Le 22 février 2010, Bruxelles a accueilli les réunions des Conseils "Affaires générales" et "Affaires étrangères" au cours desquelles Jean Asselborn, ministre des Affaires étrangères, représentait le Luxembourg. Les ministres des Affaires étrangères ont fait le point sur l’action de l’UE en Haïti à la suite du tremblement de terre, et Catherine Ashton qui présidait le Conseil Affaires étrangères a plaidé pour un "plan Marshall" en Haïti. La question iranienne a fait l’objet elle aussi de discussions portant sur la double approche de la communauté internationale, qui consiste à rechercher une solution négociée avec l'Iran, tout en demeurant prête à prendre des mesures supplémentaires dans le cas où l'Iran ne rassurerait pas la communauté internationale quant à la nature pacifique de ses intentions. Les ministres ont par ailleurs fait part de leur "profonde inquiétude" quant à l’assassinat, à Dubaï, de Mahmoud al-Mabhouh. Moldavie, Zimbabwe et Ukraine étaient aussi à l’ordre du jour.
Le Conseil "Affaires étrangères" s’est penché sur la situation en Haïti et a poursuivi l'examen de l'action de l'UE en réponse au tremblement de terre. Cet examen avait été lancé lors de la réunion des ministres de la Coopération qui s’était tenue à La Granja, en Espagne, les 17 et 18 février 2010. Le Conseil a fait un premier bilan de l’action de l’UE sur le terrain pour en tirer des leçons pour le futur et a concentré également ses travaux sur d’éventuels nouveaux mécanismes des États membres en réponse à de nouvelles crises ou catastrophes naturelles et humanitaires.
"Nous devons mettre en œuvre une sorte de plan Marshall pour Haïti", a annoncé la Haute représentante de l'UE pour les Affaires étrangères, Catherine Ashton, qui présidait cette formation du Conseil. Jean Asselborn a expliqué pour sa part, comme le rapporte Marianne Truttmann dans le Luxemburger Wort du 23 février, qu’un très grand nombre de gens vivaient encore dans la rue et que des tentes et des toilettes devaient être impérativement installées avant que ne commence, en avril, la saison des pluies. Pour le ministre, il s’agit avant tout d’aider concrètement les gens et la reconstruction nécessitera encore longtemps des forces civiles.
Au cours de leur session de travail, les ministres ont mené également un débat sur la situation en Iran. Les ministres ont conduit une discussion sur le dossier nucléaire, ainsi que la situation des droits de l’homme dans le pays, tout comme les relations entre l’UE et l’Iran. Les ministres ont eu un échange de vues sur la double approche de la communauté internationale, qui consiste à rechercher une solution négociée avec l'Iran, tout en demeurant prête à prendre des mesures supplémentaires dans le cas où l'Iran ne rassurerait pas la communauté internationale quant à la nature pacifique de ses intentions.
Le ministre Asselborn a déploré notamment que les autorités iraniennes n'aient pas répondu à la main tendue du président américain, Barack Obama. S’il faut selon lui réfléchir, on ne peut l’éviter, à un quatrième paquet de mesures venant renforcer les sanctions, ce à quoi doit se préparer l’UE, il a précisé qu’"on doit savoir qu'avec des sanctions on ne trouvera pas de solutions". "Il n'y a aucune autre solution que la voie diplomatique, il faut essayer d'épuiser toutes les actions diplomatiques et la voie diplomatique reste prioritaire dans le contexte actuel", a déclaré le ministre. Il s’agit ainsi, comme le rapporte le Wort, de soutenir tous les pays qui ont une influence positive sur l’Iran, comme la Turquie par exemple.
Les ministres se sont entendus sur une déclaration témoignant de leur "profonde inquiétude" quant à l’assassinat, à Dubaï, de Mahmoud al-Mabhouh. "Il s'agit d'un acte qui ne saurait contribuer à la paix et à la stabilité au Proche-Orient", déclarent ainsi les ministres, et l'UE "condamne fermement l'utilisation, par personnes impliquées dans cet acte, de passeports falsifiés d'États membres de l'UE et de cartes de crédit, usurpant l'identité de citoyens de l'UE".
Jean Asselborn a dénoncé vigoureusement le meurtre en tant que tel du responsable du Hamas. "Ce sont des actes qui n'ont plus leur place au 21e siècle", a-t-il déclaré tout en soulignant qu’il n’était pas en mesure de "désigner un responsable du doigt sans avoir de preuve". Le ministre s’est montré préoccupé à l’idée que Dubaï ait pu être le théâtre d’un tel crime "car les Emirats ont jusqu’ici toujours joué un rôle très coopératif" au Proche Orient.
Les ministres ont par ailleurs adopté des conclusions concernant la situation en Moldavie ainsi que le Zimbabwe. A l’occasion du déjeuner, ils ont examiné la situation de l’Ukraine suite aux élections présidentielles. Les ministres se sont entretenus sur les possibles priorités futures du nouveau président, Victor Ianoukovitch, ainsi que sur la position à prendre envers le nouveau chef d'Etat. Le ministre Asselborn a souligné qu'il importait d'adopter une approche patiente envers le nouveau leadership ukrainien et d'éviter de faire peser sur celui-ci des attentes excessives de la part de l'UE. A ses yeux, comme le rapporte le Tageblatt, Victor Ianoukovitch fait preuve de "pragmatisme" comme en témoigne le fait qu’il ait prévu de se rendre tout d’abord en visite à Bruxelles avant d’aller à Moscou.
Le Conseil "Affaires générales" a été consacré à la préparation du Conseil européen de printemps, prévu pour les 25 et 26 mars à Bruxelles. L’ordre du jour du Conseil européen se concentrera notamment sur la promotion de la relance économique et d’une croissance durable dans toute l'Europe et le lancement des travaux concernant l'Europe de 2020. Les ministres ont en outre examiné la question du changement climatique.
Le Conseil Affaires générales a aussi été l’occasion d’approuver le texte d’un courrier qui sera adressé au gouvernement américain pour lui notifier, suite au rejet de l’accord SWIFT par le Parlement européen le 11 février dernier, la résiliation de cet accord intérimaire qui était entré en vigueur le 1er février 2010.