Dans une lettre adressée aux ministres des Finances de la zone euro, président de l’Eurogroupe, dont la reconduction à ce poste devrait être décidée lors de leur réunion du 18 janvier 2010, présente en quelque sorte son programme pour son prochain mandat. Le Luxemburger Wort, le Tageblatt et le Quotidien ont eu connaissance de ce texte et en présentent les grandes lignes dans leur édition du 18 janvier 2010. Jean-Claude Juncker y écrit notamment que "l’efficacité de l’Eurogroupe en tant que forum économique va devoir grandir", et il explique sa vision d’une institution au rôle renforcé et à la visibilité accrue sur le plan international.
Pour le Premier ministre luxembourgeois, l’Eurogroupe, désormais institutionnalisé par le traité de Lisbonne, devrait avoir un plus grand rôle en matière de coordination des politiques économiques au sein de la zone euro. Dans ce contexte, il écrit que "la Commission ne devrait pas hésiter à adresser aux Etats membres une mise en garde dès que leur politique économique n’est pas en accord avec les lignes générales décidées auparavant ou qu’elle risque de mettre en péril le bon fonctionnement de l’Union économique et monétaire". Et de poursuivre en expliquant qu’après un tel avertissement de la Commission, "l’Eurogroupe devrait mener une franche discussion avec l'Etat membre concerné, afin de s'assurer que des mesures efficaces sont prises".
Jean-Claude Juncker se prononce aussi pour une "surveillance économique plus large" qui pourrait prendre la forme d’une analyse formalisée du développement économique de la zone euro sur le modèle de celle qui est menée en matière de politique budgétaire. L’objectif affiché par le Premier ministre luxembourgeois ? "Identifier les problèmes prioritaires de chacun des Etats membres et établir un cadre cohérent d’action afin d’améliorer les performances de l’économie européenne dans son ensemble".
Le président de l’Eurogroupe appelle par ailleurs à de larges débats sur les stratégies de sortie de crise en vue de l’assainissement des finances publiques qui sont, dans la plupart des pays de la zone euro, tendues. A ses yeux, les pays de l’UE devraient commencer à réduire les dépenses au plus tard en 2011 et il estime que les ministres des finances devraient, dans la mesure du possible, discuter au préalable au sein de l’Eurogroupe de toutes les décisions budgétaires importantes de leurs pays.
Selon cette lettre, les intérêts de la zone euro devraient être mieux représentés sur le plan international. Le traité de Lisbonne "donne une base légale spécifique à la zone euro pour établir ses positions et assurer une représentation unifiée dans les institutions financières internationales" précise ainsi Jean-Claude Juncker. "Je pense qu’il est essentiel à ce stade de s’assurer que les intérêts de la zone euro sont pleinement reflétés dans les discussions internationales", poursuit-il. Parmi ces instances internationales, il y a le FMI, mais aussi le G20. Il s’agit là d’une "question difficile" selon le président de l’Eurogroupe lui-même, et il attend donc les propositions de la Commission dans ce sens, assurant qu’il envisagerait une nouvelle discussion sur ces questions.
Dans cette lettre, Jean-Claude Juncker plaide pour que l’Eurogroupe ait un rôle de leader dans le cadre de l’élaboration de la stratégie économique de l’UE, "UE 2020", en présentant notamment au Président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, ses positions à ce sujet. Le sujet sera discuté lors du sommet européen extraordinaire du 11 février 2010.
En termes de fonctionnement, le Premier ministre luxembourgeois, qui aspire à ce que les analyses de l’Eurogroupe aient à l’avenir une influence directe sur les décisions du Conseil des Ministres, appelle de ses vœux un secrétariat pour la présidence ainsi qu’un plus grand nombre de collaborateurs.