Lors d’une conférence de presse de l’eurodéputé Claude Turmes et de la députée Josée Lorsché, le 13 février 2012, les Verts ont fait le point et fait sept propositions.
D’abord les constats. La ligne est cruciale pour assurer le lien entre les trois capitales européennes, Bruxelles, Luxembourg et Strasbourg. Elle est essentielle pour les personnes qui circulent entre ces trois capitales pour des raisons professionnelles, pour les étudiants entre Luxembourg et Bruxelles, pour les dizaines de milliers de frontaliers.
Or, plutôt que d’être améliorée, cette ligne stratégique n’a pas évolué du point de vue des temps de transport, de sorte qu’elle ne peut plus être concurrentielle vis-à-vis de la route. La situation se détériore, constate Claude Turmes, lui-même un utilisateur professionnel qui a de plus en plus de mal à planifier son travail à cause de l’imprévisibilité des liaisons.
S’y ajoute que les trains sont souvent bondés, qu’il est souvent impossible de trouver une place assise dans les wagons aux heures de pointe, et que, comme la SNCB ne dispose pas d’un nombre suffisant de locomotives conformes aux normes de sécurité luxembourgeoises, les voyageurs sont souvent forcés de changer de train en gare d'Arlon.
Les Verts pensent également que les systèmes de tarification ne tiennent pas compte des flux réels de voyageurs, car il n'existe pas d'abonnement pour les voyageurs qui circulent régulièrement entre les deux pôles économiques et institutionnels que sont Luxembourg et Bruxelles.
Un autre aspect délaissé par les gouvernements belge et luxembourgeois est, selon eux, le projet EuroCapRail, cette ligne à grande vitesse supposée relier les trois "capitales" de l’UE, Bruxelles, Luxembourg et Strasbourg, en 3h00 au lieu de 4h33 actuellement. L’aménagement du tracé avait été inscrit dans la liste des grands réseaux transeuropéens prioritaires, RTE-T, en 2004, mais a été revu à la baisse par la suite pour des raisons budgétaires, de sorte qu’EuroCapRail s’est enlisé.
Pour faire avancer la modernisation de la ligne Bruxelles-Luxembourg, les Verts demandent que le financement européen du projet EuroCapRail soit assuré, que la partie luxembourgeoise du projet "EuroCapRail" soit réalisée dans les meilleurs délais, que les compagnies de chemin de fer fassent une analyse détaillée des retards, améliorent la politique de l’information des voyageurs et garantissent des services de transport de substitution en cas de retard, que le confort à bord des trains soit amélioré (GSM, Internet, journaux, boissons), que la ligne Luxembourg-Bruxelles soit promue et traitée comme un axe prioritaire pour les relations commerciales et institutionnelles, que l’on mise sur le potentiel de la ligne dans le domaine du tourisme durable et que le public en apprenne plus sur l’état d’avancement du projet "Pendolino".
Le cofinancement du projet européen "EuroCapRail" par la Commission européenne – dont le budget s'élève à environ 600 millions d’euros sur la partie belge et environ 400 millions d’euros sur la partie luxembourgeoise – est remis en question, constatent les Verts.
Le rapport d’évaluation à mi-parcours d’octobre 2010 des projets prioritaires du réseau transeuropéen de transport (2007-2013) de la Commission européenne pointe du doigt la ligne Bruxelles-Luxembourg-Strasbourg, concernant les retards considérables pris dans la mise en œuvre de la modernisation des infrastructures, mais aussi les dépassements importants des budgets prévisionnels.
Pour les Verts, il est clair à ce stade que la nouvelle échéance qui a été donnée par la Commission, 2015, ne pourra pas être respectée ; ni du côté belge, ni du côté luxembourgeois. Les responsables tablent sur une fin des travaux (initialement prévue fin 2013) à l'horizon 2016-2018. Or, si les chantiers sur la ligne entre Bruxelles et Luxembourg ne sont pas terminés en 2015, la Commission européenne menace de bloquer son cofinancement.
Suite aux retards, la Commission européenne avait déjà réduit sa part de cofinancement destinée à la Belgique (la section de 226 kilomètres entre Bruxelles et Luxembourg) de 30,2 à 21,3 millions d’euros et au Luxembourg (la section entre Kleinbettingen et Luxembourg-Ville) de 27 à 3,5 millions d’euros (c.à.d. une diminution de 23,5 millions d’euros). Face aux nouveaux retards, il y a un risque réel que tout le cofinancement européen disparaisse. Ceci reviendrait à une perte totale de 60 millions d’euros - face à une augmentation des coûts globaux du projet. Il y a donc pour les Verts une grande urgence à sécuriser le financement. Pour Claude Turmes, il existe un risque réel de perte de crédibilité du Luxembourg, et pas seulement face à la Commission, mais aussi face à la Banque européenne d’investissement, très engagée sur les projets liés aux grands réseaux transeuropéens.
Ils demandent à ce que le gouvernement luxembourgeois élabore à court terme, avec les autorités belges, une stratégie de financement et un calendrier des travaux qu’ils devront présenter à la Commission européenne et au Parlement européen. De leur côté, les Verts du Parlement européen vont s'engager pour garder cette ligne ferroviaire parmi les corridors européens prioritaires en vue de garantir un cofinancement européen.
Le Verts plaident donc pour une élaboration rapide des projets de lois nécessaires pour la modernisation du tronçon luxembourgeois d’EuroCapRail. Le gouvernement doit assurer le budget pour financer les trois phases du projet et le public doit être informé en continue sur l’avancement des travaux. Il faut aussi garantir que les travaux importants de la dernière phase (prévus sur 8-10 ans entre 2015-et 2025 avec un blocage partiel d'une voie) n'engendrent pas de désagréments majeurs pour garantir une ponctualité optimale.
Pour les Verts, la qualité de l'offre sur la ligne Bruxelles-Luxembourg ne répond plus aux critères établis par le règlement européen de 2007 sur les droits et obligations des voyageurs ferroviaires, comme l'obligation de garantir des conditions de transport optimales, ou celle d’informer, en cas de retard, un voyageur de manière rapide et précise sur l'origine des retards, les heures de départ et d'arrivée prévus, ainsi qu’à des informations sur les indemnisations et de mettre à leur disposition des services de transports de substitution.
Pour les Verts, les institutions européennes, les administrations et les pôles économiques et financiers à Bruxelles et Luxembourg doivent être au centre d'une stratégie de marketing et de communication offensive de la part de la SNCB et des CFL. Les CFL devraient s’inspirer des partenariats conclus entre la Ville de Luxembourg et les institutions européennes au Luxembourg, au niveau de la mobilité, et élaborer un accord de coopération avec les institutions européennes et les banques. Un abonnement spécial, cofinancé par les institutions, et compétitif face au coût du transport automobile devrait être introduit dans ce cadre (pour le moment il existe un billet spécial pour le personnel du Parlement européen A/R Brux-Lux en première classe pour un montant de 63 euros). De manière générale, le Parlement européen devrait montrer l'exemple en privilégiant le train pour les parcours de ses employé(e)s entre le Luxembourg et Bruxelles.