Le Marché unique reste selon la Commission européenne "le cœur et le principal moteur économique de l'Union européenne" et son "meilleur atout pour répondre à la crise économique actuelle".
La Commission pense également que "son potentiel de croissance n'est pas encore pleinement utilisé, malgré les progrès réalisés depuis sa création en 1992." Elle veut donc lui faire "franchir une nouvelle étape pour poser les bases d'une nouvelle croissance plus verte et plus inclusive." Dans cette optique, elle a adopté le 13 avril 2011 l'Acte pour le Marché unique, avec lequel elle veut "ouvrir douze chantiers pour relancer le marché unique pour 2012".
Les 12 propositions que la Commission a identifiées comme des "leviers de croissance, de compétitivité et de progrès social" ont été déduites des 850 contributions qu’elle a reçues lors de sa consultation sur le marché unique. Elles concernent la mobilité des travailleurs, les financements pour les PMEs, la protection des consommateurs, le contenu numérique, la fiscalité et les réseaux transeuropéens.
Ici, il s'agit de créer un statut commun de fonds de capital-risque qui permette aux fonds établis dans un Etat membre d'investir dans n'importe quel autre Etat membre, fournissant ainsi aux PME innovantes des fonds avec l'expertise nécessaire et à un prix attractif.
En 2009, 5,8 millions d'Européens travaillaient dans un autre État membre, ce qui équivaut à 2,5 % de la population active de l'Union. Une mobilité accrue de main d'œuvre qualifiée permettrait à l'économie européenne d'être plus compétitive. C'est d'autant plus urgent que de nombreux postes hautement qualifiés ne sont pas pourvus. Pour lever les obstacles juridiques qui empêchent encore les Européens de travailler où ils le souhaitent, la Commission veut moderniser les règles de reconnaissance des qualifications professionnelles, de façon à simplifier les procédures, réexaminer le champ des professions réglementées et renforcer la confiance et la coopération entre les Etats membres, notamment au travers d'une carte professionnelle européenne.
La propriété intellectuelle est pour la Commission tout aussi importante que les matières premières ou la base industrielle: entre 44 % et 75 % des ressources des entreprises européennes y sont liées. Il est donc crucial pour la compétitivité européenne d'établir une protection des inventions unitaire par brevet, pour le plus grand nombre d'Etats membres, l'objectif étant de délivrer les premiers titres unitaires en 2013. La Commission a fait des propositions dans ce sens le même 13 avril.
Pour renforcer la confiance des consommateurs dans le marché unique, il faut leur garantir leurs droits. Cela passe notamment par le développement du règlement alternatif des différends et la mise en place de moyens de recours autres que judiciaires. C'est pour la Commission "essentiel" pour le commerce en ligne où une confiance accrue des consommateurs dans le commerce électronique transfrontalier produirait un gain économique évalué à 2,5 milliards d'euros.
Les services sont le moteur de création d'emplois en Europe: alors que la croissance de l'UE était en moyenne de 2,1 % par an entre 1998-2008, le secteur des services a cru en moyenne de 2,8 % par an. L'emploi dans le secteur s'est accru de 2 % par an, comparés à 1 % pour l'ensemble de l'économie. Pour conforter cet atout, la Commission propose de réviser la législation sur le système européen de normalisation pour l'étendre aux services et rendre les procédures de normalisation plus efficaces, efficientes et inclusives.
Les réseaux de transports, d'énergie et de communications électroniques constituent la colonne vertébrale du marché unique. En effet, des infrastructures performantes favorisent la libre circulation rapide et à un coût raisonnable des personnes, des marchandises, des différentes énergies et des données. La Commission adoptera des législations sur les infrastructures énergétiques et de transport pour identifier les projets stratégiques d'intérêt européen.
Pour renforcer la confiance dans les transactions électroniques qui est un facteur important du développement d'un marché intérieur numérique, la Commission veut élaborer une législation assurant la reconnaissance mutuelle de l'identification et de l'authentification électroniques à travers son territoire et une révision de la Directive sur la signature électronique, afin de permettre une interaction par voie électronique sûre et sans entrave.
Certaines entreprises font le choix, au-delà de la recherche légitime d'un profit financier, de poursuivre également des objectifs d'intérêt général, de développement social, éthique ou environnemental. Ce secteur est porteur de croissance et d'emplois. Pour l'encourager, la Commission voudrait pouvoir exploiter pleinement le levier financier que constitue l'industrie européenne de la gestion d'actifs. Elle proposera un cadre européen pour les fonds d'investissement solidaire, afin d'amplifier l'effet des initiatives nationales existantes, en ouvrant à ces fonds les opportunités du marché unique.
La Commission pense que la réglementation fiscale de l'UE n'est plus adaptée aux réalités du marché unique du 21e siècle, ni aux enjeux du développement durable. Elle n'encourage pas suffisamment les pratiques les plus économes en énergie ou les plus respectueuses de l'environnement. Elle propose donc une révision de la directive sur la fiscalité de l'énergie afin d'assurer un traitement cohérent des diverses sources d'énergies pour mieux prendre en compte le contenu énergétique des produits ainsi que leurs émissions de CO2 une proposition qui, à peine lancée, est déjà l’objet de fortes critiques.
Pour renforcer la cohésion sociale en Europe, la Commission va faire une proposition législative destinée à renforcer l'application de la directive "détachement des travailleurs", pour prévenir et sanctionner tout abus ou détournement des règles. Elle va également proposer de clarifier l'exercice des droits sociaux fondamentaux dans le cadre de l'exercice des libertés économiques qui est un des points de litige centraux entre monde patronal et syndical.
Les entreprises voient encore trop souvent le marché unique comme un espace de contraintes et non d'opportunités. Il faut leur simplifier la vie, en réduisant les contraintes règlementaires et administratives. Pour y arriver, la Commission propose donc une simplification des directives sur les normes comptables en ce qui concerne les obligations d'information financière, et diminution des contraintes administratives, en particulier celles pesant sur les PME.
Les autorités publiques dépensent environ 18 % du PIB de l'UE en biens, services et travaux. Cette dépense publique est un levier essentiel pour la croissance. Les législations européennes et nationales ont ouvert les marchés publics à une concurrence loyale dont la conséquence est d'offrir aux citoyens une meilleure qualité au meilleur prix. La Commission propose de moderniser ce cadre législatif pour aboutir à une politique équilibrée qui soutienne une demande pour des biens et des services respectueux de l'environnement, socialement responsables et innovants, pour offrir des procédures plus simples et plus flexibles aux pouvoirs adjudicateurs, et assurer un accès plus facile aux PME.
Fin 2012, la Commission fera le point sur l'état d'avancement du présent plan d'action et présentera son programme pour la prochaine étape. Les réflexions seront nourries par une grande étude économique dont les résultats devraient permettre d'identifier les niches où subsistent encore des potentiels de croissance inexploités, et de dégager le cas échéant de nouveaux leviers pour la croissance.