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Economie, finances et monnaie
Le STATEC livre les premiers chiffres de la balance courante pour l’année 2011, les inscrivant dans le contexte de la surveillance des déséquilibres macroéconomiques initiée dans l’UE
18-04-2012


Dans une nouvelle édition de "Regards" publiée en avril 2012, le STATEC analyse les premiers chiffres de la balance courante pour l’année 2011.Regards sur la balance des paiements courants de l'année 2011, une publication du STATEC d'avril 2012

Il en ressort notamment que le solde courant demeure stable à un niveau élevé de plus de 3 milliards d’euros, et que les services financiers progressent malgré les tensions boursières liées à la crise de la dette en Europe.

Les indicateurs liés à la balance des paiements scrutés par la Commission européenne dans le cadre de la surveillance des déséquilibres macroéconomiques

La publication de ces chiffres fait cas du rapport sur la prévention et la correction des déséquilibres macroéconomiques publié le 14 février dernier par la Commission européenne. Ce tableau de bord, constitué de dix indicateurs destinés à faciliter la détection précoce de déséquilibres extérieurs et intérieurs, se base en effet pour partie sur des transactions qui sont reprises dans la balance des paiements.

C’est le cas de la balance des opérations courantes, dont la moyenne sur trois ans doit se situer au-dessus de 4 % du PIB et en deçà de 6 %.Or, en raison de l’excédent structurel de sa balance courante, lui-même imputable aux exportations de services en général et de services financiers en particulier, le Luxembourg affiche une valeur de 6,4 % qui dépasse légèrement le seuil indicatif. Toutefois, comme l’indiquait elle-même la Commission, les excédents commerciaux sont "liés à la forte spécialisation du pays dans les services financiers", ce qui fait que cette situation n’est "pas liée à une faiblesse de la demande intérieure, mais à la concentration des activités économiques".

Autre élément pris en considération par la Commission, l’évolution des parts de marché à l’exportation, le seuil d’alerte étant fixé à une baisse de 6 % sur cinq ans. Dans son tableau de bord, la Commission note pour le Luxembourg une hausse de la part des exportations de 3,2 %, qui est bien au-dessus des normes retenues. "Le Luxembourg gagne actuellement des parts de marché à l’exportation dans les services, ce qui n’est cependant pas vrai pour les biens", commentent les statisticiens du STATEC. Ils relèvent par ailleurs que "l’interprétation de cet indicateur exige une certaine précaution notamment dans le sens où il mesure l’évolution en % d’un ratio (exportations de biens et services du Luxembourg rapportées aux exportations mondiales) qui retourne une valeur comprise entre 4 et 5 millièmes".

Un autre indicateur complémentaire est mis en avant par le STATEC, ce sont les entrées d’investissements directs étrangers (IDE) en % du PIB, qui s’élevaient en 2010 à  386 % pour le Luxembourg. Le Grand-Duché devance ainsi, et de loin, Malte (12,8 %) et l’Irlande (12,7 %). Mais les statisticiens expliquent cette valeur particulièrement élevée par le fait que la balance des paiements reprend les transactions financières des SPE ("Special Purpose Entities"). Les SPE sont des entités financières spécialisées regroupant diverses catégories de sociétés financières non bancaires, comme les sociétés holding et les sociétés de participations financières. Un nombre important de transactions passant par ces sociétés représentent des "capitaux en transit" qui dès leur réception sont redirigés vers l’étranger. Pour 2010, les transactions des SPE dans les entrées d’IDE s’élèvent à 148 milliards d’euros sur un total global de 155 milliards (96 %).

Si les auteurs de la note du STATEC, Laurent Bley et Chantal Haas, rappellent que la Commission a conclu que les déséquilibres macroéconomiques observés au Luxembourg ne justifient pas une analyse complémentaire, ils soulignent aussi que "ces indicateurs de la balance courante devront être suivis méticuleusement à l’avenir".

Le STATEC observe une relative stabilité du solde courant en 2011

D’après les premiers chiffres provisoires dont dispose le STATEC pour 2011, la balance des paiements courants dégage un excédent de 3,03 milliards d’euros, correspondant à 7 % du PIB, alors que la capacité de financement de l’économie dans son ensemble se chiffre à 2,9 milliards. Le Luxembourg reste donc un prêteur net à l’égard du reste du monde ; les exportations nettes de capitaux s’élèvent à 3 milliards, contre 2,7 milliards un an auparavant.

La relative stabilité du solde courant, qui reste en 2011 légèrement en-dessous de celui de l’année précédente (3,09 milliards), cache des évolutions divergentes des soldes partiels, précisent toutefois Laurent Bley et Chantal Haas.

L’augmentation plus rapide des importations de marchandises générales (14 % par rapport à 2010) que des exportations (10 %) se traduit par un creusement du déficit commercial d’environ 1,1 milliard d’euros, qui passe à 6,1 milliards en 2011. Le renchérissement des produits énergétiques, de même que des acquisitions d’aéronefs expliquent en grande partie cette évolution. Parmi les autres opérations sur marchandises, les transactions sur or non monétaire sont pratiquement en équilibre en 2011, comparé au surplus de 250 millions d’euros en 2010. Par contre, l’excédent structurel dégagé par l’avitaillement augmente d’environ 0,2 à 0,9 milliard d’euros sous l’effet d’une hausse en valeur et en volume des ventes de carburants à des camionneurs non résidents.

Au niveau de la balance des échanges internationaux de services, les services financiers jouent un rôle dominant, mais les activités de services autres que financiers dégagent également un surplus non négligeable sans cesse croissant, qui à lui seul fait plus qu’effacer le solde négatif des opérations sur biens. Ce sont tout particulièrement les exportations des services liées au commerce qui sont à la base de cette évolution favorable et qui ont connu une évolution dynamique au cours du dernier trimestre de 2011. Le solde de la rubrique des "voyages" progresse en raison de la hausse des acquisitions de produits d’accises par les non-résidents sur le territoire national. Par contre, sous l’effet d’un recul marqué des encaissements de primes de la branche vie durant les trois premiers trimestres de l’année 2011, les services d’assurance sont en baisse.

L’amélioration du solde du revenu des investissements est notamment due à la hausse de la marge sur intérêts du secteur bancaire. Par contre, le déficit dégagé par le revenu des investissements directs s’accentue pour se chiffrer à 13,1 milliards d’euros, contre 11,6 milliards en 2010.

Le creusement du déficit des transferts courants des autres secteurs, qui s’établit en 2011 à 1,5 milliard, est à mettre en relation avec une augmentation des versements nets de la BCL à la Banque centrale européenne dans le cadre de la mise en commun du revenu monétaire à l’intérieur de la zone euro.

Services financiers : les auteurs relèvent une croissance plus rapide des importations que des exportations

Entre 2010 et 2011, les échanges internationaux de services financiers ont progressé de plus de 3 % du côté des exportations et de près de 7 % du côté des importations, correspondant chaque fois à une hausse d’environ 1 milliard d’euros. Le solde positif que génèrent les services financiers en 2011 reste stable par rapport à 2010 et s’élève à 16,3 milliards d’euros.

La décomposition de l’excédent dégagé par les services financiers en 2011 révèle une hausse non seulement de l’activité bancaire, mais également de celle liée aux OPC (organismes de placement collectif) et FIS (fonds d’investissement spécialisés), et ce en dépit des tensions assez fortes sur les indices boursiers dues à la crise de la dette en Europe. L’effet négatif sur le solde des services financiers - occasionné par les filiales résidentes appartenant à de grandes sociétés internationales non financières - se creuse en 2011 pour s’établir à 0,9 milliard d’euros. Cependant, ces mêmes filiales génèrent en contrepartie d’importantes recettes au niveau d’autres rubriques de services.

Le rythme de croissance des échanges internationaux de services financiers dépend en grande partie de celui du patrimoine (c.-à-d. actifs nets) géré par les fonds d’investissement résidents.

Deux facteurs déterminent l’évolution des actifs nets : les émissions nettes (apports nouveaux en capitaux diminués des retraits) et les marchés financiers. Entre le 31 décembre 2010 et 2011, la fortune globale nette des OPC et FIS a baissé de 4,7 % (soit 103 milliards d’euros), en raison de l’évolution négative des marchés financiers, qui s’accentue au cours du troisième trimestre. Les émissions nettes n’ont qu’un impact positif très faible sur les encours nets en 2011 qui se chiffre à environ 5 milliards d’euros (contre près de 159 milliards en 2010).

Les deux statisticiens ont mené une analyse sur une base trimestrielle entre 2007 et début 2012 qui leur a permis de déceler deux phases de baisse des échanges internationaux de services financiers. La première est liée à la crise des prêts hypothécaires et s’étend sur six trimestres, alors que la deuxième – plus courte - s’explique par l’aggravation de la crise autour de la dette souveraine dans plusieurs économies européennes. Néanmoins, les échanges internationaux de services financiers se retrouvent moins fortement impactés en 2011 qu’en 2008, notamment en raison d’une reprise assez rapide des marchés boursiers, parvenant à se redresser dès la fin de l’année et continuant leur progression au premier trimestre 2012.

En termes d’évolution annuelle moyenne (calculée sur base de données mensuelles), les encours nets sous gestion se sont appréciés de plus de 110 milliards d’euros en 2011 (soit une hausse de 5,4 % par rapport à 2010) et battent un nouveau record avec 2 143 milliards d’euros (contre 2 033 milliards en 2010).

Au niveau européen, Laurent Bley et Chantal Haas notent une baisse des actifs nets de l’ordre de 2,8 % entre décembre 2010 et 2011, après une hausse de 15,4 % un an auparavant. Alors que les deux leaders - le Luxembourg et la France - ont été négativement impactés par la crise de la dette en 2011, d’autres pays concurrents ont affiché une performance positive. Ce constat vaut surtout pour l’Irlande, dont l’évolution très dynamique en fait un concurrent potentiel à moyen terme pour le Luxembourg.

 "Le Luxembourg est de plus en plus considéré comme un pôle de développement européen pour le commerce électronique"

Même si l’implantation des premières filiales des grandes multinationales des nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) au Luxembourg peut s’expliquer notamment par des avantages en termes de TVA, le Luxembourg est de plus en plus considéré comme un pôle de développement européen pour le commerce électronique, observent les statisticiens. D’autres atouts sont l’infrastructure d’accès à Internet haut débit, la compétence de la main-d’œuvre disponible, les structures financières, les chaînes d'approvisionnement et les centres logistiques, les institutions internationales ainsi que les banques.

Outre le développement récent au Luxembourg des activités de jeux par Internet, Laurent Bley et Chantal Haas notent que des sociétés actives dans des domaines proches de l’informatique (comme notamment les services audiovisuels) commencent à s’implanter également au Luxembourg afin de profiter aussi des synergies citées ci-dessus. Ce secteur a créé, depuis 2003, une plus-value appréciable pour l’économie luxembourgeoise. Les éléments-clés en sont la création à fin 2011 de presque 800 emplois, et une contribution au budget de l’Etat (par l’encaissement de la TVA) d’environ 400 millions d’euros.

Par rapport au total des exportations et importations de services autres que financiers, la part relative des filiales luxembourgeoises des grandes multinationales des NTIC ne cesse de croître entre 2010 et 2011. En 2011, ce phénomène s’explique essentiellement par le développement et la diversification des activités des sociétés établies dans le pays depuis au moins 5 ans.

De surcroît, ce secteur n’a été guère touché par la récession économique mondiale. En 2011, c’est sous l’impulsion des services non financiers que la balance du commerce international de services progresse, son solde augmentant de 0,3 milliard d’euros.

Un sujet d’importance dans l’actuel débat budgétaire lancé par le ministre des Finances au vu notamment de la fin annoncée pour 2015 du régime de TVA sur l’e-commerce qui dépend actuellement du lieu de vente et qui assure donc au Luxembourg d’importantes recettes.

Progression plus forte en 2011 qu’en 2010 du commerce électronique transfrontalier des ménages résidents

En 2011, le volume des transactions courantes découlant du commerce électronique transfrontalier des ménages s’élève à quelque 275 millions d’euros, en hausse de 38 % par rapport à 2010, consécutive à une progression de 33 % entre 2009 et 2010.

En 2011, les achats de services restent dominants (60 % de l’ensemble du commerce électronique), suivis des achats de biens (35 %). Alors que les services connaissent une forte progression (autour des 60 %), les achats de biens ainsi que les transferts courants importés par les ménages ont connu une progression moins accentuée (35 % respectivement 5 %). Ainsi l’importance relative de ces derniers ne cesse de diminuer. Cependant, les auteurs de cette note ne constatent dans ces rubriques aucune stagnation liée à un effet de crise.

Environ 78 % des enregistrements dans les services au départ des opérations de commerce électronique concernent le poste des "voyages" (contre 73 % en 2010). Les trois pays limitrophes sont les principaux partenaires quant aux achats de services. Ils sont cependant suivis de près par les autres pays membres de la zone euro. Ceci s’explique notamment par l’importance relative de l’Irlande dans les échanges de services, en raison de l’achat par les ménages résidents de titres de transport auprès d’une société irlandaise dont Laurent Bley et Chantal Haas ne citent pas le nom, mais qu’il est bien aisé de deviner.

En ce qui concerne les achats de biens par Internet en 2011, la catégorie la plus importante - avec une part relative de quelque 34 % - est celle relative aux acquisitions faites sur base d’un catalogue disponible sur Internet et offrant une large gamme de biens. Les achats de biens se font avant tout avec des fournisseurs établis dans l’un des trois pays limitrophes. Ainsi, les pays voisins du Grand-Duché se retrouvent parmi les 4 principaux pays partenaires, avec l’Allemagne en première position. La plupart des achats de biens en Allemagne se concentrent sur l’habillement suivi de la vente par catalogue (Quelle, Amazon, etc.) et les loisirs.

Sur ces trois rubriques, les achats pour les loisirs (billets de spectacle, etc.) connaissent la plus forte hausse, et ce en raison de l’extension marquée de l’offre dans ces domaines.

Les transferts ont lieu avant tout avec des pays de l’Union européenne non membres de la zone euro, la contrepartie principale étant le Royaume-Uni. Etant donné que la participation à des jeux de hasard et à des paris en ligne est essentiellement reprise au niveau des transferts courants, il n’est pas étonnant de voir apparaître des pays plus inhabituels parmi les principaux partenaires, notamment Gibraltar et Malte, pays qui sont considérés comme des plaques tournantes du marché des jeux en ligne, du fait que leur législation nationale présente certains avantages liés à cette activité.