L’inquiétude au sujet des liaisons ferroviaires entre Bruxelles, Luxembourg, Strasbourg, mais aussi Bâle, n’est pas seulement une affaire des Verts. Dans un communiqué diffusé le 27 mars 2012, le député européen Georges Bach (PPE), ancien leader du syndicat chrétien des travailleurs du transport SYPROLUX, évoque une réunion organisée par la Chambre de Commerce suisse pour la Belgique et le Luxembourg, qui s’inquiète elle aussi des derniers développements concernant les liaisons ferroviaires entre Bruxelles, Luxembourg et la Suisse. Son objectif : discuter avec les différents acteurs de la situation actuelle et des perspectives de développement pour cette ligne de chemin de fer.
Lors cette conférence, Georges Bach a confirmé que depuis quelques années, il y a eu une série de suppressions de connexions, comme la suppression du train de nuit en 2004 ou la suppression du "Jean Monnet" en 2010, un train rapide reliant Bruxelles et Strasbourg, et une dégradation du service qui a rendu cette liaison de moins en moins attractive pour les clients.
Georges Bach a "l´impression que chaque acteur national ou même régional regarde uniquement ses propres intérêt". La ligne ferroviaire en question a pour lui une "valeur ajoutée internationale", dans la mesure où elle relie les trois capitales européennes et établit "un lien stratégique important avec la Suisse". Or, elle semble ne plus intéresser les compagnies ferroviaires. "Dans nos débats au Parlement européen, on parle souvent d´un espace ferroviaire européen unique", se fâche Georges Bach, pour qui la réalité est tout à fait autre : "la libéralisation des chemins de fer a conduit à une fragmentation des entreprises ferroviaires et a mis la pression sur les coûts d´exploitation". Conséquence : l’offre est réduite au strict minimum.
Georges Bach dit comprendre les arguments de la SNCB et de la SNCF qui disent qu’il n’y a plus assez de clients sur cette liaison. "Si une offre accessible et intéressante existait, les clients ne manqueraient pas", pense-t-il, donnant pour exemple la liaison de TGV Luxembourg-Paris, "où, après des doutes initiaux sur la rentabilité, le ferroviaire représente aujourd´hui une concurrence sérieuse pour l´aviation". Il admet toutefois que "la part actuelle du rail dans les transports entre la Suisse, la Belgique et le Luxembourg avoisine seulement les 4 %."
Dans son communiqué, Georges Bach constate que les orateurs de cette conférence sont tombés d’accord pour dire que "l´offre actuelle ne correspond plus aux attentes des clients". L’eurodéputé a donc fait des propositions : "Je pense qu´une première mesure concrète serait de réunir tous les acteurs intéressés à cette liaison dans une sorte de "groupement européen d´intérêt économique" (GEIE), à l´image de ce qui a été réalisé dans le domaine du fret, où le corridor 2 (Anvers-Lux.-Bâle-Italie) est exploité grâce à un effort commun. Chaque acteur poursuit certes des intérêts économiques particuliers, mais ceci ne devrait pas les empêcher à collaborer à un projet commun.
Georges Bach termine par un appel : "Si le Grand-Duché ne veut pas être mis à l´écart, le Luxembourg doit absolument bouger sur cette question!" Il rappelle qu’à Strasbourg, on réfléchit déjà à l’idée de faire circuler un TGV de manière régulière entre Strasbourg-Paris-Bruxelles, ce qui court-circuiterait la liaison via Luxembourg. Une telle évolution serait pour lui d’autant plus inacceptable que le Luxembourg veut miser sur son "statut de plaque tournante internationale".