Après la Grèce, c’est l’Italie, avec ses 1 900 milliards de dette publique qui représentent plus en 2011 de 120 % de son PIB, qui est entrée dans l’œil du cyclone de la crise des dettes souveraines. Ces derniers jours, les taux exigés pour ses émissions obligataires sur 10 ans se sont envolés de 3,5 % à plus de 6 %. Ses obligations ont perdu plus de 10 % de leur valeur sur les marchés.
Les banques luxembourgeoises et les fonds d’investissement domiciliés sur la place financière ont beaucoup investi dans des papiers obligataires italiens. Les médias s’intéressent évidemment à cette exposition et le 11 novembre 2011, la chaîne de radio RTL a posé des questions dans ce sens au ministre des Finances, Luc Frieden.
Les banques luxembourgeoises, a-t-il expliqué, sont exposées à raison de 7,5 milliards d’euros. Les fonds d’investissement le sont à raison de 50 milliards d’euros. Ces chiffres sont très élevés, constate-t-il. Mais, ajoute-t-il, aucune banque luxembourgeoise n’entrerait dans des difficultés fondamentales s’il devait s’avérer que toutes les dettes ne pourront pas être remboursées, comme c’est le cas avec la Grèce.
RTL a insisté sur le cas de la Banque et Caisse d’Epargne de l’Etat, la BCEE, qui est selon le ministre exposée à raison de 1,5 milliards d’euros, "une somme qui ne pourrait tirer vers le bas aucune banque".
Mais si la situation devait complètement tourner à l’aigre en Italie, cela aurait selon le ministre des Finances des "répercussions fatales sur toute l’Europe et donc aussi sur le Luxembourg". C’est ce qu’il faut éviter par une double approche : l’Italie réforme ses politiques structurelles et budgétaires et il sera veillé à qu’elle puisse satisfaire à ses obligations, le cas échéant avec le soutien de l'EFSF. Aucune banque ne fera faillite à cause de la Grèce et de l’Italie, pense Luc Frieden, qui se montre plus préoccupé par l’effet cumulatif des problèmes.
Comme en écho, Klaus Regling, le chef du Fonds européen de stabilité financière (EFSF), dont le siège est à Luxembourg, a appelé lui aussi l'Italie à mettre rapidement en oeuvre des mesures permettant de rassurer les marchés, dans un entretien à plusieurs journaux européens, dont la Süddeutsche Zeitung paru le vendred 11 novembre 2011."L'Italie n'a plus beaucoup de temps pour rassurer les marchés", a-t-il déclaré. "Le pays a besoin le plus rapidement possible d'un gouvernement capable de fonctionner", a-t-il ajouté. Il a assuré que l'EFSF était préparé à aider l'Italie si les turbulences persistaient. "Si un pays arrive et dit qu'il a besoin tout de suite d'aide, alors nous sommes prêts", a-t-il dit.
Pendant ce temps, le très contesté Premier ministre italien Silvio Berlusconi a annoncé sa démission prochaine, ce qui a commencé mettre fin à l'incertitude politique, qui a ébranlé les marchés depuis le début novembre. L'ancien commissaire européen Mario Monti est pressenti comme son successeur pout un gouvernement de transition.
Le président de la République italienne, Giorgio Napolitano a déclaré : "L'Italie fait face à des passages difficiles et à des choix particulièrement délicats pour surmonter la crise. L'Europe attend avec urgence des signaux importants de prise de responsabilité de la part d'un de ses pays fondateurs. Nous serons à la hauteur de la tâche". Grâce à l'intervention du chef de l'Etat, le Parlement italien, connu pour sa lenteur, devrait adopter en un temps record les mesures budgétaires et les réformes structurelles promises à l'Union européenne : premier vote attendu le vendredi 11 novembre 2011 au Sénat, feu vert définitif à la Chambre des députés le samedi 12 ou le dimanche 13 novembre au plus tard.
A Athènes, l'ancien vice-président de la Banque centrale européenne Lucas Papademos a été officiellement chargé de former un gouvernement d'union nationale qui devrait bénéficier du soutien des partis PASOK (socialiste), Nea Dimokratia (conservateur) et LAOS (droite), et donc de 254 voix sur 300 au Parlement grec. Le gouvernement Papademos devrait prêter serment vendredi 11 novembre. L'avenir de la Grèce est dans l'euro même si sa situation actuelle "à un carrefour crucial" est difficile, a estimé le 10 novembre Lucas Papademos dans sa première déclaration publique après avoir été chargé de former le nouveau gouvernement.