Du 9 au 11 février 2010, le ministre des Affaires étrangères, Jean Asselborn a fait le "Tour des Balkans", lors duquel il a visité le Monténégro, l’ancienne République yougoslave de Macédoine (ARYM) et le Kosovo. A l’ordre du jour à Podgorica ont figuré, à côté des relations bilatérales, les progrès accomplis par le Monténégro dans ses efforts de rapprochement de l’Union européenne, ainsi que le point de vue monténégrin sur la situation régionale. A Skopje, Jean Asselborn a notamment eu des échanges sur le différend avec la Grèce concernant l’appellation officielle de l’ARYM, élément clé qui bloque actuellement l’ouverture des négociations d’adhésion à l’UE. Lors de sa dernière étape à Pristina, les discussions ont porté sur les efforts réalisés en vue du rapprochement du Kosovo avec l’UE, ainsi que les développements récents au sein de la jeune république.
Les efforts du Monténégro en vue de son rapprochement de l’Union européenne étaient au cœur de l’entrevue entre Jean Asselborn et son homologue monténégrin, Milan Rocen. Le chef de la diplomatie luxembourgeoise a félicité son homologue des progrès réalisés au cours de l’année passée. Pour lui, la libéralisation des visas avec les pays de l’espace Schengen fin 2009 constituent une avancée significative qui bénéficie directement aux citoyens monténégrins. Désormais, les citoyens du Monténégro n'ont plus besoin de visa pour se déplacer dans l'espace Schengen et les trois pays associés. La durée de séjour ne peut toutefois pas excéder trois mois. "Les jeunes gens peuvent aller à la rencontre d'autres régions après avoir été trop longtemps restreints", a souligné Jean Asselborn dans la Voix du Luxembourg du 10 février 2010. Le chef de la diplomatie a aussi appelé de ses vœux la possibilité que des étudiants des pays des Balkans "puissent venir faire leur études en France ou en Grande-Bretagne, sans se heurter à des problèmes administratifs".
Le Monténégro a proclamé son indépendance en juin 2006 et a signé un accord de stabilisation et d'association avec l'UE en 2007. Après avoir déposé sa candidature d’adhésion à l’UE le 15 décembre 2008, le pays a entretemps remis le questionnaire à la Commission européenne. Celle-ci rédige actuellement son avis pour le Conseil. Le ministre luxembourgeois a tenu à souligner que le Luxembourg porte son plein soutien au Monténégro en vue de sa future accession à l’UE. Jean Asselborn a notamment réaffirmé son soutien pour que "les pays des Balkans aient leur place dans l'UE", exhortant son homologue à continuer le processus des réformes et à renforcer la coopération régionale. "Vous n'êtes pas seul sur cette route qui mène à Bruxelles", a-t-il déclaré, "mais c'est à vous de prendre la bonne direction par vos propres mérites".
Le 10 février 2010, Jean Asselborn a visité l’ancienne République yougoslave de Macédoine, lors de laquelle il a rencontré notamment son homologue macédonien, Antonio Milososki. Au cœur des discussions : les relations bilatérales entre l’ARYM et le Luxembourg, les efforts réalisés par l’ARYM en vue du rapprochement avec l’Union européenne, ainsi que la question de l’appellation officielle de l’ancienne République yougoslave de Macédoine.
En ce qui concerne les relations bilatérales, Jean Asselborn a fait le point sur la contribution luxembourgeoise à la mise en place d’un Centre de visa au sein du Ministère des Affaires étrangères à Skopje, centre qui est opérationnel depuis le début de l’année 2008 et qui est désormais équipé d’un "système national de gestion des visas". Ce centre a permis au pays d’avancer de façon significative vers l’adhésion à l’UE, un régime de libéralisation de visas avec les pays de l’espace Schengen étant entré en vigueur en décembre 2009.
En ce qui concerne les efforts de l’ARYM en vue de son rapprochement avec l’UE, les ministres ont salué le rapport de progrès présenté par la Commission européenne qui a été très positif et sur la base duquel la Commission recommande désormais l’ouverture des négociations d’adhésion. En effet, l’ancienne République yougoslave de Macédoine a renforcé le fonctionnement de sa démocratie ainsi que le processus de réformes administratives et a accompli des progrès significatifs dans les domaines judiciaire et policier. En outre, le gouvernement a également assuré la stabilité de ses institutions, garantissant l’État de droit et le respect des droits fondamentaux.
Concernant la question de l’appellation officielle de l’ancienne République yougoslave de Macédoine, élément clé qui bloque actuellement l’ouverture des négociations d’adhésion à l’UE, les ministres se sont entretenus sur les perspectives en vue de résoudre le différend avec la Grèce à ce sujet. Dans la Voix du Luxembourg du 11 février 2010, Jean Asselborn a expliqué dans ce contexte que le Luxembourg, en tant que pays fondateur de l'UE, a opté pour "une politique très orientée vers le futur de l'Europe pour essayer de surmonter les dommages collatéraux du passé". Pour le ministre, les divergences entre l'Allemagne et la France étaient plus profondes que celles entre la Grèce et la Macédoine. "Il faut ainsi que l'esprit soit résolument tourné vers le futur pour trouver une solution", a-t-il souligné. "Elle ne sera ni dictée à Luxembourg, ni à Paris, Berlin ou Bruxelles. Mais dans l'intérêt de tous les pays, de l'UE et de l'OTAN, une solution doit être rapidement trouvée." Et de conclure: "Le Luxembourg sera toujours un pays qui va tirer les pays des Balkans vers Bruxelles. C'est la seule option pour le projet de paix qui s'appelle l'UE."
Jean Asselborn a terminé son "Tour des Balkans" avec une visite du Kosovo, lors de laquelle il a eu des entretiens avec son homologue kosovar Skender Hyseni, le président de la République, Fatmir Sejdiu, ainsi qu’avec le Premier ministre, Hashim Thaçi. Toutes ces rencontres étaient consacrées aux efforts réalisés en vue du rapprochement du Kosovo avec l’Union européenne, ainsi qu’aux développements récents au sein de la jeune république. Plus particulièrement, les ministres ont noté les efforts du gouvernement kosovar en vue de remplir les critères européens et ont analysé le rapport de progrès, dressé par la Commission européenne en octobre dernier. A ce titre, le Jean Asselborn a exhorté ses interlocuteurs à continuer le processus de réformes, notant que le futur du pays réside dans la famille européenne.
Le Kosovo est actuellement reconnu par 65 pays, dont le Luxembourg depuis le 24 février 2008. Selon la Voix du Luxembourg du 12 février 2010, le Luxembourg soutient le Kosovo dans ses efforts de reconstruction, et Jean Asselborn espère que le différend avec la Serbie saura être prochainement résolu. "L’UE en tant qu’instrument d’intégration n’aurait pas à intervenir dans le désaccord entre Belgrade et Pristina", a-t-il expliqué. La Serbie, le pays voisin du Kosovo, a contesté devant la Cour internationale de justice la proclamation d'indépendance des autorités kosovares. Jean Asselborn espère dans ce contexte qu'"au mois de mai ou juin la décision de la Cour de justice contribue à stabiliser la région". D’après lui, l’Union européenne ne peut pas interférer dans le conflit, mais donner son avis, "et œuvrer pour défendre l'intérêt d'une région stable". Et d’ajouter que "l’UE n'est pas un instrument pour résoudre les problèmes bilatéraux, mais c'est un instrument d'intégration".