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Environnement
Camille Gira et Claude Turmes reviennent à la charge au sujet des certificats d’émissions achetés par le Luxembourg à l’Estonie
Les deux parlementaires verts appellent à plus de transparence en matière de politique climatique
19-01-2011


En décembre 2010, Camille Gira, député, et Claude Turmes, eurodéputé, dénonçaient tous deux le scandale que représente à leurs yeux l’achat par le Luxembourg de certificats d’émission dits "hot air".

Une question parlementaire adressée par le député vert au ministre Claude Wiseler a suivi quelques jours plus tard et elle portait précisément sur le rachat par le Luxembourg de droits d’émission à l’Estonie pour un montant de 30 millions d’euros dans le cadre d’un programme de rénovation de logements. déi Gréng

Europaforum.lu s’est fait l’écho de la réponse qu’a donnée Claude Wiseler en janvier 2011 à cette question parlementaire. Le ministre s’y défend notamment des accusations portées par les Verts selon lesquelles l’achat de droits d’émission à l’Estonie serait "un simple transfert de hot air", en expliquant que le programme dans le cadre duquel ce rachat a lieu permettra des réductions réelles d’émissions de CO2.

Le 19 janvier 2011, Claude Turmes et Camille Gira sont revenus à la charge par voie de communiqué, réagissant avec vigueur au discours tenu par le ministre Wiseler dans sa réponse à cette question parlementaire, mais aussi à d’autres, antérieures, portant elles aussi sur l’achat de droits d’émission de CO2.

Selon les deux parlementaires, qui réaffirment que les droits d’émission achetés à l’Estonie par le Luxembourg (et bien d’autres pays encore à en croire le site du Ministère de l’Environnement estonien) proviennent de droits d’émission accordés à l’industrie lourde soviétique qui s’est entre temps effondrée, "pas un gramme de CO2 n’est économisé par l’achat de tels droits d’émissions". Et ils ne manquent pas de souligner que ces certificats "hot air" sont très controversés dans le cadre de la politique européenne sur le climat (ce fut notamment le cas en décembre 2009, en plein Copenhague, n.d.l.r.).

Camille Gira reproche à Claude Wiseler de ne pas avoir répondu, dans la réponse qu’il a faite à sa question parlementaire, à "la plus importante des questions posées, à savoir combien de tonnes de droits d’émissions ont été achetées à l’Estonie".

"Nous ne pouvons accepter que le gouvernement dissimule ce genre d’informations importantes", s’insurge Camille Gira qui estime que "la longue explication du ministre Wiseler sur le programme estonien de rénovation de bâtiments revient à tourne autour du pot". Car ce que demandent déi gréng, c’est "plus de transparence en matière de politique climatique afin de pouvoir discuter en termes d’objectifs et de mise en œuvre". Il a donc adressé aussitôt une nouvelle question parlementaire au ministre lui demandant combien de tonnes d’Unités de quantité attribuées (AAU) le gouvernement luxembourgeois a acheté en Estonie.

Dans leur communiqué, Claude Turmes et Camille Gira se réfèrent aussi à une question parlementaire récente concernant le Fonds Kyoto. A leurs yeux, il manque dans la réponse donnée par le ministre "la présentation globale requise des achats réalisés". Ils critiquent ainsi les nombreuses données présentées séparément et en partie difficiles à comparer, tandis que leur appel à une publication régulière des données est d'après eux "simplement ignoré".

"Dans la politique d’achat d’émissions du Fonds Kyoto, nous manquons d’une stratégie claire et de critères de qualité selon lesquels les droits d’émissions doivent être achetés", regrette ainsi Claude Turmes qui se demande pourquoi le Luxembourg finance dans ce cadre la construction d’éoliennes en Chine au lieu de promouvoir enfin au Luxembourg les énergies renouvelables et de soutenir une rénovation des logements sur le plan énergétique.

"S’il y avait de véritables critères de qualité pour le fonds Kyoto, jamais nous n’en serions arrivés au transfert de certificats hot air", poursuit l’eurodéputé qui voit dans les transferts de ce type une "escroquerie systématique qui sabote le protocole de Kyoto et ne lutte en rien contre le changement climatique". Pour Claude Turmes, le ministre Wiseler n’a pas prouvé le contraire dans sa réponse et l'eurodéputé dénonce "l’absurdité de la politique climatique européenne".