Le jeudi 16 septembre 2010 a lieu à Bruxelles une réunion extraordinaire du Conseil européen.
A l’ordre du jour officiel figure un débat consacré aux moyens de donner une nouvelle impulsion aux relations extérieures de l'Union européenne, auquel participeront également, et pour la première fois depuis l’entrée en vigueur du traité de Lisbonne en décembre 2009, les ministres des affaires étrangères des Etats membres. Pour le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, "il faut améliorer la manière dont l'Union européenne définit et mène ses politiques extérieures, afin qu'elle puisse devenir un acteur mondial vraiment efficace", ce après plusieurs déconvenues comme l’issue négative de la Conférence de Copenhague sur le changement climatique. "Conformément au nouveau traité, le Conseil européen a un rôle majeur à jouer à cet égard, à savoir fournir des orientations et définir les objectifs et intérêts stratégiques de l'Union." Tel est l’avis d’Herman Van Rompuy. Parmi les "dossiers les plus urgents" qui devraient être discutés figurent la rencontre Asie-Europe et les sommets avec la Chine, la République de Corée et l'Inde, le développement de l’Afrique.
Le deuxième thème sera le sommet du G20 qui se tiendra à Séoul les 11 et 12 novembre 2010.
Lors du déjeuner, Herman Van Rompuy présentera un compte rendu des travaux du groupe de travail sur la gouvernance économique, dit Task Force. Dans sa lettre d’invitation, il écrit : "Des progrès importants ont été réalisés, notamment en ce qui concerne, d'une part, la mise en place d'un nouveau cadre de macro-surveillance destiné à surveiller et à corriger les écarts et les déséquilibres de compétitivité qui ne sont pas tenables et, d'autre part, le renforcement des cadres budgétaires nationaux. Il est toutefois nécessaire de poursuivre les travaux et le groupe de travail nous remettra son rapport lors de notre réunion d'octobre."
Pour Jean-Claude Juncker, il s’agit dans ce cadre de viser une situation économique en UE où les taux de croissance se ressemblent et l’inflation ne diverge pas trop. C’est ce qu’il a déclaré dans une interview donnée au quotidien "Wort". Un moyen pour y arriver serait de doter l’UE d’un instrument de contrôle de la compétitivité qui émettrait des recommandations. En ce qui concerne la discipline budgétaire des Etats membres, ce devraient être des sanctions et celles-ci devraient être automatiques, afin que l’on évite les compromis politiques à l’égard des grands Etats membres.
Le Premier ministre et président de l’Eurogroupe s’est par contre montré pessimiste sur la capacité de Herman Van Rompuy de tabler des propositions, "car il n’y a de consensus au sein de la Task Force que sur quelques points particuliers", comme sur la question du semestre européen et de la consultation ex ante des orientations budgétaires des Etats de la zone euro. Jean-Claude Juncker ne croit pas non plus que Herman Van Rompuy sera en mesure de délivrer un rapport conclusif à la réunion du Conseil européen prévue les 28 et 29 octobre 2010. Quant à savoir si tout cela l’embarrasse, le Premier ministre répond : "La sempiternelle répétition de lieux communs ne nous avance pas sur ce dossier et donne aux marchés financiers l’impression que nous ne savons pas vraiment ce que nous devons faire pour réformer le pacte de stabilité."
Jean-Claude Juncker se réjouit par ailleurs que les prévisions de la Commission montrent que la croissance a repris dans la zone euro. Mais la croissance de l’Europe en 2010 ne suffit pas pour compenser les pertes de 2008 ou 2009. Il faudra attendre la fin de 2011 ou le début de 2012 pour renouer avec le niveau du début de la crise. Pour le Luxembourg, un fait particulièrement réjouissant est la bonne reprise économique de son principal partenaire commercial. Dans ce contexte, Jean-Claude Juncker pense que ce n'est une bonne chose de reprocher à l’Allemagne que sa reprise économique se fasse aux frais d’autres partenaires. "Néanmoins, je m’exprime parfois avec une certaine mauvaise humeur sur les baisses de salaires réelles qu’il y a eu en Allemagne lors de la dernière décennie. Je n’envisage pas une politique de ce genre au Luxembourg."
S’exprimant sur le travail de Catherine Ashton, la haute représentante pour la politique étrangère de l’UE, Jean-Claude Juncker a déclaré : "Je souhaiterais que Mme Ashton anime les travaux du Conseil européen avec des propositions qui soient clairement identifiables comme venant d’elle. Je n’ai pas pu déceler ne serait-ce que le début d’une telle approche lors de la préparation de ce sommet extraordinaire."