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Economie, finances et monnaie - Traités et Affaires institutionnelles
Scénarios grecs pour éviter la faillite et faire face aux échéances et aux exigences des partenaires
Jean Asselborn, qui approuve l’idée d’un gouvernement de transition en Grèce, met en garde contre un vote de défiance contre Georges Papandréou qui ferait perdre du temps au pays
04-11-2011


Parlement grecA quelques heures du vote de confiance auquel le Premier ministre grec Georges Papandréou va se soumettre au parlement grec, la Grèce a officiellement abandonné le 4 novembre 2011 l'idée d'un référendum sur le plan de sauvetage ficelé dans le cadre de l’accord du 27 octobre 2011. C’est ce que le ministre grec des Finances Evangélos Venizélos a expliqué dans un communiqué, après l’avoir annoncé au président de de l'Eurogroupe Jean-Claude Juncker, au commissaire européen en charge des affaires économiques Olli Rehn et au ministre des Finances allemand Wolfgang Schäuble.

Il a aussi souligné que le gouvernement grec briguerait vendredi soir la confiance "pour obtenir le plus grand consensus possible" politique "avec la formation d'un gouvernement en ce sens". Pour Evangélos Venizélos, "l'objectif est de garantir la mise en œuvre des procédures d'application" de l'accord de désendettement de la Grèce conclu le 27 octobre dernier qui "garantit" la place du pays "dans la zone euro", "respecte les sacrifices du peuple grec et ouvre la perspective d'un retour de l'économie à la normale". La confiance accordée au gouvernement, assure le ministre des Finances grec, "n'aurait pas pour but de lui permettre de continuer avec le seul soutien des députés de la majorité socialiste".

La Grèce négocie avec la zone euro le déblocage de 80 milliards d'euros

 Parallèlement, le Ministère grec des Finances a fait savoir que la Grèce négocie avec la zone euro le déblocage d'ici "fin février" de 80 milliards d'euros, ceci dans le cadre de l’accord du 27 octobre. Le Ministère des Finances grec précise que ces sommes sont requises "pour la mise en œuvre du PSI (le programme d'échange des obligations grecques détenues par les créanciers privés), la recapitalisation du système bancaire grec et la première tranche du nouveau prêt" de 100 milliards d'euros promis par la zone euro.

"Le total est au niveau (...) des 80 milliards d'euros" pour assurer le "sauvetage de l'économie grecque", dit le communiqué. L'accord de Bruxelles inclut des garanties aux banques en échange de leur acceptation de pertes de 50 % pour l'effacement de près d'un tiers de la dette publique grecque, et une enveloppe de 30 milliards pour assurer la recapitalisation des banques grecques.

La négociation en cours est cruciale pour la Grèce et elle implique deux défis, l’un politique, et l’autre lié à des échéances très proches. Pour pouvoir mener cette négociation, la Grèce doit, comme le souligne le communiqué, "être représentée en toute validité et offrir les garanties politiques nécessaires", et cela doit être le cas dès la prochaine réunion de l'Eurogroupe, et celle-ci est prévue à Bruxelles pas plus tard que le lundi 7 novembre 2011. .

Par ailleurs, les autorités grecques doivent donner ces assurances à leurs partenaires de la zone euro, grecques, s’ils veulent que le versement de la 6e tranche de 8 milliards d'euros du premier prêt de 110 milliards consenti au pays en mai 2010 se fasse en temps voulu. Et la Grèce a un besoin vital de ces fonds d'ici le 15 décembre, sous peine de cessation de paiement, de l’aveu même d’Evangélos Venizélos.

Le scénario de Georges Papandréou  en vue du vote de confiance

L’issue du vote de confiance est plus qu’incertaine. D’un côté, Georges Papandréou est affecté par les défections dans son propre camp, le PASOK socialiste. D’autre part, il y a un nouveau fait : Nea Demokratia, le plus grand parti d’opposition, dirigé par Antonis Samaras, a abandonné le 3 novembre son opposition systématique aux plans de sauvetage de la Grèce qui se sont succédé ces derniers mois et a proposé la formation d’un gouvernement consensuel de transition pour assurer l'adoption de l'accord européen de désendettement du pays.

Dans ce cadre, Georges Papandréou, qui n’est pas sûr de recevoir l’appui de son propre camp, envisage une feuille de route marquée par cinq étapes :

  1. obtenir d’abord la confiance du parlement;
  2. entamer immédiatement des négociations Nea Demokratia sur la formation d’un gouvernement de transition;
  3. en cas d'accord socialistes-conservateurs, faire adopter le budget 2012, très critiqué par les syndicats et les manifestants ;
  4. assurer la ratification parlementaire du plan européen de désendettement ;
  5. organiser des élections anticipées.   

Mais des désaccords subsistent en amont du vote de confiance. Même si Georges Papandréou dit n’être "accroché à aucun fauteuil" et que ce qui l'intéresse « est de sauver la patrie", il a exclu une démission, ne voulant pas laisser le pays sans gouvernement. Une démission impliquant des consultations préalables du président pourraient durer et priver la Grèce d’une représentation valide lors des négociations sur les crédits destinés à la Grèce, nécessaires pour éviter à court terme la faillite de l’Etat.

Cette manière d’envisager le chemin vers un gouvernement de transition avait provoqué dès jeudi la colère de son rival conservateur, Antonis Samaras . Ce dernier veut que Georges Papandréou démissionne et qu’il ouvre ainsi le chemin à la formation rapide d’un gouvernement d’experts. Ce gouvernement d’experts aurait les mêmes tâches que Georges Papandréou a prévues pour le gouvernement de transition qu’il souhaite : adoption du budget 2012 et du plan de désendettement, ensuite des élections législatives anticipées. Nea Demokratia a donc déjà stipulé que de voter contre la confiance. Reste que des négociations ont déjà été entamées à l’abri des regards pour trouver une issue rapide à la crise politique au regard d’échéances financières toutes proches, comme celle de la réunion de l’Eurogroupe et des négociations et actions qui y sont liées.

Un commentaire de Jean Asselborn

Le ministre des Affaires étrangères du Luxembourg, Jean Asselborn, socialiste comme Georges Papandréou, a commenté le 4 novembre 2011 les événements en Grèce à la radio hessoise hr. Il a déclaré que "ce serait effectivement mieux si un gouvernement de transition pouvait être mis en place (en Grèce, ndlr) qui mettrait en œuvre les accords de Bruxelles et préparerait ensuite de nouvelles élections".  Jean Asselborn a également mis en garde contre un « non » lors du vote de confiance qui aura lieu au cours de la nuit de vendredi, car dans ce cas, a-t-il précisé, "la constitution grecque prescrit de nouvelles élections endéans un mois, avec toutes les incertitudes que cela implique, avec tout le temps qui sera alors perdu".