La polémique qui fait suite à l’autorisation par la Commission européenne de la mise en culture à des fins industrielles de la pomme de terre génétiquement modifiée Amflora continue de faire rage au Luxembourg. Le 24 mars 2010, le groupe parlementaire LSAP a en effet réagi avec virulence, par voie de communiqué, aux propos de Viviane Reding qu’avait rapportés le Luxemburger Wort dans son édition du 22 mars 2010. Le ministre Mars Di Bartolomeo avait déjà réagi dans les colonnes de ce même journal le 23 mars.
Dans son communiqué, la fraction socialiste, qui appelle Viviane Reding à "plus de respect à l’égard de la souveraineté nationale", retourne les critiques adressées par la commissaire au ministre de la Santé contre Viviane Reding elle-même. Elle avait en effet évoqué l’échec de Mars Di Bartolomeo dans sa tentative de rallier d’autres Etats membres en vue de bloquer l’autorisation de mise en culture d’Amflora. Pour les socialistes, la commissaire essaie de "se dégager de ses propres responsabilités" en se trompant qui plus est de destinataire. Car c’est bien la coalition LSAP-CSV au gouvernement qui a tenté de gagner une majorité au Conseil.
Pour ce qui est d’apprécier ces efforts comme un échec, la fraction socialiste défend une toute autre vision des choses : "Ce n’est pas un ministre qui défend au Conseil une position qui diffère de celle de la majorité qui échoue, mais plutôt la commissaire qui ne prend pas même position au sein de la Commission", tance ainsi le communiqué. Les socialistes se demandent en effet pourquoi la commissaire ne dit pas haut et fort qu’elle est favorable à la culture de plantes OGM plutôt que de "se cacher derrière José Manuel Barroso". Et si c’est là sa position, ils relèvent qu’elle serait en contradiction avec le programme électoral du CSV (cf. p.32).
Les parlementaires socialistes se disent "indignés par l’outrecuidance de la commissaire". En dehors du fait que, en tant que commissaire européenne, elle n’a pas à blâmer un ministre qui défend les intérêts de sa population, les socialistes estiment en effet qu’elle ne saurait attendre d’un Etat membre qu’il renonce à sa position sur un sujet aussi important juste parce que le désaccord règne au Conseil des ministres.
Le groupe parlementaire saisit par ailleurs l’occasion pour rappeler que le LSAP s’en tient, en matière de génie génétique, au principe de précaution comme en témoignent le programme électoral du parti et le programme du gouvernement. Les députés socialistes appellent donc les ministres de la Santé et de l’Agriculture à rester fermes au Conseil tout en les assurant de leur soutien.