Le vice-premier ministre et ministre des Affaires étrangères du Luxembourg, Jean Asselborn, a entamé le 22 février 2011 la première étape de sa tournée au Proche-Orient par une visite de travail en Turquie.
Lors de sa rencontre avec son homologue turc, Ahmet Davutoglu, les deux ministres ont fait le point sur les relations bilatérales, qui seront rehaussées par l’ouverture prochaine d’une ambassade luxembourgeoise à Ankara, et ils se sont entretenus au sujet de l’approfondissement de la coopération entre les deux places financières.
Ils ont aussi fait l’analyse de la situation économique actuelle en Turquie et au Luxembourg et ont évalué l’impact de la crise financière et économique sur la Turquie, sur le Luxembourg, ainsi que sur l’Europe en général. Ils ont par la suite eu un échange de vues sur les efforts actuellement menés au sein de l’Union européenne en vue de renforcer la gouvernance économique. A noter à ce sujet que la Turquie connaît actuellement une inflation de 6 %, mais que son déficit budgétaire n’est que de 2,8 % et sa dette publique de 40 %, de sorte que sur ces deux points, elle est en ligne avec les critères de convergence de l’union économique et monétaire.
Finalement, les deux ministres ont eu un échange de vues sur la situation dans le monde arabe et sur les relations entre l’Union européenne et la République turque, plus précisément sur l’état des négociations d’adhésion de la Turquie à l’Union.
Lors des discussions sur l’actualité politique régionale et plus particulièrement sur les bouleversements récents dans le monde arabe suite notamment aux événements en Tunisie, en Egypte et en Libye, le ministre Asselborn a estimé que la Turquie pourrait servir de référence pour des réformes démocratiques et de modèle aux pays concernés par les troubles récents.
"L’exemple de la Turquie a démontré que démocratie et islam ne sont pas en opposition et sont très bien compatibles", a souligné Jean Asselborn, rappelant à ce sujet également l’importance de l’Alliance des civilisations, initiative turco-espagnole lancée au niveau des Nations Unies en 2005. Cette organisation cherche à promouvoir le dialogue entre les différentes cultures et à contrecarrer la polarisation et l’extrémisme.
Au sujet des relations entre l’Union européenne et la République turque, et plus précisément sur l’état des négociations d’adhésion de la Turquie à l’Union, le ministre Asselborn a souligné sa conviction que "l’Union européenne sera plus forte avec la Turquie que sans elle » et qu’elle « pourra jouer un rôle plus important sur la scène internationale".
"En Europe, nous devons continuer à convaincre les gens que la Turquie ne doit pas seulement être une alliée mais aussi un membre de notre union. Cela pourrait prendre encore quelques années... mais ce serait une erreur de mettre fin au processus" d'adhésion, a-t-il ajouté, tout en souhaitant que le processus de réformes en cours en Turquie en vue d’une adhésion à l’UE continue.
Ahmet Davutoglu a salué l’engagement sans ambigüités de Jean Asselborn en faveur d’une adhésion de la Turquie à l’UE. Assurant que son pays n’allait pas se laisser décourager, puisqu’une décision de principe a été prise en 2004 d’adhérer à l’UE, le ministre a souligné que la Turquie a l’habitude de poursuivre de tels objectifs stratégiques de façon conséquente.
Les négociations d'adhésion de la Turquie, pays presque exclusivement musulman dirigé par un gouvernement formé par le parti islamique AKP, sont au ralenti, du fait de la question de Chypre et de l’actuelle opposition de grands Etats membres de l'UE, comme l'Allemagne et la France, à une pleine adhésion turque.
Jean Asselborn a également été reçu par le Premier ministre de la République turque, Recep Tayyip Erdogan. Les pourparlers ont porté essentiellement sur les relations entre l’Union européenne et la Turquie. Le "Journal", quotidien libéral, cite Jean Asselborn qui déclare que le premier ministre Erdogan « reproche à l’UE de ne pas encore avoir compris à quel point la Turquie est importante pour l’Europe ». En même temps, Jean Asselborn a dit à l’issue de cet entretien être préoccupé par les relations entre la Turquie et l’Etat d’Israël, qui sont "au point zéro" depuis l’attaque d’un bateau de militants devant Gaza par les forces israéliennes, qui a coûté la vie à neuf citoyens turcs, attaque pour laquelle Israël ne s’est pas excusé auprès de la Turquie, auquel il était lié par une alliance stratégique.