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Economie, finances et monnaie
Au lendemain de la demande officielle du Portugal, les ministres européens des Finances donnent mandat à la Commission et à la BCE pour négocier le programme d’ajustement qui conditionnera l’aide financière sollicitée
08-04-2011


Le 6 avril 2011, dans la soirée, le Premier ministre démissionnaire du Portugal, José Socrates, annonçait que son pays allait introduire une demande d’aide financière à la Commission européenne.

La lettre de demande officielle pour cette aide conditionnée qui est adressée à l’UE et au FMI est arrivée le 7 Luc Frieden entouré de ses pairs à son arrivée à la réunion informelle de l'Eurogroupe à Gödöllö le 8 avril 2011 (C) 2011, András Péter Németh / www.eu2011.hu / MFA.GOV.HUavril 2011 dans la soirée.

Le lendemain matin, le 8 avril 2011, les ministres des Finances de la zone euro se retrouvaient à Gödöllö pour une réunion informelle dont le Portugal allait naturellement devenir le principal objet des discussions. Les ministres des pays de l'UE non-membres de la zone euro, présents eux aussi pour un Ecofin informel organisé par la Présidence hongroise, ont été invités à rejoindre les débats après deux heures de discussions.

Jean-Claude Juncker, Premier ministre luxembourgeois et président de l’Eurogroupe, a lu à la presse la déclaration sur laquelle les ministres se sont mis d’accord dans la matinée.

Dans le contexte de l’aide demandée conjointement à l’UE et au FMI, et qui sera soumise à une "stricte conditionnalité", le paquet financier proviendra, du côté de l’UE, comme ce fut le cas pour l’Irlande, du mécanisme européen de stabilité financière et de l’EFSF.

S’ils se félicitent de la demande d’assistance financière portugaise, les ministres des Finances indiquent aussi que les autorités portugaises devront préparer, avec la Commission, la BCE et le FMI, un programme de mesures politiques visant à garantir la stabilité financière.

Les négociations seront menées avec les autorités portugaises et Jean-Claude Juncker a clairement mentionné que les principaux partis portugais seraient impliqués dans les discussions.

Le programme d’ajustement se basera sur trois piliers :

  • un programme d’ajustement budgétaire,
  • un programme de réformes structurelles visant à renforcer le potentiel de croissance du Portugal et à supprimer les rigidités sur le marché, lequel comprendra aussi un programme de privatisations,
  • et enfin des mesures portant sur la solvabilité et la liquidité du secteur financier.

Le programme d’ajustement que le Portugal avait présenté le 11 mars dernier au sommet de l’Eurogroupe devrait être une base de travail pour définir le nouveau programme d’ajustement. Certes, certains points de ce programme Jean-Claude Juncker présidant la réunion informelle de l'Eurogroupe le 8 avril 2011 à Gödöllö (c) 2011, András Kovács / www.eu2011.hu / MFA.GOV.HUont été rejetés par le Parlement portugais, ce qui a conduit à la démission du gouvernement minoritaire, mais, comme l’a rappelé Jean-Claude Juncker, tant le parti du gouvernement que le parti d’opposition entendent respecter les objectifs budgétaires qui ont été fixés.

Pour Olli Rehn, le commissaire européen en charge des Affaires économiques et financières, le terrain a donc été préparé avec ce premier programme qui servira de référence. Le gouvernement démissionnaire est invité à ouvrir la voie pour qu’un accord puisse être trouvé avec les différents partis. Ce qui n’empêchera pas, le cas échéant, d’envisager quelques ajustements après les élections du 5 juin prochain, ainsi que l’a précisé Olli Rehn.

"Les préparatifs débuteront immédiatement, afin de parvenir à un accord avec tous les partis, assurant qu'un programme d'ajustement puisse être adopté d'ici la mi-mai, et mis en place rapidement après la formation d'un nouveau gouvernement", a indiqué Jean-Claude Juncker.

La date de la mi-mai est donc envisagée pour qu’Eurogroupe et Ecofin puissent valider le programme d’ajustement. Il faudra à compter de ce jour prévoir 10 jours pour mobiliser les fonds requis, ainsi que l’a indiqué Klaus Regling, le directeur de l’EFSF.

Pour ce qui est du montant de l’aide, si un programme pluriannuel d’une durée de trois ans pour un montant de l'ordre de 80 milliards d’euros a pu être évoqué par Olli Rehn, il n’a pas manqué de souligner que le processus venait tout juste d’être lancé et que le montant à financer restait donc, comme les mesures à mettre en place, à définir sur la base de travaux empiriques solides. Il est encore trop tôt pour avancer des informations plus précises.

Klaus Regling s’est réjoui de la réaction positive des marchés à la requête portugaise et il s’est félicité que cette nouvelle étape puisse éviter tout effet de contagion A ses yeux, le fait que le marché espagnol n’ait pas été affecté par cette demande montre que les marchés comprennent mieux les fondamentaux économiques des différents pays de la zone euro.

Les ministres des Finances de la zone euro ont aussi évoqué dans leurs discussions la situation de la Grèce, faisant le point sur l’application du programme d’ajustement dans ce pays et rappelant notamment l’importance de respecter les cibles de déficit public fixées. Conformément aux conclusions de la réunion du 11 mars 2011, les ministres se sont entendus pour allonger la durée de la dette à 7 ans et demi et pour baisser de 100 points de base les taux d’intérêt. "Un pas important pour améliorer la soutenabilité de la dette grecque", aux dires de Jean-Claude Juncker.

Les ministres se sont aussi fixés sur le calendrier de mise en œuvre des conclusions du Conseil européen de fin mars. La préparation de la version finale des modifications de l’article 136 du traité est en cours et la clôture des travaux est prévue pour la fin du mois de juin 2011.