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Droits fondamentaux, lutte contre la discrimination - Traités et Affaires institutionnelles
Les priorités de la Présidence hongroise présentées dans un contexte tendu à cause de la nouvelle loi sur les médias
07-01-2011


www.eu2011.hu : le site de la Présidence hongroise de l'UEConférence de presse traditionnelle ce 7 janvier 2011 à la Maison de l’Europe pour présenter à la presse nationale et aux corps diplomatique accrédité au Grand-Duché les priorités de la nouvelle présidence tournante du Conseil de l’UE, en l’occurrence celle de la Hongrie, qui ira du 1er janvier au 30 juin 2011. Au même moment, gouvernement hongrois et Commission se rencontraient à Budapest.

D’emblée, l’ambassadeur hongrois Zoltan Hernyes a dû admettre que la présidence de son pays ne débutait pas sous les meilleurs auspices, la loi sur les médias entrée en vigueur au début de l’année à Budapest ayant "bloqué l’envol de la présidence". Répondant aux questions des journalistes, il devait revenir sur ce sujet en fin de conférence.

Les quatre priorités de la présidence hongroise de la présidence hongroise de l’UE sont dans l’ordre :

  • la croissance et l’emploi pour la sauvegarde du modèle social européen;
  • une Europe plus forte;
  • une Union proche du citoyen;
  • l’élargissement et la politique de voisinage.

1. Croissance et emploi pour sauvegarder le modèle social européen

Gouvernance économique

Pour la présidence hongroise, "l’ensemble de l’Union traverse une phase de restructuration économique. La présidence hongroise en poursuivra la consolidation. Elle est en effet convaincue que la clé du succès réside dans une stratégie de croissance orientée vers l’avenir et dans le renforcement de la coordination des politiques économiques." Bref, la Hongrie s’engagera pour la gouvernance économique.

L’une des tâches majeures de la présidence hongroise est dans ce contexte de poursuivre, en étroite coopération avec la Commission et le Conseil européen, et de finaliser, d’ici l’été 2011, le débat au Conseil sur les six propositions législatives présentées par la Commission. Ces initiatives visent à améliorer la discipline budgétaire, à étendre la surveillance économique, à approfondir la coopération, à mettre en place un cadre permanent de gestion de crise et à renforcer les institutions. La mise en place du mécanisme permanent de gestion de crise de la zone euro, qui demandera la modification du traité, représentera une tâche spéciale. Finalement, il appartient à la Hongrie de déclencher le semestre européen au premier semestre de l’année 2011.

Stratégie Europe 2020

Un autre volet de cette approche "croissance et emploi" est la mise en œuvre de la stratégie Europe 2020. La présidence hongroise souhaite d'une part améliorer la situation des petites et moyennes entreprises, moteurs de la création d’emplois, et d'autre part attirer l’attention des États membres sur les effets que peuvent avoir la démographie et la politique familiale sur l’emploi et la croissance économique. Dans le cadre de l’initiative de lutte contre la pauvreté, la présidence entend accorder une attention particulière au combat contre la pauvreté des enfants et fera des efforts pour que des mesures substantielles, soient prises au niveau européen au sujet de l’intégration des Roms.

2. Une Europe plus forte

Pour la présidence hongroise, "les politiques internes de l’UE s'articulent autour de trois éléments majeurs et déterminants pour l’avenir des générations futures: l’alimentation, l’énergie et l’eau."

La présidence hongroise veut donc veiller au renforcement de ces politiques sectorielles qui participent à la création d'une Europe plus forte et qui est en mutation.

La révision de la Politique Agricole Commune (PAC), la mise en place d’une politique énergétique et la définition d’un nouveau domaine européen dans la politique de l’eau, s'inscrivent dans cet objectif.

Parallèlement au débat sur la sauvegarde des ressources en eau, une stratégie de développement de la région du Danube sera adoptée sous la présidence hongroise.

La Hongrie entend mener un débat sur ces sujets pour que les prochains cadres financiers pluriannuels de l’Union puissent se construire sur ces politiques communes qui renforceront la cohésion et la solidarité entre les États membres. Car pour la Hongrie, la cohésion économique, sociale et territoriale constitue l’un des éléments fondamentaux de l’Union qui détermine tous les domaines d’action commune.

La Hongrie pense que les prochains cadres financiers pluriannuels de l’UE devront être adaptés aux projets d’avenir et de développement des politiques communautaires. La présidence hongroise devra organiser le débat des politiques internes de manière à préparer à la fois celui qui débutera en juin 2011 au niveau de l’Union sur le nouveau cadre budgétaire.

3. Une Union proche du citoyen

L’Union doit s’occuper des questions qui concernent directement la vie quotidienne de ses citoyens.  La Hongrie cherche à promouvoir la poursuite de la réalisation du programme de Stockholm, l’élargissement de l’espace Schengen à la Roumanie et à la Bulgarie dans l’intérêt de la libre circulation des citoyens, la protection des droits fondamentaux, et a ainsi inscrit ces thèmes à son programme.

La présidence hongroise souhaite également attirer l’attention des États membres sur la diversité culturelle comme une valeur européenne à protéger. La diversité culturelle sera d’ailleurs le thème central des manifestations culturelles organisées à l’occasion de la présidence hongroise.

4. Élargissement et politique de voisinage

La Hongrie entend consacrer une attention particulière à la poursuite du processus d’élargissement et à la promotion des perspectives européennes des Balkans occidentaux. La présidence hongroise veut tout mettre en œuvre pour permettre aux négociations d’adhésion avec la Croatie d'aboutir au premier semestre 2011. Renforcer la dimension orientale de la politique de voisinage constitue un autre objectif prioritaire et, dans ce cadre  le deuxième sommet du Partenariat oriental sera organisé en Hongrie en mai 2011.

La présidence hongroise s’est engagée à soutenir la perspective d’intégration de la région des Balkans occidentaux et fera tout son possible pour que les négociations d’adhésion avec la Croatie puissent être finalisées au premier semestre 2011.

La Hongrie entend maintenir le rythme actuel des négociations d’adhésion avec la Turquie et gérer efficacement les questions de fond des négociations en cours avec l’Islande. La présidence hongroise est prête à entamer les négociations d’adhésion avec l'Ancienne République Yougoslave de Macédoine (ARYM) si les États membres en décident ainsi.

Les questions de la presse

Schengen, la Bulgarie et la Roumanie

Zoltan Hermyes, ambassadeur de Hongrie, a présenté à Luxembourg les priorités de la Présidence hongroise de l'UE le 7 janvier 2011Lors de la séance de questions, un journaliste a voulu savoir  comment l’ambassadeur pouvait d’un côté prôner « l’élargissement de l’espace Schengen à la Roumanie et à la Bulgarie dans l’intérêt de la libre circulation des citoyens », et d’autre part avoir son ministre de l’Intérieur, Sandor Pinter, déclarer le matin même que cet élargissement était reporté. Pour l’ambassadeur Hernyes, il s’agit là d’un malentendu, que des propos n’avaient pas été compris et que la position officielle de la présidence hongroise était bien celle qu’il avait exposée.

La loi sur les médias

Ensuite, un membre de la presse avait voulu savoir, en se référant aux propos du Premier ministre Juncker sur les contenus antisémites, racistes, xénophobes ou pornographiques véhiculés par la presse hongroise, s’il en était vraiment ainsi de la presse hongroise, et pourquoi alors le gouvernement hongrois avait préféré légiférer sur les médias plutôt que sur les délits de racisme ou d’antisémitisme.

Dans un premier temps, l’ambassadeur a demandé au journaliste s’il avait lu la loi, et enchaînant sur la réponse négative de ce dernier, il a déclaré que lui non plus, il n’avait pas lu une loi qui n’était pas le sujet de la conférence de presse. Il a ensuite proposé au journaliste de discuter en privé et autour d’un verre de la question. Son sentiment personnel, a-t-il ajouté, était que rien n’avait changé en Hongrie dans la presse depuis que la nouvelle loi est entrée en vigueur, et que la presse extérieure avait clairement « une perception exagérée » de la question. Finalement, l’ambassadeur a affirmé que d’autres gouvernements pouvaient leur opinion sur la loi sur les médias, mais que seule la Commission était habilitée à se prononcer sur la question. Si la Commission devait formuler des remarques ou objections essentielles sur le contenu de la loi sur les médias, l’ambassadeur s’est dit certain que le gouvernement hongrois prendrait ses responsabilités.        

Et à Budapest ….

L’ambassadeur hongrois était ici en ligne avec son gouvernement, puisque le Premier ministre Viktor Orban a assuré à la Commission lors d’une réunion avec son gouvernement à Budapest qui avait lieu en même temps que la conférence de presse à Luxembourg que si la nouvelle législation ne devait pas correspondre à l’esprit de l’UE, elle serait modifiée. Viktor Orban a affirmé que le Conseil des médias hongrois n’avait pas plus ni moins de pouvoirs que d’autres autorités de ce genre en UE. Il a également dit que "nous ne pouvons pas accepter des doutes vis-à-vis de la démocratie en Hongrie" et que du fait que les Hongrois ont « versé beaucoup de sang pour leur liberté », "la démocratie hongroise devrait être respectée comme toute démocratie en Europe". Pour Orban, "toute loi est dictée par le bon sens et des arguments raisonnables. Si ce type d’arguments prévaut, on peut changer la loi. Mais nous rejetons toute campagne, surtout si ces campagnes avancent des arguments qui ne sont pas dictés par le bons sens."

Pour le président de la  Commission, José Manuel Barroso,qui s'est exprimé dans une conférence de presse commune avec Viktor Orban, la liberté de la presse demeure "un principe sacrée de l’Union". Il a déclaré avoir reçu de Viktor Orban l’assurance que la loi sur les médias a été conçue et sera appliqué dans le respect des valeurs et des lois de l’Union. La Commission donnera son évaluation objective dès qu’elle aura reçu de la part du gouvernement hongrois une notification formelle de législation, ce qui pourra lui permettre de lancer les procédures légales. Au-delà de la question juridique, José Manuel Barroso a souligné le rôle de la perception politique de la Hongrie et la nécessité pour la Hongrie de pouvoir jouir du soutien de tous les Etats membres pour mener à bien sa tâche de présidence tournante.