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Economie, finances et monnaie - Emploi et politique sociale
"NON à l’austérité", ont une fois encore clamé à Luxembourg et ailleurs en Europe les syndicats à la veille du Conseil européen
15-12-2010


Suite à la grande journée d’action du 29 septembre 2010, la Confédération européenne des syndicats (CES) avait à nouveau lancé un appel à la mobilisation pour le 15 décembre 2010. L’objectif ? Poursuivre sa campagne contre "les plans d’austérité qui sévissent en Europe et ruinent les citoyens". La date choisie était symbolique, puisqu’ilmanif-12-15 s’agissait d’attirer l’attention sur ces questions à la veille d’un Conseil européen à l’ordre du jour essentiellement économique et financier.

"Les banquiers continuent à empocher des bénéfices et à mutualiser les pertes. Les bonus pleuvent en cette fin d’année et le contraste entre richesse privée et austérité publique n’est que plus évidente", plaidait ainsi John Monks, secrétaire général de la CES, pour demander aux gouvernements européens de "suspendre leurs attaques contre les salaires et l’aide sociale, d’agir ensemble, de ne plus se précipiter d’une crise à l’autre, de ne plus démanteler notre Europe sociale".

Les mouvements de protestation ont eu lieu un peu partout en Europe, et notamment à Bruxelles et à Luxembourg, villes sièges des institutions européennes. 

Une résolution a été remise à la Chambre des députés

Au Luxembourg, les syndicats LCGB et OGBL ont commencé par organiser un piquet de protestation devant la Chambre des députés. Des représentants des syndicats ont ainsi remis une résolution à la Chambre.

Les syndicats européens redoutent les effets du "semestre européen" sur l’emploi et la croissance économique. Les syndicats devant la Chambre des Députés le 15 décembre 2010. Source : www.chd.luSelon la Confédération européenne des syndicats, la nouvelle procédure européenne en cas de "déséquilibres macroéconomiques excessifs" permettra à la Commission européenne d’intervenir directement dans des domaines qui ne sont pas de ses compétences (conventions collectives, protection contre le licenciement, services publics).

Les syndicats craignent que "les propositions de la Commission européenne ne reviennent à faire payer aux salariées et salariés l’entièreté des coûts de la crise". Selon un tract distribué lors de la manifestation, "vu que l'euro ne permet plus de dévaluations de la monnaie au niveau national pour rester compétitif, ce serait aux salariés de reprendre ce rôle : l'objectif serait de réduire les coûts salariaux". Ils dénoncent ainsi une "politique d'attaque coordonnée sur les acquis sociaux et d'austérité généralisée".

Les syndicats s’inquiètent aussi du fait que le contrôle préalable des projets de budgets nationaux pose, selon eux, de grave problèmes de démocratie dans la mesure où les parlements ne pourront plus s’exprimer que dans un cadre prédéterminé. Des craintes qui avaient déjà été exprimées notamment lors d’une rencontre entre SECEC et députés socialistes en novembre dernier.

"Jean-Claude Juncker partage une grande partie de nos réflexions", selon Patrick Dury

Les manifestants se sont ensuite rendus jusqu’à la place Clairefontaine, où ils ont été rejoints par les organisations membres de la Plateforme syndicale de la Grande Région. Ils étaient plusieurs centaines devant le Ministère d'Etat (entre 400 et 800 selon les sources) et une délégation devait alors rencontrer Jean-Claude Juncker en sa qualité de président de l'Eurogroupe.

Le Lëtzebuerger Journal liste dans son édition du 16 décembre 2010 les revendications qui lui ont été présentées : "une véritable coordination des politiques économiques et sociales nationales pour fournir aux Etats-membres les instruments pour combattre les conséquences de la crise et pour assurer le bien-être et la prospérité de leurs populations, une fiscalité européenne, notamment par l'introduction d'une taxe européenne sur les transactions financières, un renforcement des politiques sociales et une mise en échec de la concurrence déloyale au sein du marché interne ainsi qu'un stop aux travail précaire et à une politique de dumping social".

"Jean-Claude Juncker partage une grande partie de nos réflexions", a expliqué au Journal le secrétaire général du LCGB, Patrick Dury. Le Premier Ministre aurait ainsi promis de discuter des revendications des syndicats avec ses collègues de l'Eurogroupe et du Conseil européen.

Le 15 décembre 2010, John Monks a par ailleurs adressé un courrier à Herman Van Rompuy, qui va présider la réunion du Conseil européen, afin de rappeler aux chefs d’Etat et de gouvernement que "l’affaiblissement de l’économie sociale de marché et d’autres aspects positifs des traités détourneront les citoyens de l’Europe". John Monks les appellent ainsi à "respecter strictement les objectifs essentiels que sont l’emploi élevé, une forte cohésion sociale et régionale, comme défini dans l’article 6, et ne pas rompre l’autonomie des négociations collectives comme illustré dans l’article 153 du Traité".

Dans le contexte de la révision du traité qui est à l’ordre du jour du Conseil européen en vue de l’établissement d’un mécanisme permanent de gestion des crises, la CES a demandé que le Conseil inclue sa proposition de la CES concernant un protocole de progrès social afin de rétablir l’équilibre entre le droit fondamental à la négociation collective et les quatre libertés du marché intérieur.