À l’issue du Conseil européen qui s’est tenu les 16 et 17 décembre 2010, la chancelière allemande, Angela Merkel et le président français, Nicolas Sarkozy, avec le soutien du Premier ministre luxembourgeois Jean-Claude Juncker, ont lancé conjointement un appel au renforcement des politiques européens au sein de la zone euro. Cette proposition franco-allemande fait suite aux conclusions du Conseil qui mettent en exergue la volonté des Etats membres à rester "prêts à tout mettre en œuvre pour assurer la stabilité de la zone euro dans son ensemble" et s’inscrit dans le contexte plus général du débat qui entoure l’idée des emprunts obligataires européens défendus entre autre par Jean-Claude Juncker.
Les dirigeants allemand et français ont opposé un refus explicite à l’instauration des eurobonds. Mais au Conseil européen, comme lors de leur rencontre à Fribourg le 10 décembre 2010, ils ont insisté sur une intensification de la "convergence des politiques économiques" au sein de l’espace partageant la monnaie unique, voire même au niveau des 27 Etats membres de l’UE. Leur but : renforcer la stabilité durable de la zone euro et pour réitérer l’attachement et le soutien de l’ensemble des Etats de l’Eurozone à leur monnaie commune.
"Il va falloir aller plus loin" a estimé le président français à la suite du Conseil européen, ajoutant que selon lui "l'objectif, c'est clairement que les écarts de compétitivité, que la politique économique soit mieux coordonnée entre les 16 États membres de la zone euro", et "il faut que des programmes de convergence se mettent en place, un peu à l'image de celui que nous avons entre les Allemands et les Français". Ce dernier point abordé par Nicolas Sarkozy renvoie aux initiatives récentes des deux pays visant à aboutir, à terme, à une convergence de leurs systèmes fiscaux respectifs. Dans ce contexte il a souligné que l’objectif d’une convergence accrue "sera le travail des premières semaines du début de 2011".
Le président français est même allé au-delà de cette première idée en esquissant un élargissement de la coopération européenne au domaine des retraites. "Pourquoi ne pas imaginer qu'on réfléchisse ensemble et qu'on annonce ensemble des objectifs" en matière de systèmes de retraite, a-t-il encore lancé.
Angela Merkel, dans la même lignée que les déclarations de son homologue français, a souligné que selon elle une meilleure coordination des politiques économiques "peut vouloir dire que nous nous engageons tous en ce qui concerne la stabilité des budgets, que nous comparons nos systèmes sociaux (…) Je ne pense pas que quelqu'un en Allemagne ait quelque chose contre le fait que tous les États se mettent d'accord pour avoir un système de retraites similaire, ou le même âge de la retraite, ou que ce que l'Allemagne fait pour réduire ses dettes soit introduit dans d'autres États". La chancelière allemande a toutefois tenu à souligner que, l’UE n’a, formellement, pas de compétences concernant les politiques de retraite notamment. Sur de tels sujets les Etats membres devront coopérer sur la base du volontariat ce qui, pour Angela Merkel, promet de constituer "une tâche intéressante et difficile".
Le Premier ministre belge et actuel président du Conseil européen, Yves Leterme, a estimé pour sa part que "l’union monétaire requière une union politique (…) personne ne peut échapper à ce destin".
Le Premier ministre luxembourgeois et président de l’Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, a saisi l’occasion pour appeler à doubler cette première piste de réflexion autour d’une harmonisation fiscale par une deuxième dimension, à savoir une réflexion sur une "harmonisation des politiques sociales" dans l’UE. "Il est évident qu'on ne peut pas se limiter au seul examen des politiques fiscales, il faudra aussi que nous parlions entre nous pour rapprocher les politiques sociales" a estimé Jean-Claude Juncker à l’issue de la réunion des chefs d’Etat européens.
S’exprimant au sujet de l’appel lancé par ses homologues allemand et français, le Premier ministre luxembourgeois a affirmé que selon lui les Européens "n'échapperont pas au débat qui consistera à voir dans quelle mesure les dispositions fiscales, qui caractérisent nos paysages fiscaux, doivent être rapprochées pour faire en sorte qu'il n'y ait pas de concurrence fiscale déloyale". Jean-Claude a toutefois tenu à préciser immédiatement que cela ne signifiait pas forcement une évolution vers "les mêmes taux d'imposition" pour tous les Etats de la zone euro, ni à fortiori pour les Etats membres de l’UE. "Mais je voudrais qu'on parle avec le même élan de cœur de la nécessité de l'harmonisation sociale" a-t-il rajouté à la fin.