Un Italien en voyage en Allemagne a besoin d'un avocat. Un entrepreneur français souhaite consulter le registre foncier hongrois. Un juge estonien se pose une question concernant le système judiciaire espagnol.
À l'heure actuelle, la recherche de ce type d'informations peut prendre des semaines. Or il ne suffira plus que d’un clic pour obtenir une réponse à ces questions dans 22 langues de l'Union européenne. L'UE a en effet lancé le 16 juillet 2010 le portail européen e-Justice, un guichet unique en ligne permettant l'accès à la justice dans toute l'Union.
Ce site internet s'adresse aux citoyens, aux entreprises, aux avocats et aux juges qui se posent des questions sur le droit des États membres. Il renforce la compréhension mutuelle des différents systèmes juridiques en contribuant à la création d'un espace unique de justice. Comptant plus de 12 000 pages de contenu, la première version du portail fournit des informations et des liens sur les lois et pratiques en vigueur dans tous les États membres.
Il s'agit par exemple d'informations sur l’aide juridictionnelle, la formation judiciaire et la vidéoconférence, et de liens vers des bases de données juridiques, des registres d'insolvabilité et des registres fonciers en ligne. Toutes ces informations juridiques sont désormais accessibles aux plus de dix millions de citoyens qui, chaque année, sont parties à une procédure judiciaire transfrontalière.
"En créant ce portail, nous jetons les fondements d'une justice plus efficace et plus accessible au citoyen européen", a déclaré Stefaan De Clerck, ministre belge de la Justice.
"L'e Justice, c’est l’accès à la justice en un seul clic. Aujourd'hui, nous franchissons un cap important dans le rapprochement de la justice et des citoyens de l'Union et dans le renforcement de la connaissance mutuelle des systèmes juridiques. Avec la connaissance, vient la confiance, et partant, l’assurance que vos droits seront protégés où que vous soyez en Europe", a pour sa part expliqué Viviane Reding, vice présidente de la Commission et commissaire chargée de la justice, des droits fondamentaux et de la citoyenneté. "Les citoyens, les entreprises et les avocats à la recherche d’informations en matière de justice disposeront d’un véritable guichet unique en ligne. Au final, le site modernisera et rationalisera la manière dont les citoyens reçoivent des informations et conseils juridiques. Ces derniers obtiendront des réponses dans leur propre langue, et ce rapidement. Nous savons tous combien cela est essentiel car la lenteur de la justice équivaut à un déni de justice", a-t-elle encore ajouté.
L’offre d’informations dans toutes les langues officielles de l’Union supprime les barrières linguistiques qui, bien souvent, compliquent l’accès à ce type d'informations. Le contenu du site internet est disponible dans 22 langues officielles de l'UE. Les liens du site renverront les utilisateurs vers des informations nationales des États membres.
La participation des juges et des autres praticiens du droit – notaires, avocats, huissiers et médiateurs – est indispensable à la réussite du portail. À cet égard, plusieurs projets sont en cours, tels que l’ECLI, l’identifiant européen de la jurisprudence, qui vise à faciliter l’accès à la jurisprudence des États membres et à celle de l’Union dans un cadre transfrontalier.
La Commission, qui gère le site, poursuivra sa coopération étroite avec les États membres afin d'enrichir progressivement son contenu et de le doter de nouvelles fonctionnalités.
A l'issue de la réunion informelle des ministres de la Justice et de l’Intérieur du 16 juillet 2010, le ministre de la Justice luxembourgeois, François Biltgen, s'est félicité du lancement du portail européen e-justice qui marque selon lui "une étape importante dans l’élaboration d’une justice en ligne européenne dont le but est non seulement de faciliter l’accès à la justice pour les citoyens et les entreprises, mais encore de renforcer la coopération entre les autorités administratives et judiciaires". "Elle est aussi de nature à faciliter les échanges transfrontaliers entre tribunaux et entre praticiens du droit", n'a-t-il pas manqué d'ajouter. François Biltgen s’est ainsi félicité de la mise en place du portail électronique qui est à ses yeux "un moyen de mieux informer les personnes sur les droits de la défense et les droits de la victime".
Dans le contexte de la mise en place de cet outil professionnel au niveau européen, le ministre de la Justice François Biltgen a souligné aussi l’excellence des efforts entrepris au courant des dernières années par la Justice luxembourgeoise avec la mise en place du portail national, complémentaire au portail e-Justice européen : www.justice.public.lu, qui éclaire le citoyen sur ses droits et obligations devant les juridictions et met à disposition du justiciable une panoplie d’informations relatives au système judiciaire luxembourgeois. Le juriste y trouve toute une série de jurisprudences, notamment celles de la Cour constitutionnelle, de la Cour de cassation et des juridictions administratives.
Le lancement du portail e-Justice le 16 juillet 2010 constitue la première étape sur la voie de la mise en place d’un portail multilingue à même de faciliter la vie des citoyens, des entreprises et des praticiens du droit en Europe.
Le portail sera doté de nouveaux outils et fonctions, ainsi que de nouvelles informations au cours des prochaines années. Des fiches d’information sur les droits des défendeurs et ceux des victimes seront disponibles au début de l’année 2011, pour chaque État membre. Elles expliqueront par exemple le traitement des infractions routières dans les différents pays. Ces fiches d’information serviront d'outil de référence de base aux praticiens du droit comme aux citoyens.
Les futures versions du portail rendront également les outils actuels de l’UE en matière de justice plus efficaces, en permettant au citoyen d’introduire une demande dans le cadre de la procédure européenne de règlement des petits litiges ou une demande d’injonction de payer en ligne, dans un contexte transfrontalier.
Les entreprises verront également leurs coûts réduits grâce à la simplification et à la rationalisation des procédures judiciaires en ligne dès que les registres d'insolvabilité, les registres des sociétés et les registres fonciers seront accessibles via le portail.
Les juridictions pourront traiter des demandes transfrontalières en ligne et communiquer avec les requérants et les défendeurs dans une affaire donnée, de même qu’avec les juridictions d’autres États membres.
Des travaux sont déjà en cours pour faire en sorte que, d’ici à 2013, les citoyens disposent d’un outil leur permettant d’affiner leur recherche d’un avocat. Le portail permettra par exemple à un citoyen de rechercher un avocat germanophone spécialisé dans le droit de la famille ou du divorce en Hongrie.
Des avancées notables sont également attendues en matière de résolution des problèmes d’interopérabilité à l’échelon de l’UE en ce qui concerne la signature, l’identité et le paiement électroniques, sans quoi plusieurs projets entrepris dans le domaine de l’e-Justice ne pourraient être pleinement mis en œuvre. Sont notamment concernées l’injonction de payer européenne et la procédure européenne de règlement des petits litiges.
Les travaux à mener d’ici à la fin de 2013 sont exposés dans une feuille de route.
Le plan d'action du Conseil relatif à l'e-Justice européenne pour la période 2009 2013, adopté en novembre 2008, a pour but d’améliorer l’accès à la justice et la manière dont elle est rendue. Il prévoit la création d'un portail européen e Justice. Il reconnaît que les technologies d’information et de communication peuvent jouer un rôle majeur dans l’amélioration du fonctionnement des systèmes judiciaires du fait qu’elles peuvent faciliter le travail quotidien des praticiens du droit et favoriser la coopération entre autorités judiciaires.
La Commission s’attelle déjà à la suppression des blocages qui nuisent au marché unique dans le cadre de sa stratégie Europe 2020. L’utilisation intelligente des technologies est l’une des meilleures façons de réduire le coût des procédures judiciaires et de simplifier les opérations transfrontalières au moyen de procédures en ligne pour les petits litiges et les injonctions de payer européennes, ainsi que via l’interconnexion des registres d’insolvabilité et des registres des sociétés.