Principaux portails publics  |     | 

Economie, finances et monnaie - Emploi et politique sociale
Le STATEC publie une note de conjoncture qui révèle des scénarios économiques difficiles pour le Luxembourg dans le contexte de la crise européenne
24-11-2011


STATECLe STATEC a publié le 24 novembre 2011 sa 3e note de conjoncture pour 2011.  Le STATEC y évoque l’exacerbation de la crise dans la zone euro, une croissance luxembourgeoise en perte de vitesse, une dégradation des conditions du marché du travail et une augmentation du chômage, notamment chez les jeunes, un chômage qui deviendrait structurel, malgré cela ne progression toujours soutenue des prix et des salaires en 2011, des finances publiques proches de l'équilibre en 2011, mais pour lesquelles il pense qu’une nouvelle détérioration sera inévitable, au point de ne plus respecter les critères de stabilité concernant le déficit budgétaire.

Exacerbation de la crise de la dette dans la zone euro

Le STATEC fait le constat d’une dégradation très nette du contexte économique européen depuis l'été qui est lié à la crise des dettes souveraines qui met en difficulté les créanciers, publics et privés, des pays touchés. Tous les pays de la zone euro risquent d’être touchés par la "contagion" et le STATEC note que ces pays "n'ont pas réussi pour le moment à formuler une réponse univoque et efficace sur les moyens à mettre en œuvre pour faire face à cette crise". Les plans d'austérité qui sont montés pour faire face à la contagion entraînent des politiques budgétaires qui veulent réduire l'endettement, ce qui a pour effet à court terme "une baisse de la demande qui pénalise l'activité économique". S'y ajoute "un choc de confiance négatif généralisé frappant à la fois les entreprises et les ménages".

La croissance luxembourgeoise en perte de vitesse

Le diagnostic du STATEC est laconique :

"Le PIB du Luxembourg a enregistré une progression modérée au cours du 1er semestre. De plus, l'évolution de la croissance au cours des années 2008 à 2010 a été révisée à la baisse, donnant l'image d'une crise plus grave qu'initialement escompté en 2008-2009. Si le 3ème trimestre 2011 est encore susceptible de voir le PIB progresser, à l'instar de ce qui s'est produit pour l'ensemble de la zone euro, il fait peu de doutes, au vu de la dégradation du climat conjoncturel depuis l'été, que l'évolution de l'activité sera très faible, peut-être même négative, sur la fin de 2011 et au début de 2012."

Toutes les branches de l'économie luxembourgeoise, sauf les services non financiers, "accusent une tendance au ralentissement depuis le début de l'année » « L'évolution la plus inquiétante", souligne le STATEC, "concerne le secteur financier, qui contribue négativement à la valeur ajoutée en volume pour le 5ème trimestre consécutif." Si le STATEC ne dispose pas encore de chiffres complets pour le 3e trimestre de 2011, les enquêtes de conjoncture "témoignent d'une très nette dégradation des perspectives des entreprises depuis le mois d'août, surtout dans les domaines du commerce de détail et des services non financiers, ainsi que du côté des consommateurs".

Dégradation des conditions du marché du travail

Pour le STATEC, le marché du travail s’aligne sur l’Europe et "est dans une phase de retournement". Au 2e trimestre 2011, le chômage a augmenté, et "le travail intérimaire, qui est parmi les indicateurs les plus avancés du marché du travail, est en train de ralentir depuis le 3e trimestre de 2010". Le chômage partiel s’est lui aussi remis à augmenter sur la fin de l’année. "Ainsi, le taux de chômage, qui s'inscrivait en baisse au 1er trimestre 2011, devrait continuer à augmenter sur les mois à venir et s'établir à 6 % en moyenne en 2011, soit au même niveau qu'en 2010." Le STATEC souligne aussi  que, "comme dans la plupart des pays européens, le taux d’activité des jeunes est en baisse au Grand-Duché de Luxembourg", un taux en baisse qui indique "probablement un phénomène de retrait du marché du travail". Bref, pour le STATEC, "le chômage au Luxembourg prend un caractère de plus en plus structurel".

Une progression toujours soutenue des prix et des salaires en 2011

Malgré ce climat morose, les prix à la consommation continuent d’augmenter et le taux d'inflation s'élève à 3,4 % en octobre 2011. Mais l’inflation va "ralentir progressivement" avec la disparition d'effets de base sur les prix de l'énergie et la baisse du prix des matières premières non-énergétiques. Le coût salarial moyen s’est de son côté  accéléré depuis 2010 "et se situe sur le 1er semestre 2011 (avec +2,6 % sur un an) légèrement en deçà de sa moyenne de long terme (+2,9 %)." Mais cela ne distingue pas le Luxembourg de pays voisins comme la France ou l'Allemagne.

Prévisions: de mal en pire?

Par rapport à la 2e note de conjoncture de 2011 et au prévisions d'avant l'été, "la croissance dans la zone euro, principale zone d'écoulement des exportations luxembourgeoises, devrait perdre environ 1,75 %, principalement en 2012". En 2012, l'économie européenne serait donc proche de la stagnation. Pour le STATEC, "la croissance devrait au Luxembourg continuer de ralentir pour s'établir en 2012 à quelque 1,5 %, après les maigres 2 % escomptés pour 2011".  L'emploi devrait décélérer, passant de 3 % de nouveaux emplois créés en 2011 à environ 1,5 % en 2012, avec un impact correspondant sur le chômage qui "devrait désormais s'établir à près de 6,5 % en moyenne annuelle sur 2012."

Si une indexation des salaires est appliquée en mars 2012 le baril de pétrole est vendu  à quelque 110 USD en 2012 à un taux de change de 1.37 USD pour un euro, "l'inflation devrait ralentir assez substantiellement" et tendre vers un taux annuel (IPCN) de 2,3 % en 2012 contre 3,4 % en 2011.

Les finances publiques proches de l'équilibre en 2011 mais une nouvelle détérioration est inévitable

Si "les finances publiques semblent proches de l'équilibre – avec une prévision à -0.6 % en 2011", le STATEC pense qu’elles "devraient s'en éloigner à nouveau en 2012", car sur base des chiffres désaisonnalisés, les recettes de l’Etat des derniers mois sont proches de la stagnation. "Suite au ralentissement économique qui s'annonce bien plus prononcé que prévu en septembre", dit la note de conjoncture, "le déficit du secteur public devrait approcher les -1,5 %". Le STATEC pense que "les hypothèses sur lesquelles sont basées à leur tour les prévisions de croissance de la Commission (…) sont extrêmement fragiles et peut-être déjà contredites en partie par l'évolution économique ayant suivi leur établissement", comme  par exemple la hausse des "taux sur les obligations publiques d'Etats épargnés jusqu'ici par la frénésie spéculative", dont la France et la Belgique, ou l’Italie, sur laquelle le Luxembourg est plus exposé.

Le STATEC a élaboré un scénario alternatif, basé sur la matérialisation des risques négatifs mis en avant par la Commission européenne. Dans ce cas, "la variation du PIB en volume du Luxembourg serait négative en 2012, de l'ordre de -2 %, soit une situation d'ensemble moins grave qu'en 2009 (-5,3 %) mais avec 3 points de % de croissance de moins que dans le scénario central", qui prévoit 1,5 % de croissance. Dans ce cas, le chômage dépasserait (légèrement) les 7 %, au lieu de se situer autour de 6,5 %, l’inflation serait en baisse et les finances publiques ne respecteraient plus les normes européennes avec un déficit de -3,2 % en 2013-2014.