Lors d’une visite officielle à Luxembourg le 9 novembre 2010, le président du Parlement européen, Jerzy Buzek, a rencontré le Premier ministre Jean-Claude Juncker, avec lequel il a abordé le suivi du Conseil européen et des sujets d’actualité politique européenne. Il a été reçu en audience par S.A.R. le Grand-Duc au palais grand-ducal. Il a aussi eu des entretiens avec le président de la Chambre des députés, Laurent Mosar, et avec les membres du Bureau et de la commission des Affaires étrangères et européennes, de la Défense, de la Coopération et de l’Immigration.
Lors de la conférence de presse qui a suivi l’entrevue avec Jean-Claude Juncker, Jerzy Buzek a mis en exergue le rôle important du Luxembourg comme membre fondateur de l’UE. Ses discussions avec Jean-Claude Juncker avaient surtout porté sur le futur de l’union économique de l’UE, l’union monétaire étant déjà un fait. Pour Jerzy Buzek, Jean-Claude Juncker est le leader de la zone euro, un homme responsable qui prend des positions claires sur les questions les plus importantes qui concernent l’UE, ce qu’il avait de nouveau fait la veille au Parlement européen devant la Commission des affaires économiques et financières, comme l’a souligné en le remerciant Jerzy Buzek.
Sur le gouvernement économique de l’UE, Jerzy Buzek s’est montré optimiste, mais il lui semble nécessaire que l’Europe soit mieux organisée à l’avenir, qu’il s’agisse des Etats de la zone euro, ou hors de la zone euro, ou de ceux qui vont en faire partie. C’est là selon le président du PE la meilleure manière d’arriver à dépenser de manière utile et efficace l’argent public pour faire avancer les projets et politiques qui sont censés procurer des avantages aux citoyens et les aider à affronter les menaces et défis actuels. La R&D, les réseaux transeuropéens de transports et d’énergies, ITER, Galileo, l’ensemble de la stratégie Europe 2020, la création massive d’emplois que ces projets peuvent entraîner, tout cela doit être financé de manière efficace au niveau européen.
Lors du point presse à la Chambre des députés, Jerzy Buzek était entouré du président de la Chambre, Laurent Mosar, et du président de la commission des Affaires étrangères et européennes, Ben Fayot.
Laurent Mosar a évoqué la nouvelle procédure d’avis motivé de la Chambre qui découle des nouvelles prérogatives des parlements nationaux en ce qui concerne le contrôle de la subsidiarité. La question est selon lui de plus en plus souvent soulevée si le contrôle de subsidiarité peut être étendu au contrôle de la proportionnalité d’une mesure communautaire proposée. Le Traité de Lisbonne n’est selon lui pas clair là-dessus, ce qui peut entraîner des problèmes à terme. Autre sujet de préoccupation : quel organe de l’UE va contrôler la politique de sécurité et de défense de l’UE. Pas question de créer une nouvelle institution Pourrait-ce être la COSAC, la Conférence des Organes spécialisés dans les affaires communautaires ? Finalement, le président de la Chambre des députés voudrait que l’on accorde plus d’importance aux questions d’intégration et d’immigration, où les progrès laissent à désirer.
Ben Fayot voit dans le dialogue avec le PE une possibilité d’étendre de concert entre Parlement européen et parlements nationaux la dimension parlementaire de l’UE, de la rendre plus démocratique et de la rapprocher du citoyen. Il a exprimé son soutien à la politique budgétaire du PE, qui acceptera selon Jerzy Buzek pour 2011 des limitations à cause de la crise, mais qui exigera que pour 2012 et à partir de 2013, le budget de l’Union soit revalorisé, afin qu’elle puisse mener les grandes stratégies qui lui incombent dans le domaine des grands réseaux, de l’énergie, de la création d’emplois et l’aide au PME avec Europe 2020. Ben Fayot a marqué son accord à un élargissement de l’Union, notamment vers les Balkans occidentaux, même si cet élargissement pourrait encore prendre de 10 à 25 ans, selon le degré de préparation de ces pays. Finalement, Le député socialiste s’est réjoui du fait que le Parlement européen va respecter ses engagements inscrits dans les traités envers Luxembourg, siège d’une grande partie de ses services, dont le secrétariat général, pour lesquels le Bâtiment Konrad Adenauer est en train d’être agrandi.
Jerzy Buzek a mis l’accent dans son intervention sur la responsabilité commune du PE et des parlements nationaux dans le processus législatif européen, et ce à trois niveaux : au cours de la préparation des textes, au cours de la procédure législative proprement dite et lors de la mise en œuvre et du suivi des législations. Dans la mesure où il existe toujours un fossé entre l’intérêt des citoyens pour leurs institutions nationales et les institutions européennes, alors que ces dernières prennent des décisions importantes qui concernent les citoyens, le président du PE a appelé à plus de coopération entre Parlement européen et parlements nationaux pour inciter les citoyens à participer plus nombreux aux élections européennes. "Mais", a-t-il ajouté, "avec une participation moyenne de 43 %, les élections européennes attirent plus d’électeurs que celles pour le Congrès des USA." Quant au financement du budget européen, Jerzy Buzek s’est exprimé contre des transferts de taxes nationales vers le budget communautaire et mise en garde contre trop de coupures budgétaires dans les domaines de l’éducation et de la recherche, "sinon l’UE risque de rater le coche mondial et d’accuser des retards irrécupérables."