Dans un entretien accordé à Jean-Jacques Mével et publié dans l’édition du Figaro datée du 2 août 2011, Jean-Claude Juncker revient sur la crise de la dette et sur l’accord trouvé le 21 juillet dernier par les chefs d’Etat et de gouvernement de la zone euro.
Pour le président de l’Eurogroupe, à l’heure où Europe et Etats-Unis font face au défi de la dette et des déficits, "on ne peut plus parler de crises financières régionales, comme naguère". "C'est le même phénomène qui frappe partout, au même moment", constate-t-il, expliquant que "la crise de la dette se combine à une crise bancaire, le fondement de la confiance est ébranlé".
Pour autant, Jean-Claude Juncker, estime qu’à terme, "l'Europe se révélera avoir été un placement sûr". Bien sûr, le Premier ministre luxembourgeois reconnaît que si le Trésor américain devait perdre son AAA, "il serait surprenant que le reste de la planète, l'Europe en particulier, échappe aux répercussions".
Invité à revenir sur la réunion des chefs d’Etat et de gouvernement de la zone euro du 21 juillet 2011, Jean-Claude Juncker relate que "dans l'urgence et par nécessité, les dirigeants européens ont accepté de franchir leurs propres lignes rouges, afin d'augmenter l'arsenal". Et il décline la liste de ces fameux tabous : "Les uns ont brisé le tabou de la participation du secteur privé au renflouement, d'autres ont bravé l'interdit du défaut de paiement, d'autres ont enfin accepté d'étendre le champ d'action du fonds de sauvetage européen..."
"Je considère que ce plan tient la route et qu'il n'oblige pas à convoquer un sommet tous les quinze jours", estime le président de l’Eurogroupe, qui précise que "si des lacunes sont constatées, elles peuvent être réparées".
"Il n'y aura ni automatisme ni chèque en blanc", poursuit Jean-Claude Juncker qui souligne que les gouvernements créanciers sont responsables devant leur Parlement. "A la solidarité des créanciers répond la solidité des engagements des débiteurs", résume-t-il, ajoutant que "cela veut dire des conditions clairement édictées, appliquées et vérifiées".
"Avec la crise grecque, c'est la stabilité de la zone euro tout entière qui était menacée", rappelle Jean-Claude Juncker au sujet de cet accord. "Il fallait ériger un barrage assez dissuasif", commente-t-il a posteriori, concédant "qu'on aurait pu prendre les mêmes décisions plus tôt, puisque les options existent depuis longtemps".