A l’issue du sommet informel du Conseil informel du 30 janvier 2012, les réactions et commentaires n’ont pas manqué.
Si beaucoup ont, à l’image de Mario Draghi, président de la BCE, salué un pacte budgétaire qui est "un premier pas vers une union budgétaire" et qui "renforcera sans aucun doute la confiance dans la zone euro", ainsi que l’entrée en vigueur de l’ESM en juillet, de nombreuses voix se sont montrées plus critiques pour ce qui est du volet "croissance et emploi" de ce sommet. Pourtant, comme l’a rappelé Jean-Claude Juncker sur les ondes de la radio allemande DLF au lendemain du sommet, c’est surtout ce sujet qui a occupé les chefs d’État et de gouvernement pendant leurs longues discussions.
"Enfin, un sommet où il est question de croissance et d'emploi. Mais c'est trop peu et trop tard", a déploré Cecilia Malmström, la commissaire chargée des Affaires intérieures, sur son compte twitter.
Pour la Confédération européenne des syndicats (CES), le Conseil européen a "raté le train de la croissance durable et de l’emploi". Ce sommet qui "avait été présenté comme devant être celui de la croissance et de l’emploi", "n’a pas été à la hauteur des espérances", déplorent les syndicats qui évoque "une déclaration fade et peu convaincante" sur le sujet : "aucun engagement, rien que des mots creux", accusent-ils, reprochant aux responsables politiques de "nous entraîner dans une voie sans issue".
Pour la secrétaire générale de la CES, Bernadette Ségol, le traité "rassurera sans doute les amis politiques de la Chancelière Merkel mais pas les millions de chômeurs et de travailleurs pauvres et précaires d’Europe qui attendent un soutien ferme des institutions de l’UE". Elle appelle de ses vœux "un contrat social pour donner un nouvel élan à l’Union européenne et restaurer la confiance de ses travailleurs et de ses citoyens".
Au Luxembourg, le journaliste Guy Kemp a commenté lui aussi le sommet dans ce sens. "Un nouveau traité mais pas encore de croissance", titre-t-il ainsi un billet paru dans le Tageblatt daté du 1er février 2012. La question se pose encore selon lui de savoir si ce nouveau traité est vraiment d’utilité dans la mesure où il n’apporte pas grand-chose de vraiment nouveau. Car les bons chiffres qui satisferont les marchés, le renforcement de la discipline budgétaire ne suffira pas forcément à les obtenir, constate le journaliste qui souligne qu’il faut pour cela de la croissance, et que cette dernière ne va pas surgir comme par magie en un temps record. Guy Kemp imagine donc que les attentes seront donc grandes lors des prochains sommets. "Car après s’être occupés jusqu’ici de la partie défensive de la crise, il est temps que les 27 passent à l’offensive", conclut le journaliste.
Pour les écologistes luxembourgeois, qui ont réagi par voie de communiqué au lendemain du sommet informel, le pacte budgétaire sur lequel les chefs d’État et de gouvernement se sont entendus ne sert à rien et est même contreproductif : selon eux il risque en effet de renforcer la crise économique et financière. Ils conditionnent donc leur soutien à la loi qui va en introduire les règles dans le droit national à l’introduction dans ce texte d’engagements en matière de réglementation financière et d’investissements pour l’avenir.
"La règle budgétaire ne suffira pas à apporter de la croissance durable dans l’UE" et risque même de pousser les États en difficulté à aller dans le mur à force d’austérité, juge ainsi François Bausch, le chef de file de déi gréng à la Chambre. Il juge inacceptable le fait qu’il n’y a eu ni décision concrète sur une taxe sur les transactions financières, ni proposition en vue d’un paquet concret d’investissements.
"Le pacte budgétaire est borgne", juge pour sa part Claude Turmes qui estime lui aussi qu’épargner ne nous sortira pas de la crise. "Le fonds de croissance annoncé à grands cris par l’Allemagne et la France est resté sur la touche", déplore l’eurodéputé qui regrette aussi que le rôle que la BEI pourrait jouer pour faire face à la crise n’ait pas été renforcé. Le sommet "en est resté à des figures de rhétoriques non-contraignantes", se désole le parlementaire, très déçu par le résultat du sommet.