La chancelière allemande Angela Merkel et le président français Nicolas Sarkozy ont réaffirmé leur opposition à l'idée d'euro-obligations à l'issue du conseil des ministres franco-allemand qui s’est tenu le 10 décembre 2010 à Fribourg-en-Brisgau.
L'idée d'émettre des emprunts européens est défendue par Jean-Claude Juncker et soutenue par plusieurs pays méditerranéens, mais désapprouvée explicitement par l’Allemagne, l’Autriche, la Finlande, la France, les Pays-Bas et la Slovaquie.
Angela Merkel avait opposé une fin de non-recevoir à cette idée, une position que Jean-Claude Juncker a qualifiée "d'anti-européenne", ce qui par ricochet a déclenché de nouvelles réactions allemandes et une polémique dans la presse européenne.
Entretemps, et à quelques jours du Conseil européen des 16 et 17 décembre 2010, Paris a apporté son soutien à Berlin et les deux grands pays de l’UE se sont consultés avant ce sommet qui devrait approuver la création un fonds de soutien permanent en cas de crise.
Pour Angela Merkel, "le partage des taux d'intérêt et des risques ne nous aiderait pas structurellement". Un préalable à l’émission d’euro-obligations serait davantage "d'intégration politique" et de "cohérence" dans les politiques économiques poursuivies.
Même son de cloche du côté de Nicolas Sarkozy, pour qui "il faut responsabiliser les Etats, pas les déresponsabiliser", et pour qui il faudrait "plus d'intégration politique" pour sauter le pas. "Je ne suis pas persuadé que les citoyens français et allemands seraient très heureux que Mme Merkel et moi-même nous acceptions de mutualiser la dette de toute l'Europe, alors même qu'il n'y a pas assez d'harmonisation", a-t-il dit, "il ne faut pas mettre la charrue avant les boeufs". Nicolas Sarkozy s’est également plaint du fait que ni son pays ni l'Allemagne n'avaient été consultés sur la possibilité de lancer ces emprunts communs.
Les deux dirigeants ont par ailleurs renouvelé leur "attachement" à la monnaie unique européenne. Pour Angela Merkel, "l'engagement de l'Allemagne envers la zone euro est intact". Elle a même dit plus : "Si l'euro échoue, c'est l'Europe qui échoue". Et Nicolas Sarkozy a utilisé la formule : "Nous sommes profondément attachés à l'euro parce que l'euro c'est l'Europe."
Angela Merkel s’est prononcée pour la création après 2010 d’un fonds de soutien permanent en cas de crise, et un changement conséquent du Traité de Lisbonne. Ce mécanisme, qui devrait succéder en 2013 au fonds de soutien temporaire EFSF, est censé rassurer les marchés financiers, actuellement inquiets des risques de contagion de la crise de la dette irlandaise à l'Espagne ou au Portugal.