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Economie, finances et monnaie - Politique étrangère et de défense
Jean Asselborn confie aux Stuttgarter Nachrichten que les garanties bilatérales insérées dans les décisions du 21 juillet 2011 pourraient "nous coûter cher dans les débats parlementaires à venir"
29-08-2011


Dans un entretien accordé à la journaliste Claudia Lepping, Jean Asselborn se montre critique quant aux positions allemandes dans le dossier libyen, mais aussi au sujet de l’euro. "L’UE n’est ni crédible ni efficace en matière de politique étrangère" titrent en effet les Stuttgarter Nachrichten cet entretien daté du 29 août 2011. Stuttgarter Nachrichten

Pour Jean Asselborn, la mission première de l’UE en Libye est de fournir au peuple libyen de l’aide humanitaire, à savoir de l’eau, des médicaments, de l’énergie et de la nourriture. Mais, interrogé sur l’abstention de l’Allemagne au Conseil de Sécurité de l’ONU au moment du vote concernant l’intervention en Libye, Jean Asselborn déclare que "fondamentalement, l’UE n’est ni crédible ni efficace en matière de politique étrangère quand ses membres ne peuvent se résoudre à prendre une position commune sur les questions capitales au Conseil de sécurité de l’ONU". "Dans ce cas, l’UE n’a pas besoin de haute représentante pour sa politique étrangère, mais bien d’un psychologue pour se défaire de sa frustration", renchérit le ministre des Affaires étrangères luxembourgeois.

Quand la journaliste lui demande s’il y a actuellement une politique étrangère allemande, Jean Asselborn avance que "même pour le pays le plus grand et le plus fort économiquement de l’UE, il ne peut y avoir de politique étrangère qui ne s’inscrive pas dans la politique étrangère de l’UE", ce qui le conduit à reformuler la question : "A quel point l’Allemagne est importante pour la politique étrangère de l’UE ?", demande ainsi le ministre. A ses yeux, une seule réponse : l’Allemagne est d’une importance capitale tant sur le plan de la crédibilité que du point de vue de la capacité de s’imposer. Et pour se défaire du "potentiel négatif" qu’a pu avoir cette abstention dans les débats de politique étrangère, rien ne vaut selon Jean Asselborn une action concrète de l’Allemagne dans le cadre de l’UE et de l’ONU. Cette "réhabilitation" en matière de politique étrangère, l’Allemagne peut l’obtenir selon Jean Asselborn en jouant un rôle capital dans les prochains mois, lorsque la reconnaissance de l’Etat palestinien par l’ONU sera à l’ordre du jour : "un positionnement courageux de l’Allemagne apporterait à l’UE un poids politique décisif", estime en effet Jean Asselborn.

Jean Asselborn critique l’importance accordée par "les trois grands de pays" de l’UE au Conseil, au détriment de la Commission – à ses yeux "l'institution la plus importante" - qui est présentée par certains grands chefs de gouvernement comme "secondaire, voire même parfois pénible". "L’UE n’est pas l’Union africaine, où se produisent seulement les chefs d’Etat", lance ainsi le ministre luxembourgeois qui considère que "des prestations comme celle de Deauville, où la France manigançait pour empêcher l’introduction de sanctions directes en cas de dépassements de déficit tandis que l’Allemagne voulait absolument la participation du secteur privé à la réduction de la dette, sont du poison pour l’UE". Jean Asselborn voit là deux intérêts fondamentalement nationaux déclinés comme des intérêts européens, et il estime que si d’autres pays faisaient de même, l’UE "étoufferait". "Le président français et la chancelière allemande ont une grande influence, mais aussi une responsabilité encore plus grande – et ce notamment pour ce qui est de l’euro", souligne Jean Asselborn.

Jean Asselborn juge qu’il y a beaucoup de bonnes choses dans les récentes décisions prises par les chefs d'Etat et de gouvernement afin d'assurer la stabilité de l’euro, mais il se dit "certain que les ministres des finances auraient évité l’erreur d’insérer des garanties bilatérales avec la Grèce". Une décision qui pourrait selon lui "nous coûter cher dans les débats parlementaires nationaux à venir".

En ce qui concerne les euro-obligations, Jean Asselborn souligne que Jean-Claude Juncker ne les a pas soumises au débat dans le but de "provoquer", mais bien parce qu’il est, selon son Vice Premier ministre, convaincu qu’elles apporteraient une stabilité décisive. Comme l’ancien ministre des Affaires étrangères allemand Steinmeier, Jean Asselborn appelle à lever le tabou qui continue de peser sur l’idée d’obligations communes dont il conviendrait plutôt selon lui de discuter et définir les conditions strictes.