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Economie, finances et monnaie
Les ministres des Finances de la zone euro se sont penchés sur le cas du Luxembourg et du Portugal
Si les finances publiques du Luxembourg sont saines, le vieillissement de la population et le fait que l’économie dépende tant du secteur financier sont des défis de taille
30-09-2010


Le Premier ministre, ministre du Trésor et président de l’Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, et le ministre des Finances, Luc Frieden, ont participé à la réunion de l’Eurogroupe qui a eu  lieu le 30 septembre 2010 à Bruxelles.Jean-Claude Juncker à Bruxelles le 30 septembre 2010 © 2010 SIP / JOCK FISTICK Jean-Claude Juncker présidait la réunion tandis que Luc Frieden y représentait le gouvernement luxembourgeois.

Les ministres des Finances des pays membres de la zone euro ont poursuivi leur examen des déséquilibres macroéconomiques et de compétitivité dans la zone euro. Les deux pays examinés étaient le Portugal et le Luxembourg.

Les mesures de consolidation adoptées par le Portugal ont été saluées

Jean-Claude Juncker s’est félicité, au nom de l’Eurogroupe "des mesures de consolidation et d’assainissement supplémentaires" adoptées la veille par le gouvernement portugais. Selon lui, l’Eurogroupe s’est montré confiant à l’idée que ces mesures supplémentaires permettront au Portugal d’atteindre les objectifs auxquels il s’est engagé.

Le Portugal a d’ailleurs été encouragé "à prendre toutes les mesures budgétaires nécessaires et à les accompagner par des réformes structurelles supplémentaires, complètes et ambitieuses, susceptibles de renforcer le potentiel de croissance".

Ces réformes devront "se concentrer sur la suppression des rigidités du marché du travail et de la formation des salaires", ainsi que sur l'amélioration "de la productivité afin que le Portugal puisse inverser le déclin de sa compétitivité", a ajouté le président de l’Eurogroupe.

Les finances publiques luxembourgeoises sont saines, mais le vieillissement de la population et le fait que l’économie dépende "extrêmement" du secteur financier sont des défis qu’il ne faut pas sous-estimer

Pour ce qui est de la situation compétitive du Luxembourg, Olli Rehn, membre de la Commission en charge des Affaires économiques et monétaires, a fait remarquer que "les finances publiques luxembourgeoises sont saines mais confrontées à des défis sur le moyen et le long terme qu’il ne faut pas sous-estimer".

Jean-Claude Trichet, Jean-Claude Juncker et Didier Reynders © 2010 SIP / JOCK FISTICKParmi les risques pour la durabilité de la situation actuelle des finances publiques luxembourgeoises, le commissaire a cité les besoins de financement liés au vieillissement de la population "qui sont parmi les plus élevés de la zone euro". "Le Luxembourg devra, comme d’autres pays, réformer son système des pensions pour assurer son financement à l’avenir" a dit Olli Rehn.

Le troisième point qu’a soulevé le commissaire concerne la "dépendance extrême" de l’économie luxembourgeoise du secteur financier. "Bien que le secteur financier reste dynamique au Luxembourg", a expliqué le commissaire, "cette dépendance est, en elle-même, une source de vulnérabilité."

Jean-Claude Trichet, cité par La Voix dans son édition du 1er octobre 2010, a quant à lui évoqué la question de l’indexation automatique des salaires pratiquée au Luxembourg. "La fin de ce système s’impose", a déclaré le président de la BCE, "parce que dans une zone monétaire unique l’indexation automatique n’est pas une bonne chose. Notre mission a été de maintenir la stabilité des prix. Nous l’avons depuis onze ans et demi. J’en appelle à l’acquis de la zone euro. Si on y déroge il y aura un problème".

L’Irlande a annoncé qu'elle allait renforcer la capitalisation de son secteur bancaire et que son déficit public atteindrait en conséquence 32 % du PIB cette année

La situation des finances publiques de l’Irlande fut l’invitée surprise de cette réunion de l’Eurogroupe, qui a pris note de l’annonce du gouvernement irlandais qui souhaite renforcer la capitalisation du secteur bancaire.

Le coût du sauvetage de l’Anglo Irish Bank a en effet été révisé à la hausse. En conséquence, Dublin a prévenu que le déficit public irlandais atteindrait le niveau 32 % du PIB cette année, au lieu des 11,6 % prévus. La dette publique devrait passer elle de 64 % du PIB fin 2009 à 98,6 % fin 2010. Le gouvernement promet cependant toujours de ramener son déficit  public sous la barre des 3 % du PIB en 2014.

"Nous estimons que l’annonce complète des besoins de recapitalisation du secteur bancaire en Irlande est une clarification importante et utile" a expliqué Jean-Claude Juncker qui a également fait part de la satisfaction de l’Eurogroupe quant au maintien de l’engagement ferme de l’Irlande de corriger sa situation de déficit excessif jusqu’en 2014.

Klaus Regling, directeur de l'instance européenne de stabilité financière, l’EFSF, a quant à lui assuré, au vu des mesures de consolidation budgétaire annoncées par l’Irlande et le Portugal, que le fonds de sauvetage ne devrait pas avoir besoin de devenir opérationnel. Le dispositif  n’en reste pas moins "pleinement opérationnel" en cas de nécessité.

L’Eurogroupe a ensuite préparé les réunions annuelles du Fonds monétaire international ainsi que des ministres des Finances du G7 qui auront lieu la semaine prochaine à Washington. Dans le cadre général de l’évolution de la situation économique, l’Eurogroupe a retenu que "les récents développements économiques ont été plus positifs que prévus. La croissance au deuxième trimestre a été plus forte et plus large, ce qui a eu comme conséquence une révision vers le haut de nos prévisions de croissance pour 2010". "L’Eurogroupe", a dit son président, "est tout à fait conscient des défis auxquels est confronté l’économie européenne. Ces défis requièrent des progrès en matière de consolidation budgétaire et l’accélération de la mise en œuvre des réformes structurelles ainsi que la lutte contre la volatilité excessive des monnaies et contre les déséquilibres globaux au sein du G20".

Les propositions de la Commission visant à renforcer le pacte de stabilité seront à l’ordre du jour de la prochaine réunion de l’Eurogroupe

Les propositions présentées par la Commission le 29 septembre dernier concernant la gouvernance économique et notamment la réforme du pacte de stabilité et de croissance n’ont en revanche pas été discutées, "par manque de temps" selon Jean-Claude Juncker qui a d’ores et déjà annoncé que le sujet serait à l’ordre du jour de la prochaine réunion de l’Eurogroupe prévue à la mi-octobre.

Le président de l’Eurogroupe a cependant glissé aux journalistes présents à Bruxelles que la proposition législative, malgré les divergences existant entre les ministres sur le dossier, allait selon lui "dans la bonne direction". Mais il s’est montré ferme en rappelant que l’engagement de renforcer le pacte de stabilité avait été pris par l’ensemble des ministres : "la poésie, c’est terminé", cite ainsi le Lëtzebuerger Journal dans son édition du 1er octobre 2010, "nous devons maintenant prouver que c’était un engagement sérieux".