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Economie, finances et monnaie
Jean-Claude Juncker plaide pour la création d’une garantie communautaire sur une partie des dettes à risque de la zone euro
06-11-2010


Dans deux entretiens publiés le 6 novembre 2010 par le Figaro et la Süddeutsche Zeitung, le Premier ministre luxembourgeois et président de l’Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, appelle à créer une garantie européenne sur une partie des dettes à risques des pays de la zone euro.  Les logos du Figaro et de la Süddeutsche Zeitung

Soucieux de "rendre les pays fragiles plus attrayants aux yeux des investisseurs", Jean-Claude Juncker estime que "plutôt que de faire fuir les banquiers en leur promettant qu'ils paieront les pots cassés, nous ferions mieux de chercher une solution européenne qui rassure les investisseurs comme les contribuables".

Jean-Claude Juncker se fait donc l’avocat d’une solidarité accrue en faveurs des "Pigs", à savoir le Portugal, l’Irlande, la Grèce et l’Espagne, et entend faire une proposition concernant le futur mécanisme permanent de stabilité financière d’ici au Conseil européen de décembre, avec l’appui de la présidence belge comme le précise le Figaro."L'Europe ne peut pas se satisfaire d'une évolution qui voit les plus forts abandonner les plus faibles au bord de la route", plaide en effet Jean-Claude Juncker.

Comme l’explique Jean-Jacques Mével dans le Figaro, "la question qui fâche (…) est celle de la garantie en dernier ressort : l'Allemagne, première économie de I'UE et sans doute l'une des mieux gérée, refuse d'avoir à payer in fine si un pays de l'euro voit ses autres créanciers se défiler, publics comme privés". Or, poursuit le journaliste, "la `facilité´temporaire créée au printemps contourne la difficulté grâce à une signature conjointe mais non solidaire de chaque pays contributeur".

Ce qu’entend donc proposer Jean-Claude Juncker comme alternative à cette "solution intergouvernementale", c’est une "garantie communautaire". À terme, chaque pays de la zone euro placerait une partie de sa dette publique dans un pot commun, à hauteur de 60 % du PIB, afin d'offrir une caution solidaire aux investisseurs. Au-delà de 60 %, seuil de bonne gestion déjà fixé par I'UE, la garantie resterait purement nationale avec, mécaniquement, un coût d'emprunt d'autant plus lourd que le pays est plus endetté. Ce qui permettrait de garantir à la fois la responsabilité budgétaire et la discipline collective.

Cerstin Gammelin rapporte dans la Süddeutsche Zeitung que, aux yeux de Jean-Claude Juncker, dans le cas où le Conseil européen devait se prononcer en décembre pour la mise en place d’un mécanisme permanent de gestion des crises, il n’y aurait "pas d’alternative à l’introduction complémentaire d’un instrument communautaire". Selon Jean-Claude Juncker les annonces faites jusqu’à présent ont conduit les investisseurs à garder leurs distances par rapport aux pays les plus faibles au nom de risques incalculables ou de rendements trop réduits. Jean-Claude Juncker appelle donc à trouver "une solution européenne intelligente" qui tiennent compte à la fois des intérêts des contribuables et des marchés financiers.

Mais le journaliste allemand prévient que la proposition de Jean-Claude Juncker risque de ne pas rencontrer un grand enthousiasme en Allemagne. "Angela Merkel avait exclu tout instrument communautaire lors du dernier Conseil", raconte-t-il en effet, soulignant que la chancelière allemande avait jugé "logique" que les Etats concernés aient à payer à l’avenir des primes de risques plus importantes. Cerstin Gammelin annonce pourtant d’ores et déjà que Jean-Claude Juncker devrait bénéficier, contrairement à Angela Merkel, du "soutien massif" des gouvernements nationaux et du Parlement européen.