est en ce moment en train de renforcer le mur clôturant la frontière de façon à faire cesser la contrebande qui se fait par des tunnels. Sous la pression israélienne, et avec l’aide, selon la BBC, de militaires américains, les Egyptiens installent un mur d’acier qui s’enfoncera jusqu’à 20 mètres de profondeur tout le long des 12 kilomètres de frontière. Leur objectif : empêcher que les tunnels ne servent à l’exfiltration de terroristes et à l’importation d’armes. Mais aux yeux de Robert Goebbels, Gaza devient de la sorte "un véritable ghetto".
Une grande partie de la population vit avec 60 % d’une ration alimentaire journalière normale ainsi que l’a raconté aux membres de la mission le représentant de l’ONU sur place selon lequel il manquerait 40 millions d’euros pour pouvoir nourrir les enfants qui vont à l’école. L’UNRWA l’agence des Nations Unies présente sur le terrain regrette par ailleurs que les 4,5 milliards de dollars récoltés lors de la conférence de Charm el-Cheikh pour la reconstruction de Gaza n’aient pu encore avoir de résultats. Ainsi que l’a rapporté Robert Goebbels, Israël empêche en effet de laisser passer tout "matériel stratégique", comptant comme tel le ciment par exemple. Des bancs pour les écoles qu’avait commandés l’UNRWA sont eux bien arrivés, mais ils étaient rendus inutilisables du fait qu’ils avaient été dépecés de toutes les parties métalliques.
Pour Robert Goebbels, la situation à Gaza est "indescriptible" et s’il a convoqué une conférence de presse, c’est pour qu’on ne puisse "pas ignorer hypocritement ce qui s’y passe". Il appelle donc à l’engagement du gouvernement luxembourgeois et de l’Union européenne, et il a salué à ce titre la récente contribution luxembourgeoise au mécanisme PEGASE. Mais il conviendrait selon lui d’apporter une aide financière pour le programme d’aide alimentaire de l’ONU par exemple. Il aimerait que l’UE s’occupe plus de Gaza et fasse son possible pour que Gaza ne devienne pas un ghetto. "Il faut faire cesser ce blocus", a lancé l’eurodéputé qui déplore le fait que, depuis la fin de la guerre, seuls les ministres des Affaires étrangères suédois et norvégien s’étaient rendus à Gaza.
En tant que parlementaire européen, il entend œuvrer pour que le Parlement européen prenne une initiative sur le plan humanitaire. Et il a évoqué la possibilité pour les eurodéputés de faire pression sur Israël en bloquant le prochain accord UE-Israël.