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Politique étrangère et de défense
Les ministres des Affaires étrangères se sont retrouvés à Copenhague pour une réunion informelle qui a permis de faire le point sur la politique étrangère de l’UE deux ans et demi après l’entrée en vigueur du traité de Lisbonne
10-03-2012


Les ministres des Affaires étrangères de l’UE se sont retrouvés à Copenhague les 9 et 10 mars 2012 à l’occasion d’une réunion informelle "Gymnich".

L’occasion de faire notamment le point sur le service européen d’action extérieure (SEAE) et le bilan à mi-mandat de la Haute-représentante Catherine Ashton. Cette dernière avait reçu la veille du ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, une lettre appelant à "mettre en œuvre les principes d'action sur lesquels nous nous sommes mis d'accord mais que nous n'avons pas encore vraiment appliqués". "Une affirmation forte de l'Europe sur la scène mondiale exige d'accroître la cohérence et l'efficacité de l'action extérieure de l'UE", plaidait encore Alain Juppé, donnant ainsi le ton des discussions qui allaient suivre à Copenhague.

"Nous devons travailler ensemble plus efficacement. Nous formons une équipe", a déclaré Catherine Ashton qui a rappelé en être seulement "à la moitié" de son mandat. "Mme Ashton fait de son mieux mais elle est dépendante" des 27 capitales européennes, a expliqué le chef de la diplomatie finlandaise Erkki Tuomioja. Les Etats "se servent de l'UE quand cela les arrange, sinon ils préfèrent des approches nationales de la diplomatie", a-t-il ajouté, se faisant l'écho de la frustration de beaucoup de "petits" pays qui espéraient davantage d'une diplomatie européenne renforcée.

Les travaux ont porté sur la politique étrangère européenne dans le contexte de la crise économique actuelle. Face aux contraintes budgétaires dans le contexte de la crise de la dette souveraine au sein de l’Union, les ministres ont eu des échanges de vues sur les moyens et façons d’améliorer le développement et l’expression de la politique étrangère commune de l’UE suite à la diminution des ressources à disposition de l’UE et des Etats membres.

"Nous perdons en importance, qui écoute encore l’UE?", a déploré à ce sujet le ministre finlandais qui évoque une situation dans laquelle l’engagement des Etats membres de l’UE pour la coopération est réduit comme jamais.Jean Asselborn entouré de ses homologues lors de la réunion informelle des ministres des Affaires étrangères de l'UE qui s'est tenue à Copenhague les 9 et 10 mars 2012

Pour autant, aux yeux de Jean Asselborn, qui représentait le Luxembourg, Catherine Ashton n’y est pour rien, et nombre d’autres ministres sont allés dans le même sens. Le chef de la diplomatie luxembourgeoise s’est dit par ailleurs "convaincu" qu’il reste de la marge pour "nous améliorer" pour ce qui est du fonctionnement du Service européen d’action extérieure. Son homologue suédois, Carl Bildt, a souligné que le SEAE est encore "un bébé en pleine croissance". Jean Asselborn explique les difficultés rencontrées par le fait qu’après l’entrée en vigueur du traité de Lisbonne, "nous nous sommes égarés", ainsi que le rapporte la Stuttgarter Zeitung dans son édition datée du 12 mars 2012.

Dans le cadre des discussions sur l’efficacité de l’action internationale de l’Union européenne et ses priorités de politique extérieure, les ministres ont abordé la stratégie européenne de sécurité, adoptée par le Conseil européen les 12 et 13 décembre 2003 à Bruxelles. Par ailleurs, les ministres ont fait le point sur la politique européenne de voisinage, notamment dans le contexte des bouleversements qui ont lieu au cours de l’année 2011 dans son voisinage sud. A ce sujet, les discussions ont porté sur l'élaboration d'un soutien adéquat aux différents processus de démocratisation qui ont lieu dans le voisinage européen.

Un représentant spécial pour les droits de l’Homme

Les ministres se sont également entretenus sur les droits de l'homme et les libertés fondamentales. Suite à la communication conjointe sur la politique des droits de l'homme du mois de décembre 2011, la discussion s’est concentrée sur la meilleure façon de réaliser des progrès réels dans ce domaine. Le respect des droits de l'homme et des libertés fondamentales doit rester une valeur-clé dans le développement des relations entre l’UE et ses voisins et au-delà, ont souligné les ministres. La proposition danoise visant à la désignation d'un représentant spécial pour les droits de l'Homme a recueilli un large consensus, ainsi qu’en rend compte le site Internet de la présidence.

Enfin, les ministres se sont penchés sur la liberté de religion ou de conviction et ont examiné comment consolider les activités actuelles de l’UE dans ce domaine crucial et comment accroître l’efficacité et la visibilité.

En ce qui concerne l’actualité politique internationale, les ministres ont fait le point sur les récents développements en Syrie, suite à la visite de la secrétaire générale adjointe des Nations unies pour les Affaires humanitaires et coordinatrice des secours d’urgence, Valery Amos, en Syrie et dans le contexte de la rencontre de l’Emissaire conjoint des Nations unies et de la Ligue arabe, Kofi Annan, avec le Président Assad à Damas. Les ministres se sont notamment entretenus sur un renforcement des sanctions à l’encontre du régime syrien. La Süddeutsche Zeitung rapporte dans son édition du 12 mars 2012 les propos de Jean Asselborn qui a expliqué qu’après un embargo sur le pétrole, il est question d’une interdiction d’importer du phosphate syrien. Pour Jean Asselborn, la crise syrienne ne saurait en aucun cas être résolue par une intervention militaire qui ne ferait qu’aggraver la situation selon lui. Il convient donc plutôt de renforcer les sanctions, et de veiller à ce que la solidarité soit maintenue au sein de la Ligue arabe.

Il a aussi été question des négociations avec l’Iran sur la question de son programme nucléaire, des discussions que va conduire Catherine Ashton. Jean Asselborn a plaidé pour une poursuite des négociations qui sont à ces yeux "la dernière chance". "Même si nous n’avançons pas sur le contenu, il faut les poursuivre", a-t-il déclaré au Spiegel, expliquant que "si elles échouent, une attaque militaire israélienne est presque sûre", ce qu’il faut "empêcher à tout prix" selon lui.