Après avoir annoncé, le 16 juin 2010, l’interdiction provisoire de mise sur le marché des pommes de terre transgéniques "Amflora", dont la Commission avait autorisé la mise en culture à des fins industrielles le 2 mars dernier, le gouvernement luxembourgeois a décidé, le 10 septembre 2010, de se joindre, comme l’Autriche, au recours introduit par la Hongrie contre cette autorisation.
C’est le 27 mai 2010 que le gouvernement hongrois a introduit une plainte auprès de la Cour de Justice de l’UE contre cette autorisation. Le motif invoqué ? C’est notamment celui du risque que pourrait représenter pour la santé la présence dans cette variété de pommes de terre d’un gène marqueur la rendant résistante à certains antibiotiques. D’aucuns craignent que cette résistance aux antibiotiques ne se dissémine, rendant inefficace certains médicaments. Pour les plaignants, parmi lesquels compte désormais le Luxembourg, la Commission européenne n’a pas accordé suffisamment d’attention à cet aspect dans son analyse du risque.
Le 13 septembre 2010, la fraction socialiste à la Chambre a salué par voie de communiqué la décision du gouvernement luxembourgeois. Les députés du LSAP font part de leur inquiétude à l’idée que la Commission se soit prononcée pour l’autorisation de mise en culture de la pomme de terre en question malgré les doutes exprimés par le commissaire en charge de l’Environnement à l’égard de gènes de résistance aux antibiotiques.
Comme le rappellent les socialistes, la directive 2001/18/CE stipule en effet que les États membres et la Commission doivent veiller "à ce que l'on accorde une attention particulière aux OGM qui contiennent des gènes exprimant une résistance aux antibiotiques (…) lors de l'évaluation des risques pour l'environnement, en vue d'identifier et d'éliminer progressivement des OGM les marqueurs de résistance aux antibiotiques qui sont susceptibles d'avoir des effets préjudiciables sur la santé humaine et l'environnement".
Le groupe socialiste dénonce par ailleurs le fait que "BASF n’est de toute évidence pas en mesure de mettre en œuvre les mesures de précaution nécessaire pour éviter une dissémination incontrôlée". Début septembre, la découverte, dans un champ de pommes de terre Amflora situé en Suède, de plants d’une autre pomme de terre génétiquement modifiée, dont BASF possède aussi le brevet, a attiré toutes les attentions. Amadea, c’est le nom de cette pomme de terre, n’a en effet fait l’objet d’aucune autorisation en Europe et c’est une "erreur de manipulation" qui serait à l’origine de ce mélange de variétés.
Les députés du LSAP appellent donc la Commission à "prendre au sérieux les doutes scientifiquement fondés et à refuser, au nom du principe de précaution, toute autorisation de mise en culture tant que des risques pour la santé humaine et pour l’environnement ne sont pas exclus".