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Economie, finances et monnaie - Emploi et politique sociale
Le groupe S&D compte envoyer sa propre "troïka" en Grèce, et l’eurodéputé luxembourgeois Robert Goebbels devrait être du voyage
14-02-2012


Le 14 février 2012, le groupe S&D annonçait à la presse qu’il allait envoyer en Grèce une troïka alternative constituée de trois eurodéputés socialistes, tous anciens ministres, parmi lesquels on comptera le Luxembourgeois Robert Goebbels. Le Bulgare Ivailo Kalfin et la Portugaise Elisa Ferreira se joindront à lui. C’est le leader du groupe, Hannes Swoboda, qui, commentant les dernières nouvelles venues de Grèce et saluant le vote du programme d’ajustement par le parlement grec, a expliqué que les socialistes et démocrates ne sont "toujours pas d'accord avec les mesures proposées".

"Au lieu de ne présenter que de drastiques mesures d'austérité à la population, nous devons œuvrer à des solutions alternatives basées sur la croissance et l'emploi pour sortir de la crise", expliquait Hannes Swoboda pour expliquer la volonté de son groupe de "travailler avec les experts et le peuple grecs" en envoyant sur place sa propre troïka "avec de véritables alternatives pour la population".

Le journaliste Guy Kemp, qui était à Strasbourg pour couvrir la plénière, rapporte ainsi dans un article paru dans le Tageblatt daté du 15 février l’indignation exprimée par l’eurodéputé luxembourgeois Robert Goebbels face à des exigences de la part de la troïka qu’il qualifie de "clair chantage".

Robert Goebbels, qui se demande à qui va servir la réduction de 22 % du salaire minimum grec, qui va tomber à 586 euros, se montre très critique. "En quoi une réduction des salaires des femmes de ménages et des vendeuses – car ce sont elles qui vont être touchées – va-t-elle favoriser les exportations grecques?", se demande ainsi l’eurodéputé.

Les conditions imposées par la troïka relèvent selon Robert Goebbels "de la pratique typiquement idéologique qui appartient aux instruments du FMI". L’eurodéputé luxembourgeois se demande qui a donné mandat pour exiger de telles conditions : est-ce la Commission européenne, l’Eurogroupe ou Herman Van Rompuy ? Pour Robert Goebbels, il est temps que les représentants de la troïka viennent devant le Parlement européen pour s’expliquer, un sujet qui a d’ailleurs déjà été discuté en conférence des présidents d’après lui.

Au Parlement européen, la grogne se fait sentir dans d’autres groupes politiques. Guy Kemp rapporte ainsi que Joseph Daul, chef de file des conservateurs, a lui-même consenti qu’il n’est plus possible de réduire encore les salaires. Du côté des libéraux, Guy Verhofstadt estime que les vrais problèmes que sont un système politique basé sur le clientélisme, la corruption et la fermeture de certains métiers, ne sont pas pris à bras le corps. Pour l’écologiste Daniel Cohn-Bendit, on exige des choses qui ne sont pas faisables, ce qui pousse les Grecs à faire de l’Europe la responsable de leur misère.

Le président du Parlement européen s’est par ailleurs vu adresser un courrier de la part du président de la confédération syndicale grecque GSEE, Yannis Panagopoulos. Il a notamment interpellé Martin Schulz pour réclamer "une action contre des mesures qui ne respectent pas les principes fondamentaux garantis par les Traités et la Charte des droits fondamentaux".

Yannis Panagopoulos a rencontré la secrétaire générale de la Confédération européenne des syndicats (CES), Bernadette Ségol, pour l’informer de ses démarches. La secrétaire générale a promis une solidarité sans équivoque de la CES à l’égard de la GSEE dans toutes ses actions de défense des droits et des revenus des travailleurs contre les ravages auxquels sont soumises les familles grecques. Elle s’est également engagée, au nom de la CES, à soutenir l’initiative de la GSEE auprès du Parlement européen.