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Economie, finances et monnaie - Emploi et politique sociale
1er mai - Le LCGB s’inscrit en faux contre une politique économique et sociale de l’UE marquée par le modèle allemand
Ce modèle équivaut pour le syndicat chrétien à une baisse des salaires réels et à une augmentation du nombre de travailleurs pauvres
01-05-2011


LCGBL’UE, les politiques d’austérité, les réformes structurelles projetées au niveau national dans les Etats membres de l’Union et leurs répercussions sociales étaient au centre du discours du 1er mai 2011 que le président du LCGB a tenu lors de la Fête du Travail à Wiltz. 

Une critique du système économique en place en Europe

Robert Weber a entamé son discours en citant longuement et exhaustivement les chiffres élevés du chômage, les baisses de salaires, des pensions, des allocations de chômage et de famille, des budgets consacrés à l’éducation, et les hausses de l’âge d’accession à la retraite, des impôts directs et indirects dans des Etats membres de l’UE comme la Grèce, l’Irlande, le Portugal, la Roumaine, la France, l’Allemagne et l’Espagne, selon lui tous fruits des programmes d’austérité. Le leader syndical et député du parti gouvernemental CSV s’est particulièrement élevé contre l’intervention du FMI et de la Commission européenne dans le "droit sacré" syndical de la négociation salariale libre ("Tarifautonomie").

En contraste avec les détériorations de la situation des salariés qu’il a décrites, il a continué en citant longuement les hausses des émoluments des managements en Europe. Tout cela montre selon la Confédération Européenne des Syndicats (CES) que "l’austérité est pour tous et les bonus pour un petit nombre!"

Par rapport à ces pratiques, Robert Weber a estimé que l’indexation automatique telle qu’elle est pratiquée au Luxembourg, mais contestée par de nombreux partenaires de l’UE, est "un instrument d’une redistribution plus juste du gâteau économique" voire un "instrument contre l’inflation", même s’il "est loin d’être parfait".

Cela est pour lui d’autant plus vrai pour le syndicaliste que le système économique n’est pas pour lui un système social. La preuve en est qu’une "erreur capitale" a été commise, lorsque la Banque centrale européenne ne s’est pas vue attribuer lors de sa création des responsabilités en matière d’emploi.

Sus à la spéculation

Le LCGB, qui est pour une "économie réelle", et qui s’oppose à une "économie de casino", constate néanmoins que les spéculations ont repris de plus belle alors que l’on fait payer la crise aux travailleurs et que les prix pour les denrées de base et l’énergie augmentent vertigineusement. Cette spéculation doit être interdite, et sur d’autres types de spéculations, le LCGB est en faveur d’un impôt international sur les transactions financières. Car, selon Robert Weber, avec le mécanisme de gestion de la crise de l’UE et les garanties des Etats, les spéculateurs se sentent protégés et peuvent risquer de nouveau la crise systémique.

Contre toute intervention de l’UE contre l’indexation des salaires

Les investissements dans l’économie réelle ont baissé, constate Robert Weber, et l’idée que l’emploi augmentera si les salaires ne croissent pas aussi rapidement que la productivité est selon lui fausse dans un tel contexte. Sans parler de l’évolution des émoluments du management qui est plus rapide que celle de la productivité. Bref, si l’UE veut toucher à l’indexation des salaires, le LCGB est prêt à aller dans la rue et à prôner une grève générale pour la défendre.

Sus au modèle allemand

Robert Weber distingue en Europe deux grands courants politiques : l’austérité et le modèle allemand. "L’austérité suit exactement le même plan dans tous les pays : réductions salariales, coupes sociales, augmentation des impôts des citoyens, réduction de l’indemnité de chômage, flexibilisation du travail, hausse de l’âge de la retraite, baisse des pensions."

Le modèle allemand se caractérise lui "par une hausse modérée des salaires, plus de flexibilité du travail, une augmentation de l’âge de la retraite et une imposition unique des sociétés. Tout automatisme sera supprimé. Outre l’austérité, on assiste également à l’attaque à l’autonomie tarifaire des partenaires sociaux." Pour Robert Weber, "c’est là la nouvelle ligne de la Commission européenne". Le leader syndical a ensuite souligné qu’entre 2005 et 2009 "les salaires réels ont diminué de 4,5 % en Allemagne" et que "le nombre de travailleurs pauvres augmente sans cesse".

"Voulons-nous réellement ce modèle ?", demande Robert Weber. A son avis, "les citoyens de l’UE refusent cette germanisation de la situation actuelle, sauf que Madame Merkel et la Commission européenne ne l’ont toujours pas compris." Persister sur cette trame conduit selon le syndicaliste à la déstabilisation politique dans l’UE, et cela est d’autant plus probable que le chômage "n’est toujours pas sous contrôle, ni dans notre pays ni au niveau européen."

L’Europe doit sortir du nucléaire

Pour le LCGB, la catastrophe nucléaire de Fukushima a définitivement montré "que le moment est venu pour commencer de sortir du nucléaire". Pour Robert Weber, "l’Europe doit devenir un continent sans centrales nucléaires." Elle doit "développer de nouvelles technologies écologiques" et le Luxembourg et l’UE doivent saisir l’opportunité "pour notre économie du savoir, nos politiques européennes en matière de R & D et pour atteindre nos objectifs dans le cadre de la stratégie Europe 2020".

"Les décisions politiques quant aux allocations familiales et bourses d’études dirigées contre les frontaliers"

Robert Weber a ensuite réitéré le refus catégorique que le LCGB oppose à "des décisions politiques quant aux allocations familiales et bourses d’études dirigées contre les frontaliers." Pour lui, "c’est une mauvaise politique", et du fait que la Commission européenne a lancé une procédure d’infraction contre le Luxembourg, "les craintes et les avertissements du LCGB se sont confirmés."

"Depuis des années nous causons uniquement des problèmes aux frontaliers, surtout en matière d’allocations familiales", constate avec amertume le leader syndical. "C’est une politique insoutenable et inacceptable!" Son principe : "Tous ceux qui paient leurs impôts et leurs charges sociales au Luxembourg doivent avoir droit aux mêmes droits et aux mêmes prestations sociales. Le Luxembourg doit arrêter de se comporter comme un pique-assiette."